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Focus stacking avec rail macro et helicon focus

En proxi ou macro photo, il est très difficile d’obtenir une image nette avec un seul cliché, mais en en combinant plusieurs on reconstitue une grande zone de netteté.

Lorsqu’il suffit de quelques clichés pour rendre compte de toute la profondeur de champ d’une scène, on peut réaliser le focus stacking avec photoshop comme illustré dans ce premier article sur le focus stacking. Mais dès qu’il est nécessaire de capturer un grand nombre de photos, même avec un ordinateur puissant et une carte graphique de compétition, on atteint les limites de photoshop. Par ailleurs il est souvent nécessaire de corriger le montage du focus stacking et il y a des outils plus adaptés que photoshop pour cela. Ce tuto montre l’utilisation du logiciel Helicon focus, dans sa version 7.6.6 (qui n’est pas la dernière). Il y a d’autres logiciels dédiés au focus stacking mais c’est celui que j’utilise après en avoir testé plusieurs. Helicon focus est assez cher mais une version d’évaluation complète est disponible.

On peut tout à fait avec Helicon focus assembler des photos de paysage mais c’est surtout très utile pour la macro ou la proxi photo lorsqu’il est nécessaire de prendre de très nombreuses photos.

Prise de vue de plus de 10 photos en vue de réaliser un focus stacking

Autant un focus stacking sur un paysage peut se faire manuellement en tournant la bague de mise au point ou en décalant la zone de mise au point auto, autant en macro il est problématique de le faire dès lors qu’il faut toucher le boîtier. Par ailleurs, décaler la mise au point de façon régulière et de quelques millimètres, voire moins, c’est quasiment impossible manuellement. La fonction de focus stacking sur beaucoup de boîtiers modernes permet de palier cette difficulté. Cependant, surtout en prise de vue rapprochée, le phénomène de focus breathing peut être un problème.

Pour palier ce problème, il est recommandé d’utiliser un rail macro qui permet de reculer le boîtier avec une molette, le long d’un rail gradué lui même fixé sur un trépied. En macro, pour photographier des sujets proches du sol, j’utilise soit un trépied avec une colonne inversée de façon à pouvoir descendre le boîtier au ras du sol, soit un petit trépied comme sur les photos suivantes. Pour ma part je ne pourrais plus me passer d’un boitier avec un écran sur rotule, notamment à cause de ces positions parfois un peu acrobatiques en macro !

Pour des prises de vue en extérieur en macro, le vent est l’ennemi numéro 1. Quand la mise au point est très rapprochée, le moindre souffle de vent fait bouger le sujet ce qui non seulement peut produire une image floue mais peut aussi être problématique au moment de l’assemblage des photos.

La taille (en profondeur) du sujet ne doit pas excéder la longueur du rail utilisé.

En utilisant un rail il n’y a aucun effet de focus breathing. Cependant, quand on avance l’objectif vers le sujet, le champ photographié rétrécit. Il faut donc procéder de la façon suivante pour être sur d’avoir un bon cadrage à la fin :
– Repérer quelle partie du sujet est la plus éloignée de vous.
– Avancer au maximum l’objectif sur le rail macro, puis le reculer un peu pour qu’il ne soit pas tout à fait au bout du rail
– Faire le point sur la partie du sujet la plus éloignée
– Avancer le boîtier au bout du rail : la première photo sera floue normalement (mise au point derrière le sujet) mais en pratique, cela permet de s’assurer qu’on a bien nette toute la partie la plus éloignée du sujet, ce qui n’est pas toujours évident à déterminer à l’oeil.
– Prendre la première photo, utiliser la molette pour reculer le boitier, prendre la seconde photo et recommencer jusqu’à ce que tout le sujet ait été photographié. On peut poursuivre la prise de vue un peu au delà de la zone du sujet pour s’assurer de l’avoir en entier. Voici par exemple 3 photos d’une série de 49 sur une Ophrys apifera (orchidée abeille) prise avec un rail : à gauche c’est la tige à l’arrière qui est nette, au centre une partie de « l’abeille » et à droite, la partie la plus proche du boîtier.

La différence de cadrage est évidente. En revanche la focale ne change pas car la mise au point ne change pas et donc le focus breathing est absent et le traitement dans helicon focus est simple.

Nombre de photos à prendre et décalage de la mise au point

Je ne connais pas de règle pour calculer à l’avance combien de photos seront nécessaires pour avoir une image nette sur toute la profondeur du sujet.
– Plus le sujet est petit, plus la profondeur de champ est naturellement réduite et plus il faut de photos.
– Plus le grossissement est important, plus la profondeur de champ est réduite et plus il faut de photos.
– Plus l’ouverture est grande plus il faut faire de photos pour couvrir tout le sujet. On pourrait donc être tenté de fermer le diaph au maximum mais les objectifs sont rarement à leur meilleur au delà de f/11. On recommande en général de fermer le diaph d’un ou deux crans. Autrement dit pour un objectif macro qui ouvre à f/2, on privilégie f/4, voire f/5.6.

L’orchidée ci dessus fait environ 1cm de profondeur, 3 avec la tige et la feuille. A f/4 j’ai pris une cinquantaine de clichés. En fonction de cela, je tourne la vis du rail d’un demi tour entre chaque photo. Cette valeur dépend complètement du rail et il faut faire des tests pour apprendre à connaître son matériel (mieux vaut commencer tranquillement à l’intérieur qu’à 4 pattes dans l’herbe avec du vent !).

A l’extérieur, l’ennemi N°1 c’est le vent. Le N°2 ce sont les nuages qui passent devant le soleil. Un jour tout gris ou tout bleu n’est pas un problème mais les changements de luminosité (qui viennent souvent avec un souffle de vent…) peuvent être problématiques. Une fois qu’on a commencé une série, mieux vaut la terminer assez rapidement.

Pour ne pas toucher au boitier pour déclencher, il y a plusieurs possibilité :
– utiliser une télécommande
– se mettre en mode intervallomètre
– effleurer du doigt l’écran tactile pour déclencher. C’est ce que je trouve de plus pratique et que je fais toujours.
Mais en tous cas on ne peut pas utiliser le déclencheur ! Avec un réflex il est préférable d’utiliser un retardateur en plus pour éviter les vibrations du boitier dues au miroir qui se relève.

Petite astuce piquée à Olivier Rocq : quand je commence une série, je prends un de mes doigts en photo et idem quand je la termine. C’est très pratique ensuite pour repérer les séries, surtout qu’il arrive fréquemment qu’on en fasse plusieurs sur le même sujet.

Traitement des photos dans Helicon Focus

Cette partie n’a pas vocation à être un mode d’emploi complet de ce logiciel (il est disponible en ligne). Voici dans les grandes lignes comment s’effectue le traitement.
On peut utiliser Helicon focus comme un plugin de lightroom mais je préfère l’utiliser en programme indépendant : je n’importe pas toutes les photos d’un focus stacking dans LR, car une fois que j’ai terminé l’empilement, je ne garde que le résultat final et pas les photos intermédiaires qui prennent beaucoup de place.
Je charge les photos dans un dossier de l’explorateur, de préférence sur un disque dur rapide type SSD et je les visualise avec l’excellente visionneuse (gratuite) Faststone image viewer qui permet de regarder très rapidement les raw et qui sert aussi d’explorateur. Les photos de mes doigts me servent à identifier les séquences et à les glisser dans la fenêtre d’Hélicon focus pour les charger.

Helicon focus travaille avec les raw ce qui est un avantage indéniable.

Helicon focus ne charge pas toutes les photos mais les analyse une par une pour ne retenir sur chacune que les éléments qui vont constituer la composition finale.
Il y a plusieurs modes d’empilement (A, B et C). Celui que j’utilise le plus souvent, pour ne pas dire exclusivement lorsque les photos ont été prises avec un rail c’est le mode C. Il nécessite que les photos soient ordonnées en fonction du point focal, ce qui est le cas quand on prend les photos avec un rail.
De la première à la dernière photo, Helicon focus commence par aligner la photo sur les précédentes et à chercher quelles sont les zones nettes et crée une carte de profondeur :

En cours de traitement, la partie gauche affiche la photo en cours d’analyse, et à droite les zones nettes identifiées sur cette photo, en blanc, viennent s’ajouter peu à peu à celles identifiées dans les photos précédentes.

Retouche des photos dans Helicon photo

Lorsque le sujet n’est pas parfaitement immobile, il peut y avoir des petits décalages qui compliquent les alignements. Helicon focus permet de corriger ces défauts.

Le mode retouche permet d’accéder à des outils très intéressants :
-à droite de la fenêtre, la photo composite (avec les défauts est affichée) et on peut zoomer dessus.
– en cliquant sur une zone avec un défaut, puis en appuyant sur la touche F9, Helicon focus affiche dans la partie gauche de la fenêtre l’image qui a servi de source pour cette partie du composite. Dans la liste déroulante de droite, cette photo est mise en évidence.
– A l’aide du pinceau qui est associé à cet outil de retouche, et dont on peut modifier la taille, la dureté, la tolérance de la couleur et la luminosité, on peut alors aller recopier à gauche la partie utile. Si la photo de gauche n’apparait pas être la meilleure source, on peut la changer par la liste déroulante des noms de fichiers. Cette fonction est vraiment très pratique et n’a pas d’équivalent dans photoshop.

Après traitement des raw, Helicon focus génère un composite au format tif ou dng qui permet toutes les traitement éventuels supplémentaires dans LR et/photoshop.

Et pour finir voici quelques orchidées qui me font chaque année passer quelques heures le nez dans l’herbe (pas tondue !!) de mon jardin (cliquez pour les voir en grand).

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