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Pixelliser un calque

Que se passe-t-il quand on pixellise un calque, à quoi cela sert-il et quand faut-il ou ne faut-il pas le faire ?

Avant d’être un pixel… le photosite

Commençons par rappeler ce qu’est un fichier raw : c’est un fichier numérique, écrit avec des 0 et des 1, qui n’est qu’une image « en devenir ».
Le capteur de nos boîtiers est composé de millions de photosites, et chaque photosite a au dessus de lui un filtre qui ne laisse passer que le rouge, le vert ou le bleu, les photosites avec leurs filtres étant organisés suivant un arrangement, une matrice, dite de Bayer pour la majorité des boîtiers, ou Xtrans chez Fuji.

Le capteur reçoit donc pour chaque photosite une information qui donne la localisation du photosite, la couleur du filtre et l’intensité lumineuse reçue.
Si on utilisait directement cette information, en zoomant au maximum, nos images ne seraient donc constituées que de 3 couleurs, rouge, Vert, Bleu. Ce n’est pas le cas ! Ci-dessous, à droite c’est un agrandissement à 1000% d’une partie de la photo de gauche, chaque petit carré est un pixel. Un pixel, ou px, c’est l’abréviation de picture element. C’est le plus petit élément d’une image numérique, image qui est composée par la juxtaposition de points. Un pixel a une couleur uniforme (unique)

Alors comment est-on passé d’une information sur le capteur qui ne parle de que la luminosité du Rouge pur, du vert pur ou du bleu pur, à des pixels qui peuvent prendre 65536 nuances différentes ?

Ce passage, cette traduction, c’est le dématriçage (ou derawtisation). Pour chaque photosite, le logiciel de dématriçage (Lightroom, Camera raw, DXO…) essaie de reconstituer les deux couleurs manquantes. Pour un photosite avec un filtre vert au dessus il faut reconstituer les informations de rouge et de bleu qui n’y sont pas. Pour cela, le logiciel analyse les pixels qui sont autour et fait un calcul pour déterminer ces valeurs. Chaque marque de boîtier a sa propre façon de faire ce calcul et les experts reconnaissent au premier coup d’oeil les couleurs Nikon des couleurs Canon par exemple. Pour chaque photosite on a récupéré avec ce calcul 3 valeurs de luminosité : R, V et B. Et tout comme notre œil qui a trois types de cônes, l’intégration de ces valeurs restitue toutes les autres couleurs.

Ce que lightroom ou camera raw affiche c’est un aperçu du fichier raw après dématriçage et application d’un profil. Le terme aperçu peut porter à confusion : ce n’est pas un « mini fichier » ici. C’est une « traduction temporaire ».
Nos yeux ne voient pas comme les capteurs. Pour restituer un aperçu qui soit proche de notre vision, le profil applique une courbe de correction qui modifie la luminosité, surtout dans les valeurs intermédiaires, ce qui affecte la teinte et le contraste. Suivant le profil choisi, cette courbe varie et le rendu peut être assez différent.
Un profil c’est juste une traduction. Quand on traduit un texte d’une autre langue, le choix des mots, des tournures de phrases donnent un style plus ou moins formel, familier, poétique… Mais le texte original reste le même. A partir d’un même texte original, on peut créer d’innombrables traductions. Aucune n’est la « bonne » (mais certaines sont très mauvaises !) car c’est toujours une interprétation. De même, à partir d’un raw, on peut générer autant de versions différentes de la photo que l’on veut. L’utilisation de copies virtuelles permet de tester l’effet de plusieurs profils différents. En effet, appliquer un profil ne modifie EN RIEN le fichier raw. Les curseurs dans LR ou CR ne sont pas non plus modifiés.

Pixelliser un calque

On ne peut pas ouvrir directement une photo au format raw dans photoshop, il faut obligatoirement passer par lightroom ou camera raw qui vont faire le dématriçage.
Quand on passe ensuite la photo dans photoshop on peut le faire de deux façons :
– En envoyant l’image en tant qu’objet dynamique, ce qui est expliqué plus en détail sur cette page .
– En l’envoyant en tant que calque de pixels. C’est la fonction « ouvrir » en bas à droite de Camera raw ou clic droit> ouvrir dans photoshop (+ le N° de version en cours) dans Lightroom.

Avec la deuxième option, Le programme fige en quelque sorte l’aperçu qui a été créé dans LR ou CR et transforme définitivement cet aperçu en pixels.
Cette opération est IRREVERSIBLE. C’est comme si on avait figé la traduction et perdu l’original. On ne peut plus remonter au raw à partir de l’image pixellisée. Si le profil utilisé pendant le dématriçage a fait perdre des informations dans les hautes lumières, on ne peut plus les récupérer, elles sont définitivement perdues.

Quand on a ouvert une image en tant qu’objet dynamique dans photoshop, on conserve la possibilité de travailler sur le raw : en double cliquant sur le calque d’objet dynamique, camera raw s’ouvre avec toutes les modifications déjà faites sur le fichier raw (réglages, masques…) et on peut les modifier de nouveau. Si on fait un clic droit sur la vignette de ce calque > pixelliser le calque, comme précédemment, on fige l’aperçu, la traduction temporaire et on perd définitivement le raw. Heureusement si on l’a ouvert depuis lightroom, le raw initial reste dans lightroom et lorsque le travail sera enregistré dans photoshop, la photo travaillée reviendra dans lightroom à côté du raw original, avec le mot « modifié » ou « edit » dans son nom pour indiquer que la photo a été développée dans photoshop.

Quel est l’intérêt de pixelliser un calque et quand faut-il le faire ?

Idéalement, il faut éviter le plus longtemps possible dans son flux de travail de pixelliser un calque, pour pouvoir revenir sur les réglages du raw. Un flux de travail optimal dans photoshop est non destructif, c’est à dire qu’il est entièrement réversible : on empile des calques de réglages par dessus le calque d’objet dynamique contenant le raw de départ, auquel on ne touche pas, sauf dans lightroom ou camera raw, et on peut donc modifier ou supprimer les calques qu’on a ajoutés.
Il y a cependant quelques opérations dans photoshop qu’on ne PEUT pas faire sans pixelliser le calque, ou sans créer une copie fusionnée qui est un calque de pixels. C’est le cas avec quelques outils anciens de photoshop qui sont cependant encore utiles : certains filtres, certains outils de correction en particulier. Toute opération qui nécessite de créer une copie fusionnée ou de pixelliser le calque de départ doit être faite le plus tard possible, en particulier une fois que les corrections de luminosité et de couleur ont été faites.

Pour envoyer une photo à un imprimeur, on ne peut pas envoyer un fichier psd. On peut envoyer un fichier tif chez la plupart des bons imprimeurs mais ce fichier ne doit plus contenir qu’un seul calque, de pixels. Autrement dit il faut avoir aplati l’image c’est à dire avoir créé un uneique calque de pixels intégrant toutes les modifications faites auparavant. Mieux vaut faire cela sur une copie du fichier contenant les calques car cette opération est irréversible ! Une fois enregistré et fermé, le fichier ne conserve pas l’historique des modifications et ne peut plus reconstituer les calques ni bien entendu le fichier raw de départ. C’est UNE version du fichier raw initial.

De même, au moment de publier une photo sur le web ou les réseaux sociaux, on ne peut pas publier un psd ou un tif. Il faut exporter la photo en jpeg (en sRVB !). Là encore cette opération est irréversible. La fonction d’exportation crée un nouveau fichier donc ce n’est pas nécessaire de faire auparavant une copie du psd ou du tif.

Les jpeg issus du boitier

On peut demander à son boîtier d’enregistrer directement ses photos au format jpeg. Le boîtier dans ce cas fait en interne la « traduction » des données des photosites en pixels, applique un profil colorimétrique que l’on peut, ou ne peut pas, choisir et convertit directement le fichier en jpeg 8bits. Pour ma part j’ai du mal à comprendre que l’on achète un appareil photo et des optiques de qualité pour faire ce choix, le jpeg étant un format compressé, 8 bits (256 nuances au lieu de 65 536), et surtout le développement étant fait par une machine, même si certaines marques comme Fuji proposent plusieurs types de jpeg miment notamment les anciens fils argentiques couleur ou noir & blanc.
Ces fichiers sont des images pixellisées. Le raw est perdu (sauf si on enregistre en raw+jpeg), et les possibilités de développement sont très limitées.

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