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Histoire du rose, une demi-couleur

Demi couleur ou couleur secondaire, car obtenue en mélangeant rouge et blanc, le rose est une couleur mal aimée.

Cet article fait partie de la série « les couleurs, toute une histoire » à laquelle appartiennent également les articles suivants :
Histoire du bleu, celle d’un paradoxe
Histoire du vert, couleur ambivalente
Histoire du rouge, une couleur puissante
Histoire du noir, une vraie couleur
Histoire du blanc, couleur divine
Histoire du jaune le mal aimé

Histoire du rose, une couleur longtemps sans nom

Jusqu’au début du XVeme siècle on parle d’incarnat, pas de rose. Cette couleur n’a pas de nom stable. Incarnat souligne le rapport entre la couleur et la chair.
Le rose n’a pas sa place dans l’arc en ciel au moyen-âge, pas de rose non plus dans les blasons. Pendant longtemps on ne sait pas le classer, le nommer et on le place plutot dans la gamme des jaunes que dans celle des rouges. Les choses changent quand on importe le bois de Brésil, bois qui donnera son nom au pays, et qui permet d’obtenir plus facilement cette couleur.

Henri IV en mars, Château de Pau
Henri IV en mars, Château de Pau

Au XV° et XVI° siècle, le rose est une couleur plutot masculine, alors que le bleu est plutot une couleur féminine. Au XVII°, Henri IV peut s’habiller de rose, et comme on le voit sur ce tableau ce sont les petits garçons qui sont habillés de rose et les petites filles de bleu.
L’apogée du rose arrive avec Mme de Pompadour, et vers 1770 le rose semble tout envahir. Dans la chambre de Louis XV à Versailles, le rose devient présent dans les décors, les meubles et les habits. Le roi porte du rose. Les classes moyennes ont pour la première fois droit aux teintes vives et, pour se démarquer, la haute société n’utilise plus que des teintes pastels, dont le rose.
En pleine période romantique le rose exprime les élans du coeur. En 1774 le roman de Goethe, les souffrances du jeune Werther, décrit un personnage habillé de jaune et bleu fou amoureux d’une jeune femme habillée avec une robe blanche avec des rubans roses. Ce roman lance une mode. Le rose devient alors très fréquent dans le vêtement féminin alors qu’auparavant cette couleur n’était pas genrée.

A la fin du XIX° début XX°, on trouve aussi bien des petits garçons que des petites filles habillés en rose. Jusqu’à 3-4 ans cependant les enfants restent habillés en blanc car on fait bouillir le linge. L’invention de la machine à laver et les progrès des colorants grand teint change les choses. Habiller les petites filles de rose concerne d’abord les classes aisées. C’est surtout au XX° siècle que le rose se popularise et qu’il se féminise. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que l’univers de la poupée devient rose. Le bleu pour les garçons et le rose pour les filles c’est assez récent. Ca ne représente pas grand chose dans la longue histoire du rose !

Les enfants Habert de Montmort- P. Champaigne
Les enfants Habert de Montmort- P. Champaigne

Symbolique du rose

rose tendresse
rose tendresse
Octobre rose - dépistage du cancer du sein
Octobre rose – dépistage du cancer du sein

le rose est associée à la douceur et la tendresse. Le rose est souvent utilisé pour représenter l’amour maternel et l’affection, un amour naissant ou innocent, alors que le rouge représente une passion plus intense.
C’est un symbole de jeunesse, d’innocence, d’optimisme et de joie de vivre, couleur chaleureuse et réconfortante qui évoque le bien-être et la bonne humeur.
Dans certaines cultures orientales, comme au Japon, le rose, particulièrement visible dans les fleurs de cerisier, symbolise le renouveau, l’éphémère et la délicatesse de la vie.
Le rose est souvent décrit comme ayant un effet apaisant et réconfortant, capable de réduire les sentiments d’agressivité et de créer une atmosphère calme et sereine.

Le rose peut également avoir plusieurs connotations négatives :
En se féminisant au XX° siècle, le rose se dévalorise. Il devient associé à la mièvrerie, au sentimentalisme, aux romans à l’eau de rose, au concept péjoratif de « girly », de superficialité, de manque de sérieux.
Le mauvais rose c’est la vulgarité, la pornographie, le téléphone rose, les ballets roses, le triangle de l’infamie des homosexuels imposé par les nazis.
Le mauvais rose est associé aussi à l’infantilisation, particulièrement quand utilisé pour s’adresser aux adultes, au kitsch et au mauvais goût, surtout dans ses tons les plus vifs.
Dans le monde professionnel, il peut être perçu comme peu crédible ou peu professionnel.

Les mots du rose

Un roman à l’eau de rose ; un éléphant rose ; voir la vie en rose ; être né dans une rose ; rose bonbon ; la ville rose ; découvrir le pot aux roses

Ecouter l’interview de Michel Pastoureau sur cette couleur sur radiofrance

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