Après avoir pris les photos pour un Timelapse comment les traiter avant l’assemblage final en vidéo ?
Il y a divers outils pour réaliser des timelapses, certains sont gratuits mais ne seront pas détaillés ici car .. je ne les connais pas ! J’utilise depuis 10 ans (la V1 !) le plugin pour lightroom LRTimelapse développé par Gunther Wegner. Il est payant, mais c’est une référence dans le monde du timelapse, particulièrement pour ceux qui couvrent la période qui va du jour à la nuit ou inversement, ce qu’on appelle le « holy grail ». Il y a une version d’essai. La version actuelle (février 2025) est la 7eme.
Ce tuto est uniquement consacré à ce plugin (pas dans sa version pro). Il ne détaille pas toutes les options de LRT, il y a en effet un forum sur le site de Gunther, forum sur lequel il est très présent, c’est quelqu’un de sympa qui répond aux questions. Ce qui suit a pour objectif de permettre de démarrer correctement avec ce plugin.
Avec la version Pro du plugin en version 7 (janvier 2025), est apparue la possibilité de faire des timelapses en mode HDR. On parle ici non pas de la fusion d’expositions HDR mais de l’exploitation de la grande dynamique des écrans HDR. Cette option sera présentée dans un autre article.
Le flux de travail

A l’issue de la prise de vue, vous avez entre 200 et … 2000 photos à traiter. Il n’est pas question de les traiter individuellement ! Tout le traitement va se faire entre lightroom Classic (LR, en jaune ci-contre) et lightroom timelapse (LRT, en vert ci-contre).
La première étape est tout simplement de copier les photos sur le disque dur. A ce stade, on peut repérer avec les dates et heures de capture celles qu’il ne faut pas inclure dans la série (typiquement les essais de cadrage, mise au point, temps de pose si il y en a eu). Je mets mes photos de TL dans un dossier que je ne backup pas, et je le vide assez régulièrement car cela prend vite beaucoup beaucoup de place sur le disque dur !
Interface de LRT
La fenêtre de LRT en version 7 présente plusieurs zones :
– En bas à gauche un explorateur. On peut choisir de restreindre les emplacements d’intérêts pour retrouver plus facilement les timelapses.C’est là qu’on choisit la séquence que l’on veut traiter (N°1). La séquence choisie se charge et
– Au centre (N°2), chaque ligne correspond à une des photos de la série dont les paramètres de prise de vue et de développement sont indiqués dans les colonnes suivantes.
– A droite, l’histogramme et les paramètres de développement de la photo active (surlignée, ici la N°178)
– Les images s’affichent dans la fenêtre de prévisualisation (N°3). La ligne pointillée indique la photo active (N°4)


Quand on ouvre une séquence, LRT enregistre les métadonnées des photos dans des fichiers xmp qu’on retrouve dans le même dossier que les photos sur l’explorateur. Ces fichiers sont très petits et ils contiennent toutes les dnnées exifs de la photo, ainsi que les paramètres de développement qui seront faits dans LRT et dans LRC.
Normalement, les photos se classent par date et heure de prise de vue. Quand du fait de la taille des dossiers sur les cartes mémoires, la numérotation des photos passe de 999 à 001 en cours de session, il arrive parfois que les photos se trient dans l’ordre des numéros et non de l’heure. Dans ce cas il suffit de cliquer sur la petite horloge.
La petite flèche sous la zone de prévisualisation la vidéo donne un premier aperçu du timelapse. A ce stade, je décide ou non de continuer le traitement. Il y a des couchers de soleil prometteurs qui sont finalement décevants, ou des cadrages qui n’ont pas été faits sur la bonne zone. Il y a en effet un pari à faire quand on lance un timelapse !
A noter : il est parfois difficile de savoir à l’avance à quelle fréquence il faut prendre les photos, quel intervalle choisir entre deux prises de vues. LRT propose une fonction très intéressante qui permet de sélectionner une image sur 2, 3, 4…. et de mettre ces images dans un nouveau dossier. Cela permet de supprimer par exemple 1/3 ou 1/2 (voire plus !) des photos avant de les traiter si on a pris trop de photos. Dans le doute au moment de la prise de vue, il est préférable de prendre trop de photos et d’en supprimer ensuite plutôt que d’avoir une vidéo saccadée ou trop courte.
Les images clé
LRT affiche tout d’abord une ligne bleue qui correspond en gros à la luminosité perçue. Cela permet de repérer les variations de lumière importantes et de placer les images clé.
Les images clé sont celles qui vont servir à lisser les expositions. Si j’applique par exemple une correction d’exposition de +0.2 à l’image N°1 et de -0.5 à l’image N°100, LRT va appliquer une diminution d’exposition progressive de la première à la centième photo de sorte qu’il n’y ait pas de saut de luminosité. Ceci est vrai pour toutes les corrections qui seront appliquées, sur l’image globale ou sur les masques qui sont prédéfinis dans LRT.
Il faut donc repérer les images qui diffèrent significativement des précédentes.
Pour la séquence ci-dessus de 721 photos, j’ai placé 8 images clé, aux changements de lumière (soleil qui se cache, nuages qui se teintent…). La première et la dernière image d’une série doivent toujours être définies comme des images clés.
Pour indiquer que c’est une image clé, on déplace le curseur en forme de triangle du panneau de prévisualisation à l’endroit voulu et on clique à gauche du N° de la photo ce qui place un losange bleu (N°4).
Une fois cette étape faite, on clique sur le bouton sauvegarder (N°5)
Transférer les photos dans Lightroom
A côté du bouton sauvegarder dans LRT on a un bouton : glisser vers Lightroom (N°6)
– ouvrir LR dans le module bibliothèque (pas un autre sinon ça ne marche pas)
– Cliquer sur ce bouton et tout en maintenant le clic gauche enfoncé, glisser jusque dans la fenêtre centrale de lightroom (peu importe ce qui est affiché à l’écran comme dossier/photo).
– Ceci ouvre la fenêtre d’importation de LR
– Sélectionner l’option « ajouter » puisque les photos sont déjà sur le disque dur. Et cliquer en bas à droite sur « importer ». Les photos sont importées sur place avec les données des fichiers xmp associés. On peut choisir de ne créer que des aperçus minimum à ce stade sinon cela prend pas mal de temps quand il y a beaucoup de photos !
A ce stade, la seule modification qui a été faite aux fichiers xmp c’est d’ajouter 4 étoiles aux images que l’on a identifiées comme étant des images clé.
Après importation, on sélectionne le dossier contenant les photos dans le module bibliothèque, puis on passe en module développement et on sélectionne les images qui ont 4 étoiles

On ne va développer que ces images clé.
Développement des images clé
Pour développer la première image, on commence par les traitements globaux comme on le ferait pour une photo unique mais en gardant en tête que les corrections de cadrage vont s’appliquer à toute la série.
Il ne faut pas toucher aux boutons de correction des défauts. Si vraiment vraiment on veut les utiliser, cela doit être fait tout à fait à la fin, juste avant l’exportation mais ce n’est pas recommandé (et c’est très long). Dans la quasi totalité des cas, corriger par exemple une tache de capteur se traduit par une sorte de clignotement très désagréable à l’écran.
Après les réglages globaux (profil, correction des aberrations chromatiques, de l’objectif, de la balance des blancs, de la teinte, de l’exposition globale, et de la netteté) on peut faire des réglages plus localisés à l’aide de masques.
Attention, il ne faut pas créer soi même ces masques mais utiliser uniquement ceux qui sont déjà présents, créés par LRT.

Quand on ouvre le menu calque de lightroom sur la première photo, on voit deux types de masques:
– 3 masques auxquels on ne touche pas : #LRT internal use
– 2 masques radiaux
– 2 masques « ciel »
– 2 masques « sol »
On peut développer localement la photo à l’aide des 6 derniers.
Ces masques peuvent être déplacés, redimensionnés, inclinés, pour les masques radiaux on peut régler le contour progressif, la forme…
Sur chacun de ces masques on peut utiliser tous les réglages disponibles dans lightroom. En revanche on ne peut pas ajouter de nouveau masque. En effet, tous ces masques ont été ajoutés sur toutes les photos de la série et les transitions entre les images clé se feront également au niveau des masques. Mais si on ajoute un masque à une image clé, celui-ci n’étant pas présent sur les images non clé, il ne sera pas pris en compte par LRT.

Lorsque la première photo est développée, on sélectionne la seconde et on commence par copier les paramètres de développement appliqués à la première photo à l’aide du bouton « précédent » en bas à droite. On repart de cette version modifiée pour développer la seconde photo. En procédant ainsi, on s’assure que le cadrage reste bien le même, que les masques aient la même disposition, ce qui n’empêche pas de les modifier à nouveau ensuite si nécessaire, et on limite le nombre de modifications à faire, ce qui limite aussi les scintillements.
On répète ensuite ce processus d’image clé en image clé, en recopiant chaque fois les paramètres de la photo précédente. A la fin de ce processus, on affiche toutes les images clé dans la grille du module bibliothèque. Ceci permet de vérifier la cohérence du développement entre les différentes vues.

On sélectionne alors toutes les images clé > clic droit> métadonnées > enregistrer les métadonnées dans les fichiers. Ceci écrit dans les fichiers xmp toutes les modifications faites dans chacune des images clé.
Il est alors temps de retourner dans LRT pour la suite.
Calcul des transitions dans LRT
De retour dans LRT, on clique sur le bouton auto transition (N°7).
Dans la fenêtre de gauche, s’affichent transitoirement tout un tas de lignes de couleur qui relient chaque image clé à la suivante. Chaque ligne représente une transition sur un paramètre de développement et la « rampe » que LRT calcule pour passer de l’un à l’autre.

Il faut ensuite cliquer sur le bouton extraits visuels(N°8). LRT commence par écrire dans les fichiers xmp associés à chaque photo les transitions calculées précédemment puis LRT affiche une visualisation de ces transition. Suivant le nombre de photos, cette étape peut être assez longue.
La ligne jaune avec les losanges bleus correspond aux images de départ avec les images clé.
La ligne rose, en cours de construction sur cette copie d’écran, relie les images clés corrigées en indiquant leur luminosité. Les points roses correspondent à la correction de chaque photo une fois que LRT l’a traitée.
La ligne en dessous de la photo est verte pour montrer la partie de la séquence traitée et jaune pour celle qui ne l’est pas encore.
Le % de photos traitées et une estimation du temps nécessaire pour terminer l’opération est également affiché sous le panneau de prévisualisation.
Lorsque toutes les photos ont été traitées, on peut cliquer sur la flèche bleue en dessous pour visualiser le timelapse traité à ce stade.
En regardant la ligne rose, qui comporte pas mal de brisures et de tremblements, on peut évaluer l’importance du scintillement (flickering)
Suppression (limitation) du scintillement : multipass deflicker
Pour lisser l’ensemble de la vidéo, on utilise le bouton suivant : Suppression clignotement visuel (N°9).

Une ligne verte montre ce que LRT va essayer de produire comme degré de lissage. On peut régler cela en jouant sur le curseur qui va de 0 à 50. La case « constant » en bas transforme cette courbe verte en une droite horizontale. Cette option est adaptée quand la lumière n’a aucune raison de changer tout au long de la scène mais dans le cas de l’exemple, ou d’un passage jour/nuit, il est normal qu’il y ait des variations. Il n’y a pas de « bonne » valeur, tout dépend du sujet et il peut être nécessaire de faire des tests.
Cette partie du plugin « moyenne » les valeurs entre deux points pour éviter les variations. Plus celles ci sont élevées plus il sera nécessaire de faire plusieurs passages. Par défaut, la case multipass deflicker est cochée et le nombre de passages est de 2. Si après ces deux passages, la ligne rose est encore très accidentée et surtout que la visualisation montre des scintillements encore très gênants, on peut ajouter des passages en refaisant cette opération en appuyant alors sur « peaufinage ».
Toutes les modifications sont écrites dans les fichiers xmp associés aux photos.
Là encore, suivant le nombre de photos et la puissance de l’ordinateur, cette étape peut prendre un peu de temps. La version 7 a beaucoup amélioré la vitesse de cette étape.
Exportation et rendu interne

On peut à ce stade exporter directement les photos en restant dans LRT en cliquant sur le bouton export & rendu (interne). Cela ouvre la fenêtre ci-contre.
Mais comme indiqué en jaune, on obtient une meilleure qualité en exportant depuis LR. On retourne donc dans LR.
Exportation depuis LRC
Dans LR, il faut enlever le filtre qui ne sélectionnait que les images clé, sélectionner toutes les images de la série (ctrl A) et faire un clic droit puis > métadonnées > lire les métadonnées depuis les fichiers.
Cette étape est indipensable !

On fait ensuite un clic droit > exporter > exporter
Dans le menu déroulant en haut il faut choisir exporter vers LRTimelapse exporter en accéléré.
Définir le chemin de sortie des images jpeg et le nom de la séquence.
Avec les versions pro, on dispose d’autres options pour sortir des vidéos de plus grande qualité, notamment une sortie pour affichage HDR. Avec la licence normale, les images sont en Jpeg 4K (les mettre en 4K UHD comme dans cette copie d’écran ne sert à rien car à l’étape suivante on ne pourra pas sortir des vidéos en UHD !)
Normalement à l’installation du plugin, le chemin de LRTimelapse est enregistré dans LR et il apparait dans les paramètres avancés.
Les photos sont exportées dans l’espace colorimétrique BT.2020 qui est un espace colorimétrique bien adapté pour les vidéos. Si toutefois il y a des problèmes de couleur, on peut exporter en forçant la sortie en REC. 709 qui est assez proche du sRVB pour les photos. Cependant avec la license privée, la vidéo sera toujours
L’exportation est également une étape assez longue si il y a beaucoup de photos.
Lorsque l’exportation est terminée, la fenêtre de LRT pour l’exportation vidéo s’ouvre automatiquement.
Sortie vidéo dans LRT

1- Par défaut, la séquence de photos en jpeg qui vient d’être exportée est sélectionnée. Si ce n’est pas le cas, ou pour retravailler une exportation précédente, on peut sélectionner la bonne séquence ici.
2- Choisir le dossier de sortie
3- On peut à ce stade forcer la sortie en 16:9
4- LRT propose de réduire les flous de mouvement. Une valeur de 3 ou 4 est en général convenable.
5- On peut ajouter de la netteté, c’est généralement pas mal pour une vidéo.
6- la vidéo exportée s’ouvrira dans l’explorateur.
7- Je déconseille de cocher cette case ! mieux vaut supprimer soi même sur l’explorateur ldes jpeg si la vidéo convient. Mais si on veut changer les paramètres de sortie, mieux vaut ne pas supprimer les jpegs tout de suite.
8- Avec la licence personnelle, on sort des vidéos pour des écrans standards, SDR et c’est cette case qui est cochée.
9-10- 11 permettent de choisir des options de sortie, limitées avec la licence personnelle, plus nombreuses avec la pro. Les paramètres par défaut sont très bien dans la plupart des cas pour publier sur le web (youtube ou facebook)
Le paramètre de vitesse est parfois intéressant. Accélérer une vidéo (2x, 4x…) c’est facile mais si vous n’avez pas pris assez d’images, mettre 1/16° ou 1/8, ne fera pas de miracle : la vidéo sera saccadée.
12- Cliquer sur le rendu vidéo pour finaliser l’opération !
La fenêtre du dossier d’exportation s’ouvre en fin de processus avec la vidéo prête à être lue. Elle est au format mp4 donc lisible par tous les lecteurs vidéos. J’utilise l’excellent et gratuit VLC.
Si on veut refaire une nouvelle sortie vidéo avec d’atres paramètres et qu’on a fermé LRT, il faut aller dans le menu fichier > rendu vidéo ce qui ouvre de nouveau la fenêtre ci-dessus.
Pour ajouter de la musique, des sous titres, accélérer ou ralentir différentiellement certains passage, faire des montages, il faut utiliser d’autres logiciels comme Shotcut ou bien d’autres mais cela ne se fait pas dans LRT.
Dans cette vidéo, la fin est accélérée… L’erreur à ne pas commettre : J’ai choisi des paramètres de prise de vue corrects au début, avec des temps de pose courts mais avec la tombée de la nuit, le temps d’exposition de chaque photo (plusieurs secondes) était supérieur à l’intervalle de 3 secondes fixé entre 2 photos. Du coup, il en manque ! Il aurait fallu augmenter les iso ou ouvrir d’avantage.
Nettoyage
Lorsque la vidéo est prête, on peut faire du nettoyage. Je jette les jpeg et après quelque temps, quand le disque dur se remplit un peu trop, je jette également les raw de départ car ils prennent beaucoup de place. Cependant, comme souvent il y a de belles photos dans ces séquences, il m’arrive de sélectionner les plus belles et depuis lightroom de les faire glisser du dossier des timelapses vers un autre dossier avant de jeter les autres.