Aller au contenu
Accueil » Camera raw : la différence majeure entre filtre et module

Camera raw : la différence majeure entre filtre et module

Camera raw : un seul nom pour deux outils qui ont des points communs mais une différence majeure, celle de travailler ou non sur le raw.

Ce nom de camera raw porte vraiment à confusion. Comme il y a le mot raw dedans, forcément, on pense qu’on travaille sur le fichier raw. Et pourtant, si c’est bien le cas du module, ce n’est pas le cas du filtre.

Camera raw, module et filtre

Dans ce résumé visuel, tout ce qui est en vert indique qu’on a accès au fichier raw. En revanche, ce qui est en orange indique qu’à un moment du processus, le fichier numérique, le raw donc, a été converti, traduit, en une image constituée de pixels et qu’on ne peut plus revenir au raw.

Dématriçage d’un fichier raw dans lightroom ou camera raw

Quand on ouvre un fichier raw dans photoshop, depuis l’explorateur ou bridge, c’est obligatoirement le module camera raw de photoshop qui s’ouvre. En effet, un fichier raw c’est un fichier numérique. Ce n’est pas encore une image. Il faut pour cela un « traducteur », c’est le profil de développement. Il ne fait qu’une traduction termporaire : le fichier raw n’est en rien modifié et différents profils donnent différentes traductions image du même raw. Cette opération c’est ce qu’on appelle le dématriçage.
Le dématriçage peut également être fait dans le module développement de lightroom. Le « moteur » de lightroom est le même que celui de Camera raw.
Que cette opération soit faite dans lightroom ou dans camera raw, il y a deux façons de passer dans photoshop.
– Dans camera raw, en bas à droite de la fenêtre on choisit entre « ouvrir » et « ouvrir un objet dynamique ».
– Dans lightroom classic, clic droit > modifier > dans et là on choisit entre « modifier dans photoshop » (suivi du numéro de version) et > ouvrir en tant qu’objet dynamique.

Ouverture en tant que calque de pixels

Si je choisis « ouvrir » (camera raw) ou « modifier dans photoshop » (lightroom), le profil de dématriçage choisi à l’étape précédente est appliqué, le fichier numérique devient une image constituée de pixels. A partir d’un fichier numérique on peut créer différents types de traductions, donc d’images faites de pixels. Mais l’inverse n’est pas possible. On ne peut jamais revenir au fichier raw à partir d’un calque de pixels. C’est un développement dit destructif.

Cela n’empêche évidemment pas le développement dans photoshop ! Mais si on veut revenir au fichier raw, il faut repartir de l’image issue du boitier.

Ouverture en tant qu’objet dynamique dans photoshop

Calque d'objet dynamique

Que ce soit depuis lightroom ou camera raw « Ouvrir en tant qu’objet dynamique » crée un calque d’objet dynamique dans photoshop qui contient le fichier raw.

Un objet dynamique (OD) c’est comme une boite qui protège son contenu. La petite icone en bas à droite de la vignette indique la nature OD de ce calque.

Objet dynamique et fichier raw sont deux choses différentes

Il y a souvent une confusion entre « fichier raw » et « objet dynamique ». Mais ce n’est pas la même chose !

Même s’il est vrai que pour un photographe, l’OD contient très souvent un fichier raw, un objet dynamique c’est un container. Il ne contient un fichier raw que si c’est ce qu’on a mis dedans en choisissant ouvrir en tant qu’OD depuis LRC ou CR.

Mais un OD peut contenir de nombreuses autres choses. Par exemple un calque de pixels, une pile de calques, y compris avec des calques de réglage, un dessin vectoriel avec un logo, des images provenant d’autres applications et même un autre objet dynamique…

Pour savoir ce que contient un OD, il faut double cliquer dessus.

Si un nouvel onglet de photoshop s’ouvre, c’est que cet OD ne contient PAS un fichier raw. Adobe donne plusieurs exemples d’utilisation.
Si l’objet dynamique contient un fichier raw, c’est le module camera raw qui s’ouvre.
Si le fichier initial était dans lightroom, c’est quand même le module camera raw qui s’ouvre, ce module de photoshop ayant les mêmes capacités que lightroom pour traiter le fichier raw.

Quel est l’intérêt de travailler sur un OD ?

Prenons l’exemple du redimensionnement d’une image de 1000 x1000 pixels au départ.
Si je pars d’un calque de pixels et que je réduits la taille de cette image à 50 x50 pixels, que j’enregistre puis que je remets cette image à sa taille intiale, le résultat sera très dégradé. Photoshop a en effet appliqué les redimensionnement succesifs aux pixels de l’image et on perd définitivement des informations. Photoshop va « réétaler » les pixels restant pour obtenir une image de la taille demandée.

Si je fais la même chose avec le raw contenu dans un objet dynamique, il n’y a aucun pixel en jeu. Photoshop ne fait qu’écrire des instructions numériques pour modifier une image virtuelle.
Cette image virtuelle est créée à partir du contenu de l’objet dynamique. Si celui ci contient une pile de calques cette image virtuelle les intègre tous, y compris ceux de réglage. Si l’OD contient un fichier raw (numérique donc), l’image virtuelle c’est la « traduction temporaire » du fichier raw en image effectuée par le profil de dématriçage.

Les instructions numériques (des chiffres et des lettres) que photoshop applique à cette image virtuelle sont parfaitement réversibles et ce qui est contenu dans l’objet dynamique n’est en aucun cas modifié. Par conséquent, je peux réduire puis réagrandir la taille de mon fichier sans aucune perte. Ces transformations sont non destructrices car ce sont les instruction qui sont modifiées, pas l’image elle même.

On peut ainsi mettre à l’échelle, faire pivoter, incliner, distordre ou déformer un OD, y appliquer des filtres et pouvoir revenir en arrière à tout moment sans aucune perte.

Ce qu’on ne peut pas faire sur un objet dynamique

On ne peut cependant pas tout faire sur un OD. Les outils qui modifient des pixels comme le pinceau, le tampon, les outils de suppression, la gomme… ne fonctionnent pas directement sur l’OD.
Pour les utiliser, il faut placer un calque vide au dessus d’un objet dynamique, en cochant le cas échéant « échantillonner tous les calques » ou équivalent.

Conversion d’un calque de pixels en objet dynamique

Ce qui est aussi une source importante de confusion quand on découvre photoshop c’est qu’on peut parfaitement convertir un calque de pixels en objet dynamique. Et on pense alors, à tort, qu’en faisant cela on a de nouveau accès au fichier raw.

Mais dans ce cas on ne fait que mettre un calque de pixels dans une boite. On ne recrée pas un fichier raw ! Et si on double clique sur cet OD, ce n’est pas camera raw qui s’ouvre mais un nouvel onglet de photoshop avec le calque de pixels.

Mais pour les raisons expliquées ci-dessus c’est très intéressant de le faire quand on applique une déformation ou un filtre par exemple, car cela donne le droit de revenir sur les réglages, même après avoir enregistré et fermé le fichier.

Le module camera raw

Le module Camera raw

Si, et seulement si le contenu d’un objet dynamique est un fichier raw, alors c’est le module camera raw qui s’ouvre quand on double clique dessus. On ne peut y accéder d’aucune autre manière depuis photoshop.

Dans ce cas, et dans ce cas seulement, on travaille sur le fichier numérique qui contient toutes les informations enregistrées par le capteur du boitier. Celles ci sont bien plus nombreuses que ce que nos écrans peuvent nous montrer comme illustré dans cet article.

On peut y faire tout ce qu’on fait habituellement dans camera raw ou dans le module développement de lightroom.

On peut en particulier
– changer le profil de développement,
– régler l’exposition en ayant accès à l’intégralité des données, en particulier dans les tons clairs et foncés
– corriger la balance des blancs

Toutes les autres fonctions (masques, couleur du point,….) sont également accessibles bien entendu.

Le filtre camera raw

A tout moment dans le développement d’une photo on peut accéder au filtre camera raw. On y accède par le menu filtre > filtre camera raw.

On peut l’appliquer à un calque de pixels, qui peut être une copie fusionnée de tous les calques situés en dessous de lui (avec le raccourci de la mort qui tue à 4 doigts ctrl alt maj E !), que ce calque ait ou non été converti en objet dynamique comme on l’a vu plus haut. C’est du reste recommandé de faire cette conversion car cela donne un droit à l’erreur, la possilbité de revenir sur un réglage précédent.

Le filtre Camera raw

A première vue, quand on lance ce filtre on peut vraiment se croire dans le module camera raw, d’où la confusion. L’interface est en effet quasiment la même.

Comme dans le module, on peut ajouter des masques, ajuster la couleur du point, supprimer un effet de voile, ajouter de la texture, de la clarté …

Mais il y a des différences essentielles qui affectent :
-le choix de profil,
– les réglages d’exposition (surtout dans les tons clairs et sombres)
– la balance des blancs

Voyons cela plus en détail.

Différences entre module et filtre camera raw

La différence MAJEURE c’est que dans le module camera raw on travaille sur le raw, alors qu’avec le filtre camera raw c’est sur une traduction en pixels irréversible faite par le profil de dématriçage du raw.

Quand on fige la traduction, on supprime des données du raw. Certains profils de dématriçage renforcent les couleurs, la saturation, d’autres privilégient les tons sombres, d’autres sont plus « doux » pour les portraits. Un profil qui écrête les hautes lumières ne permet plus d’y accéder une fois que l’image est constituée de pixels.

Les "profils" du filtre CR
Profil

Dans le filtre CR, le mot profil porte à confusion : ce ne sont plus des profils de dématriçage mais plutot des filtres comme on en trouve sur instagram. On a le choix entre couleur, noir et blanc et des filtres qui donnent un look particulier à la photo (artistiques, moderne, N&B, vintage)

On ne peut pas par exemple choisir un profil linéaire, passer en mode de développement HDR parce que les informations nécessaires pour cela ne sont plus présentes dans le fichier.

Réglage de l’exposition

Même si cela n’apparait pas facilement, les bornes des différents réglages ne sont pas les mêmes : dans le module, on est limité à ce que le capteur a enregistré. Dans le filtre, les bornes sont celles définies par le profil de dématriçage et par les écrêtages réalisés à ce stade. C’est particulièrement important pour ce qui est des tons clairs et sombres, beaucoup moins pour les tons intermédiaires.

Sur la même image, si je mets les tons clairs, les tons sombres et les blancs à 0 avec le module (à gauche) ou le filtre CR (à droite), on voit que l’effet est bien plus prononcé avec le module qu’avec le filtre.

Balance des blancs

Rappel : quand on affiche une valeur de balance des blancs sur son boitier, exprimée en kelvin, en icone (nuages, soleil…) ou en mode automatique, celle-ci sert à deux choses :
– elle est utilisée par le boitier dans l’aperçu sur l’écran, et quand il génère un jpeg qui sert de vignette au fichier ;
– elle est également utilisée par lightroom comme valeur initiale pour le développement.

Contrairement à ce qu’on peut entendre (et que j’ai pu dire !) il y a bien une valeur de balance des blancs qui est enregistrée dans les exifs. Suivant les marques de boitier cela s’appelle Color Temperature, ou WB RGGB Levels. Certains boitiers n’enregistrent pas explicitement la température en Kelvin dans les métadonnées du RAW, mais uniquement les multiplicateurs RGGB. Dans ce cas, Lightroom calcule une température approximative à partir de ces valeurs.

MAIS les valeurs enregistrées ne sont pas du tout déterminantes. On peut les changer du tout au tout pendant le développement du raw entre 2000 et 50 000 kelvins !

En revanche, avec le filtre camera raw, on n’a plus du tout la même latitude. L’échelle n’est du reste plus graduée en Kelvin mais de -100 à +100. Là encore les bornes de cette échelle sont déterminées par le profil de dématriçage qui a été utilisé à l’étape précédente.

Faut-il oublier le filtre Camera raw ?

Tant que l’on peut travailler de façon non destructive, en gardant l’accès au raw, il faut le privilégier.

Il y a des fonctions de camera raw (filtre ou module) que je trouve excellentes. En particulier la suppression de voile, l’ajout de texture, la couleur du point. Si je peux les utliser sur le raw, c’est ce que je privilégie.

Mais ce n’est pas non plus une règle absolue !

On a vu qu’on ne peut pas utiliser différents outils sur un objet dynamique, en particulier les outils de suppression. Si, après avoir passé un long moment à supprimer des éléments gênants, j’ai envie d’utiliser un outil de camera raw, je peux me servir du filtre. En effet, modifier le raw à ce stade pourrait rendre très visibles les suppressions effectuées et m’obliger à les refaire.

En revanche, si au dessus de l’objet dynamique contenant le raw je n’ai fait qu’ajouter des calques de réglage (avec ou sans masques), je peux tout à fait modifier le raw dans le module camera raw car les calques de réglage ne modifient pas les pixels de l’image.

2 commentaires sur “Camera raw : la différence majeure entre filtre et module”

  1. Merci encore Florence.
    Tes tutos sont toujours intéressants et permettent de revoir ou d’apprendre quelque chose
    de nouveau.
    En tout cas, ils sont très clairs.
    Bonne fin de journée
    Dominique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *