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Récupérer un ciel surexposé

photoshop niveau intermédiaire

Pour récupérer un ciel surexposé, le choix du profil de dématriçage est clé.
Différents profils sont utiles à connaître et à tester.

Les situations à fort contraste sont complexes à gérer. On ne peut pas toujours faire un bracketing d’exposition pour assurer une bonne exposition de toutes les parties d’une scène. Cela peut se traduire par des zones surexposées.

On peut bien sur faire un changement de ciel. Mais autant exploiter ce que le capteur a enregistré. Et bien souvent, il n’est pas nécessaire de fusionner des expositions.
Dans cet article, je vous partage plusieur outils pour savoir si une zone est ou non vraiment surexposée, et y récupérer des nuances de couleur et de luminosité.

La difficulté d’exposer à droite

Dans cet article j’ai résumé les raisons pour lesquelles il est conseillé d’exposer à droite. Cette vidéo d’Olivier Rocq vous illustre l’intérêt de le faire. La difficulté, c’est d’exposer à droite sans surexposer la photo. Et pour cela on se fie généralement à l’histogramme sur l’écran du boitier.

Mais c’est plus complexe qu’il n’y parait. En effet, l’histogramme affiché sur l’écran c’est celui de l’aperçu généré par le boitier. Cet aperçu n’est pas un fichier JPEG mais plutôt un flux vidéo en direct (live view).

La vignette enregistrée en même temps que le raw est un fichier jpeg, compressé, en 8 bits, avec des valeurs écrêtées et un espace colorimétrique défini. Son histogramme est déjà différent de celui du flux vidéo.

Quand on ouvre le raw dans lightroom il faut que les chiffres et les lettres de ce fichier numérique soient traduits pour en faire une image visible. C’est l’opération de dématriçage. Le traducteur c’est le profil. Et comme nous allons le voir, suivant le profil choisi, l’image, et donc l’histogramme, peuvent être significativement différents, et différents de ceux de l’écran à la prise de vue. Rappelons que dans tous les cas, le raw enregistré n’a ni espace colorimétrique, ni valeur de balance des blancs.

Il n’y a pas un profil unique qui fonctionne pour toutes les situations. Chaque profil « interprète » différemment les données numériques. A nous de choisir celui qui donne la meilleure base pour de la suite du développement.

Surexposé ou pas ?

Une zone surexposée c’est une zone dans laquelle tous les photosites du capteur sont saturés et ne font plus de différence entre deux intensités lumineuses différentes.

J’ai volontairement surexposé de 3 stops une photo prise au 300mm (équivalent 450 mm en full frame) d’un sujet sombre, à contre jour, avec un ciel très blanc (les conditions optimales quoi 😂). A la prise de vue, l’histogramme indique bien entendu que la photo est surexposée.

profil boitier avant
Profil boitier

Quand je l’ouvre dans lightroom, par défaut chez moi elle s’ouvre avec le profil de mon boitier (Fuji XT4).
Voici cette photo et en dessous l’histogramme associé.
Comme on peut s’y attendre, on a un gros pic qui monte jusqu’en haut à droite de l’histogramme . Pas de doute, la photo est surposée.

Vraiment ? Même si vous n’avez pas un écran HDR (High Dynamic Range), cliquez sur le bouton HDR sous l’histogramme. Cela démontre qu’il y a PLEIN de nuances dans ce pic à droite, qui ont été écrêtées par l’affichage sur un écran SDR (Standard Dynamic Range).

Profil boitier HDR on


La zone HDR qui s’ouvre à droite de l’histogramme montre que le capteur a enregistré des valeurs dans 3 zones plus lumineuses que ce qu’un écran SDR considère comme du blanc 100% (RVB 256, 256, 256). Chaque zone correspond à un stop supplémentaire.

Vous trouverez des explications sur ce qu’est l‘affichage HDR ici, et plus de détails sur le développement des photos pour un affichage sur un écran HDR dans celui-ci.

Il n’y a aucun pixel dans la 4eme zone et encore moins de pixels collés contre le bord droit de la zone HDR. On voit également que la répartition des couches RVB dans cette zone n’est pas identique, et donc qu’il y a des nuances de luminosité et de couleur ! La photo n’est donc pas cramée contrairement aux apparences. Bonne nouvelle. Mais comment exploiter ces données, même sans écran HDR ?

Effet du profil de dématriçage

Adobe propose par défaut des profils plutôt destinés aux paysages, portraits ou autre. On peut établir soi-même le profil de son boitier avec une charte de couleur, ou bien utiliser le profil linéaire, supposé être plus neutre.
Il faut normalement établir un profil linéaire pour chaque boitier pour tenir compte des défauts de chaque capteur mais à défaut on peut récupérer celui de son type de boitier sur le site d’Olivier Rocq, à cette adresse.
Depuis quelque temps, Adobe propose dans Camera raw un « profil adaptatif » très intéressant. Fin janvier 2025, cet outil n’est pas encore implémenté dans lightroom Classic.

Voyons ce que ces différents profils (boitier, linéaire, adaptatif) donnent sur l’image non traitée. L’histogramme correspondant à chaque photo est placé dessous.

Profil boitier
Histogramme Profil linéaire avant traitement
Histogramme Profil adaptatif avant traitement

La première chose que l’on voit c’est que les profils linéaires et adaptatifs permettent de récupérer des détails et nuances dans un ciel en apparence tout blanc. Avant même de développer, on voit déjà quelques nuages. Donc même en surexposant de 3 stops le ciel n’est en fait pas surexposé. Quand à la prise de vue, on se base sur l’histogramme du boitier pour exposer à droite, on a en réalité encore une bonne marge avant d’arriver à la surexposition. Je ne conseille cependant pas de surexposer de 3 stops !

Le profil linéaire montre des détails dans les tons moyens mais très peu dans les tons sombres et dans les tons les plus clairs. Mais sur cette photo il y a en fait très peu de tons moyens. Ce n’est pas à mon avis le profil le plus adapté.

Le profil adaptatif (seulement dans camera raw pour le moment) donne des résultats souvent remarquables dans des situations difficiles. C’est celui qui garde le plus de détails dans les tons sombres.

On voit aussi l’importance du profil de dématriçage. Les photos sont très différentes, comme le montrent très bien les histogrammes, alors même que tous les boutons de développement sont encore à 0. Avec le profil adaptatif, basé sur l’IA, il y a une zone libre à droite (cadre vert). Ce n’est pas une zone HDR ici.

Mode de développement HDR avec un écran SDR

Tout en gardant le profil du boitier, on peut aussi récupérer en deux clics les informations situées à droite de l’histogramme.

Profil du boitier, boutons HDR et SDR sur on
Profil du boitier, boutons HDR et SDR sur on
Histogramme Profil du boitier avec boutons HDR et SDR sur on

Il suffit pour cela de cliquer sur le bouton HDR ET de cocher « aperçu de l’affichage SDR » un peu plus bas dans la fenêtre de développement.

L’image ci-contre n’a subi aucun autre développement.

Comme j’ai cliqué sur le bouton SDR, la partie droite (HDR) de l’histogramme a été « ramenée » dans la partie SDR. Cependant, par rapport à l’histogramme précédent (avec le même profil de boitier), le pic à droite est moins collé au bord et les pics du vert et du rouge se sont individualisés. Dans l’image on voit maintenant des nuances et même des couleurs dans le ciel.

C’est bien souvent la méthode que je privilégie en premier dans une situation similaire.

Comme détaillé dans cet article, on peut ensuite poursuivre le développement, récupérer encore des hautes lumières. A noter que l’on peut jouer avec les deux catégories de curseurs de luminosité : ceux qui sont dans la fenêtre principale (cadre bleu) et ceux qui sont dans la partie SDR (cadre vert).

Après développement. Profil boitier boutons HDR et SDR on

Etant donné les conditions de prises de vue ici, la photo ne sera jamais belle, nous sommes d’accord ! Le but était avec cet exercice de montrer que l’on peut récupérer des nuances de couleur (on voit un petit pic de bleu dans le ciel maintenant), de luminosité là où tout était à priori complètement cramé.

Ici, même en faisant un bracketing d’exposition on n’arriverait à rien de bien. Mais on vient de loin ! Voyons ce que cela donne sur une photo moins caricaturale, exposée à droite.

Développer une photo exposée à droite

Face à une scène très contrastée, je préfère assurer, et en général je fais un bracketing d’exposition. Mais autant éviter de fusionner des expositions ensuite si on le peut. C’est toujours une source possible d’artefacts .
J’ai donc utilisé les méthodes décrites plus haut pour développer la photo la plus exposée (+1.33 stops) du bracketing réalisé pour la photo ci dessous du mont Agung à Bali au coucher du soleil.

Ouverte dans lightroom avec application du profil du boitier, son histogramme montre un pic collé au bord droit, avec toutefois encore des nuances de couleur.

Réserve de nuances et de détails dans les hautes lumières
Réserve de nuances et de détails dans les hautes lumières

Si je coche le bouton HDR, bien que travaillant sur un écran standard, l’histogramme démonte qu’il y a une bonne réserve de détails et de nuances dans les hautes lumières.

A noter : quand on prend une photo avec le soleil dans le champ, il est obligatoire qu’il y ait une zone de surexposition, et même avec un profil linéaire ou avec ce mode HDR/SDR, on ne récupérera jamais de détails dans le soleil ! Cela se traduira toujours par un pic à l’extrême droite de l’histogramme, aussi bien dans le mode normal que dans la zone HDR. Si dans cette zone HDR, à part ce pic, ou ne voit quasiment pas d’information (profil plat et en bas), il est inutile de chercher à récupérer une information qui n’y est pas. En revanche, si cette zone de l’histogramme montre la présence d’informations, cela vaut la peine d’aller les chercher !

Application de différents profils de dématriçage sur une photo exposée à droite

Comme précédemment, avant de faire le moindre réglage, j’applique les profils indiqués ci-dessous et j’observe l’effet sur les images et sur les histogrammes correspondants.

Profil du boitier, avant développement
Profil du boitier, avant développement
Profil du boitier avant développement - histo
Profil linéaire avant développement
Profil linéaire avant développement
Profil linéaire avant développement, histo
Profil adaptatif avant développement
Profil adaptatif avant développement
Profil adaptatif avant développement, histo
Profil du boitier HDR-SDR avant développement
Profil du boitier HDR-SDR avant développement
Profil du boitier HDR-SDR histo

Avec le profil du boitier, comme on s’y attendait, l’image est trop lumineuse, et on manque de détails dans le nuage à gauche. Le profil linéaire fait ressortir des nuances dans ce nuage mais les couleurs deviennent fades et on voit une perte de détails dans les ombres, bien visible dans les reflets dans la mer.
A noter que la balance des blancs et la teinte changent en fonction des profils appliqués.

Le profil adatatif et le développement HDR-SDR sur le profil du boitier font une bonne base de développement à mon avis.
Par rapport à un profil linéaire, ils ont (au moins !) trois avantages :
– ils sont disponible par défaut, quel que soit le boitier, il n’est donc pas nécessaire d’établir ou le récupérer sur le net un profil linéaire. Le mode HDR-SDR s’applique par dessus n’importe quel profil (y compris le profil linéaire du reste si on y tient !)
– ils respectent beaucoup mieux la vision des couleurs humaine que le profil linéaire. Rappelons qu’un profil linéaire n’a en réalité de sens qu’avec une lumière continue, caractérisée par une température de couleur constante, donc en pratique avec des spots de studio, mais pas avec la lumière naturelle.
– Un profil linéaire ne booste pas les tons sombres (ce que nos yeux font naturellement), ce qui se traduit par une perte de détails. Le développement HDR/SDR utilise un profil « normal » qui booste les tons sombres mais en plus il récupère les hautes lumières. Le profil adaptatif fait une cuisine IA qui est la propriété d’Adobe mais les résultats sont intéressants !

Aucune zone n’étant vraiment surexposée, même avec le profil du boitier sans autre ajustement, on peut partir d’un de ces 4 profils pour poursuivre le développement.
Cependant, le profil linéaire est celui que je trouve le plus difficile à exploiter pour récupérer des couleurs naturelles et des détails dans les ombres car Il faut pousser fortement la vibrance et la saturation.
Le profil du boitier donne moins de marge de développement pour les hautes lumières que les les deux autres (adaptatif et HDR-SDR qui n’est pas un profil à proprement parler on est d’accord).

Voici les développements, légèrement différents, effectués à partir de ces deux profils. Pour ma part, je préfère celui obtenu à partir du profil de mon boitier en mode HDR-SDR.

Profil du boitier HDR SDR sur on, après développementProfil adaptatif, après développement

Important : dans ce mode de développement que j’ai appelé HDR-SDR, il faut exporter la photo en laissant coché le bouton SDR et exporter classiquement, par exemple en JPEG sRVB, mais surtout sans cocher la prise en charge de l’affichage HDR.

Conclusion

Les exemples ci-dessus montrent que bien souvent, on pense à tort qu’une photo est surexposée, car nous sommes trompés par l’histogramme du boitier.

Le choix d’un bon profil de dématriçage permet de récupérer beaucoup de détails qu’on pense absents. Le mode de développement que j’appelle ici HDR-SDR est également un outil puissant et très facile puisque disponible par défaut dans lightroom et camera raw. Je l’utilise de plus en plus souvent.

Il est également intéressant de voir qu’on peut très souvent n’utiliser qu’un seul cliché, exposé à droite, au lieu de faire des fusions d’exposition plus ou moins complexes. En faisant cela, on minimise les artefacts de fusion et l’augmentation du bruit qui se produit quand on débouche les tons sombres.

2 commentaires sur “Récupérer un ciel surexposé”

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