Les imprimantes ne peuvent imprimer les couleurs les plus lumineuses et saturées. Comment préparer au mieux un fichier pour impression ?
Le problème des couleurs non imprimables

Pour montrer une photo sur un écran ou sur une impression, nous faisons face à plusieurs difficultés :
– Aucun des équipements que nous utilisons pour prendre une photo, la regarder sur un écran ou l’imprimer n’est capable de reproduire l’étendue des couleurs (teinte saturation luminosité) que l’oeil peut voir et qui par définition est représenté par l’espace colorimétrique L*a*b. Cet espace ne représente lui même qu’une toute petite partie du spectre lumineux et chaque espèce animal a son propre espace colorimétrique pour sa vision.
– Aucun des équipements que nous utilisons dans la chaine de traitement de notre photo ne partage le même espace colorimétrique. Il y a certes des zones de recouvrement entre ces différents espaces mais également des différences significatives entre les gamuts d’un écran de qualité photo, d’un écran bureautique, d’une imprimante photo, d’ une imprimante bureautique, d’une imprimante professionnelle, d’un site web, d’un réseau social…
Pour des photos avec des couleurs peu saturées cela ne pose pas de problème majeur. Mais si notre photo comporte des tons qui diffèrent significativement entre les différents espaces colorimétriques, il faut gérer cela en amont, au risque d’être déçu.
Et si le gamut de l’imprimante diffère de celui d’un site web (généralement sRVB), alors il faut envisager de préparer différentes versions de la même photo.
Identifier et corriger les couleurs non imprimables
La première étape avant d’imprimer ou d’exporter pour le web, c’est de déterminer si il y a ou non des couleurs « non imprimables » et si c’est le cas de choisir de les corriger (ou pas). Corriger cela signifie qu’on va faire en sorte de ramener les couleurs hors du gamut de l’imprimante à l’intérieur de cet espace. Il n’y a en effet en réalité aucune couleur qui ne soit pas imprimable : l’imprimante (ou l’écran) ne laisse pas un « trou » mais remplace la couleur problématique par la plus proche qui soit dans son gamut.
Avec lightroom
Dans le module développement de lightroom, on peut visualiser une « épreuve d’écran » en cochant la case sous la photo. Dans le panneau de droite, on peut alors créer une copie d’épreuve. C’est une copie virtuelle. Le fichier lui même n’est pas dupliqué et dans l’explorateur, à ce stade on ne voit qu’une seule photo. Ce qui est copié ce sont les informations de développement. Sur cette copie d’épreuve, on visualise les couleurs non imprimables en cochant dans l’histogramme les deux petits boutons en haut à droite et à gauche.
Mais il faut pour cela avoir sélectionné ce que l’on veut faire de cette photo.
– Si c’est pour publier la photo sur le web, on choisit comme profil sRVB.
– Si c’est pour imprimer, on choisit le profil ICC du couple imprimante-papier fourni par l’imprimeur (ici Saal digital) ou celui qu’on a établi ou fait établir pour son imprimante personnelle. L’excellent site d’Arnaud Frich https://www.guide-gestion-des-couleurs.com/ fournit de nombreuses explications à ce sujet.

Les couleurs non imprimables apparaissent surlignées en rouge et bleu, avec un très gros défaut : on ne sait pas si la couleur est très éloignée de l’espace colorimétrique de destination, ou si elle est juste « bord cadre ». Dans ce dernier cas, il ne sert à rien de s’acharner à corriger la couleur, on ne verra en réalité pas la différence après impression. Le mode de visualisation de lightroom n’est donc pas très informatif malheureusement.
On peut utiliser deux modes de « conversion » des couleurs : perceptif ou relatif. Il y a de subtiles explications pour expliquer la différence mais en pratique, il faut tester les deux modes et choisir au cas par cas celui qui donne le meilleur résultat.
Pour corriger les couleurs non imprimables, on peut créer un masque en choisissant l’option plage de couleur, puis (en décochant l’affichage de l’incrustation), utiliser l’outil de couleur du point pour désaturer localement.


On peut également tester de faire cette correction directement avec l’outil de couleur du point, en sélectionnant les différentes couleurs saturées. En faisant la correction avec les outils de visualisation affichés dans l’histogramme on peut ainsi suivre la correction. Il n’est en général pas nécessaire de supprimer complètement les alertes de couleurs non imprimables pour obtenir un résultat satisfaisant. Une fois ce travail terminé on peut exporter la photo pour l’envoyer à l’imprimeur. Attention, il faut généralement l’exporter en RVB et pas en sRVB ! le sRVB est un espace qui est plus petit que celui de beaucoup d’imprimantes professionnelles.
La comparaison entre la photo de départ, développée dans un espace prophoto, et sa copie d’épreuve montre que celle-ci est hélas moins flatteuse. Mais la photo imprimée sera plus proche de celle-ci que de l’originale et il vaut mieux le savoir à l’avance !
Que se passe-t-il si on envoie directement la photo de droite à l’imprimeur, sans l’avoir optimisée ?
tous les tons « non imprimables » seront imprimés avec des tons très proches les uns des autres, créant des aplats de couleur sans détail et le résultat fera très « plastique ». Il est préférable de garder des nuances, des détails dans les tons saturés, même si leur saturation est inférieure à celle qu’on souhaiterait.
Avec photoshop
Pour visualiser les couleurs non imprimables dans photoshop, ouvrir la liste déroulante “Périphérique de simulation” Par le menu Menu Affichage / Format d’épreuve /Personnalisé… (Ctrl Y), et sélectionner le profil colorimétrique du couple imprimante/papier, ou sRVB si c’est pour visualisation sur le web.
Attention, contrairement à ce qui se passe dans lightroom, ici photoshop ne crée pas une copie de l’image, il modifie directement l’image. Pensez à créer auparavant une copie et à travailler sur celle-ci si vous souhaitez garder l’original. C’est recommandé on ne sait pas aujourd’hui quelles seront les recommandations pour publier sur le web demain par exemple.
Le profil choisi s’ajoute à côté du nom du fichier dans l’onglet de la photo.
On peut afficher les couleurs non imprimables (ou reproductibles) en allant dans Affichage > Couleurs non imprimables (Cmd/Ctrl + Shift + Y) qui apparaîtront en gris.


Pour corriger le fichier, il est intéressant de visualiser les couleurs saturées avec un masque de saturation qui affiche des nuances et non des aplats de gris comme avec cet outil. Comme précédemment, il n’est en effet en général pas nécessaire de corriger les couleurs qui ne sont que légèrement trop saturées. En revanche repérer celles qui le sont vraiment est très utile ici. On peut alors corriger la saturation avec une courbe sur laquelle on applique le masque de saturation, ou bien localement avec un calque.
Préparer une photo pour le web
Ce qui est expliqué ci-dessus, dans Lightroom ou dans photoshop pour imprimer une photo s’applique également quand on veut poster une photo sur le web. Sur le web, dans la grande majorité des cas pour l’instant (2024) l’espace colorimétrique c’est le sRVB.
On sélectionnera donc sRGB dans le menu déroulant à droite de lightroom avec la case copie d’écran cochée ou dans le format d’épreuve de photoshop.