Avant d’exporter une photo pour l’imprimer, il faut vérifier que ce qui sera imprimé sera fidèle, ou le plus fidèle possible à ce que l’on a sur l’écran.
Calibrer son écran
Il est indispensable quand on fait ce travail d’avoir un écran calibré. Si votre écran est trop lumineux par exemple, la photo imprimée sera plus sombre qu’elle ne devrait l’être (et que vous pensiez qu’elle serait). Même chose si les couleurs sur votre écran sont trop saturées ou trop chaudes. Les papiers n’étant pas capables d’imprimer du blanc pur, et n’étant eux même jamais parfaitement blancs, même les plus brillants, il est recommandé de travailler avec un écran dont on baisse la luminosité (on peut du reste créer un profil d’écran qu’on utilise uniquement au moment de préparer ses photos pour impression).
Pourquoi faut-il préparer sa photo avant de l’exporter pour impression ?
Pour mieux voir pourquoi il faut vérifier, et si nécessaire préparer, une photo avant de l’imprimer prenons un exemple certes un peu extrême mais assez parlant : un dégradé de bleu pur (0.0.255) vers le blanc.
Comme il faut bien exporter ce dégradé en jpeg et en sRVB (= sRGB !) pour l’insérer dans cette page web, on ne voit pas tout à fait la même chose qu’en prophoto sur un écran photo mais il est difficile de faire autrement ! Vous pouvez reproduire ce dégradé chez vous pour mieux voir le problème.
Si j’imprime ce dégradé sur mon imprimante personnelle ou si je l’envoie à un imprimeur, même top niveau, je serai à coup sur très déçue du résultat car AUCUNE encre, sur AUCUN papier ou autre support (dibond, alu, plexi…) ne peut rendre un bleu pur ni d’une façon générale les couleurs très saturées.
La première étape c’est de récupérer le profil ICC du couple imprimante/papier que l’on va utiliser et de l’installer sur son ordinateur. Cette étape est détaillée sur cette page.
Attention, les profils CMJN ne sont pas utilisables dans Lightroom, il faut forcément passer dans photoshop dans ce cas pour faire ce qui suit.
On va appliquer ce profil à une copie de notre photo pour voir quelles seront les couleurs non imprimables qu’il faudra corriger.

Faire une épreuve dans lightroom
Dans lightroom, en mode développement en bas de la fenêtre il y a une case à cocher « épreuvage d’écran ». Le terme est un peu trompeur : cela permet de créer une copie qui sert d’épreuve soit pour imprimer soit pour publier sur le web.

En cliquant sur le bouton « Créer une copie d’épreuve », LR crée une copie virtuelle de la photo. Cela ne duplique pas la photo elle même et ne prend donc quasiment aucune place sur le disque dur.
Dans le menu déroulant profil, il faut sélectionner le profil du couple imprimante/papier de destination (ou sRVB si c’est pour exporter pour le web). Cocher la case « simuler le papier et l’encre ».
Sur l’histogramme, en cliquant sur le bouton en haut à droite, toutes les couleurs non imprimables vont s’afficher en rouge.
Horreur sur notre dégradé, on voit que toutes les couleurs sont trop saturées ou presque !
On peut tester à ce stade si le fait de choisir « perception » ou « relatif ». La principale différence entre ces deux modes réside dans leur manière de traiter les couleurs hors gammut, c’est-à-dire les couleurs qui ne peuvent pas être reproduites par l’imprimante.
Le mode Perception priorise la conservation des relations chromatiques : Les couleurs hors gammut sont modifiées de manière à conserver au maximum les relations entre les différentes couleurs de l’image. Cela signifie que certaines couleurs peuvent être désaturées ou assombries pour s’intégrer au gamut de l’imprimante, tout en préservant l’harmonie globale des couleurs. Même les couleurs qui se trouvent dans le gamut de l’imprimante peuvent être légèrement modifiées. Ce mode est recommandé pour la plupart des cas, car il produit des résultats prévisibles et cohérents avec l’apparence de l’image sur l’écran.
Le mode relatif ne modifie QUE les couleurs hors gammut. Ce mode est utile quand on veut conserver l’aspect exact des couleurs de l’image, même si cela signifie que certaines couleurs ne seront pas imprimées correctement. Les résultats sont parfois inattendus…
En diminuant la saturation, globalement ici, on fait peu à peu disparaitre cette zone rouge jusqu’à obtenir ceci :

C’est certes moins saturé mais c’est ce qui est imprimable. Mieux vaut le savoir avant ! Hélas on n’y peut rien et si les écrans progressent, les encres et les papiers restent assez limités.
Ici la saturation a été corrigée globalement mais sur une photo, il est préférable de le faire localement pour ne pas toucher aux couleurs qui sont au départ parfaitement imprimables. Lightroom n’est pas (actuellement en tous cas en 2024) l’outil le plus adapté pour repérer les zones très saturées afin de créer un masque pour les régler spécifiquement. Photoshop est bien plus puissant pour cela.
Que ce passera-t-il si j’envoie le gradient initial à l’imprimeur sans correction ?
Si on ne le fait pas, l’imprimante ne laissera pas de « trous » à la place des couleurs non imprimables. En pratique, toutes les couleurs qui sont dans la zone rouge vont être remplacées par la couleur imprimable la plus proche de cette zone rouge (mode relatif), ce qui va créer des aplats de couleur uniforme, sans aucun détail, ou bien décaler les couleurs plus ou moins globalement pour que toutes rentrent dans le gammut de l’imprimante (mode perception). Si les couleurs non imprimables sont peu nombreuses, réparties dans la photo et surtout assez proche du gammut de l’imprimante (ce que l’on vérifie si en désaturant très légèrement le rouge disparait rapidement) il n’est pas forcément nécessaire de traiter l’image. Il ne faut pas chercher en général à ce qu’il ne reste plus le moindre point rouge dans la photo. Mais il n’y a pas de règle fixe pour décider quand il faut s’arrêter …
Une fois cette étape réalisée, on peut passer à l’exportation.
Faire une épreuve dans photoshop
Dans photoshop il est préférable de faire une copie de l’image originale avant de faire ce qui suit : le fichier qu’il faut garder, c’est la photo originale, pas celle que l’on aura éventuellement modifiée pour imprimer : une même photo peut être imprimée sur différents supports, qui chacun nécessiteront un traitement particulier, ou bien exportée pour être vue sur un écran.
Dans photoshop pour utiliser le profil imprimante/papier, il faut le sélectionner : menu affichage > format d’épreuve > personnalisé puis choisir le profil adhoc (qui doit avoir été installé auparavant). Dans le menu affichage, cocher « couleur d’épreuve » (ou ctrl Y)

Avec le menu affichage > couleurs non imprimables (ou maj ctrl Y), celles-ci apparaissent en gris (au lieu de rouge dans LR mais le principe est le même). Là encore, comme dans LR, la grande majorité du gradient n’est pas imprimable en l’état.
Pour corriger les zones non imprimables, on peut s’aider de masques de saturation pour les repérer et ne travailler que sur ces zones.
Comme avec lightroom, il n’est pas forcément nécessaire de faire disparaitre toutes les zones non imprimables. Si elles restent limitées, avec des couleurs proches de celles qui sont imprimables il est souvent préférable de les laisser plutôt que de trop désaturer l’ensemble.
Attention, il faut préparer la photo en utilisant le profil fourni par l’imprimeur mais il ne faut PAS incorporer le profil du couple imprimante/papier à la photo qu’on lui envoie ! Les (bons !) imprimeurs demandent dans la grande majorité des cas que les photos soient envoyées avec un profil intégré Adobe RVB98 et exportées en format tiff avec un seul calque.
On peut soit exporter directement depuis photoshop, soit enregistrer en tiff ou en psd la photo travaillée, sans nécessairement aplatir la photo avant, ce qui peut être pratique si on souhaite revenir ensuite sur le travail effectué, par exemple pour imprimer sur un autre support, et faire l’exportation depuis lightroom.