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Photoshop et affichage HDR

Photoshop niveau avancé

Comment développer dans photoshop pour un affichage sur un écran HDR. Avantages, outils disponibles ou non, comment exporter.

Cet article est évidemment plus intéressant si vous disposez d’un écran HDR ( (High Dynamic Range ou large dynamique) et si vous regardez cette page avec un navigateur qui prend en charge les photos optimisées pour ces écrans, comme Chrome et les navigateurs basés sur chromium.
Dans ce cas, vous devez voir une étiquette « HDR » en bas à gauche.
Attention, les photos HDR sont parfois un peu plus longues à afficher sur le site et il peut être nécessaire de rafraichir la page pour voir la photo ci-dessous.

Si vous voyez un rectangle gris sans écriture, vous n’êtes pas en conditions HDR. Ce que vous voyez c’est l’image SDR qui est affichée par défaut. Les généralités sur le mode d’affichage HDR et comment en profiter sont présentées dans cet article.

Jument camarguaise- image HDR
Jument camarguaise

Dématriçage et traitement du raw

Comme pour tout fichier raw, la première étape, le dématriçage, est à faire dans lightroom ou dans camera raw.

On peut utiliser n’importe quel profil pour le dématriçage :
– un de ceux fournis par Adobe (paysage, couleur, éclatant…)
– un profil fourni par le fabricant du boitier, dans la rubrique camera matching accessible en cliquant sur l’icone à droite du menu profil
– le profil du boitier établi par nos soins avec une charte de couleur. C’est celui que j’utilise par défaut
– ou bien encore un profil linéaire établi par nos soins, ou plus générique correspondant au type de boitier et récupéré sur le site d’Olivier Rocq.

Pour ce qui est de l’étape de préparation du raw, j’ai détaillé les différentes étapes dans cet article, je n’y reviens pas.
Il est important dès cette étape de bien préparer ce qui sera affiché sur les écrans SDR.

Si la photo est ouverte par Camera raw, alors on peut à ce stade effectuer le débruitage ou l’amélioration des détails bruts. Mais si elle est ouverte dans lightroom, comme cela crée un nouveau fichier, au format dng, je ne le fais pas à ce stade puisque l’ouverture dans photoshop en créera également un au format tif ou psd.

Mais il y a des étapes de développement qui ne peuvent pas être faites dans lightroom ou camera raw, ou qui sont en tous cas bien plus faciles à faire dans photoshop.

Profondeur d’image et espace colorimétrique HDR

Suivant la façon dont vous avez paramétré photoshop, il est possible que vous ayez un message de non concordance des profils quand vous ouvrez votre photo dans photoshop.

Lorsqu’une image raw est traitée en mode HDR dans lightroom ou camera raw, elle est automatiquement codée sur 32 bits, et son espace colorimétrique est le linear Rec 2020. Rec.2020 est un standard de l’industrie audiovisuelle pour l’ultra haute définition (UHDTV). Le mode 32 bits impose que son gamma soit linéaire.

A l’ouverture dans photoshop il faut donc toujours conserver le mode 32bits et l’espace colorimétrique hérité de lightroom ou camera raw, le linear rec 2020.
Dans le menu image > mode, on peut vérifier qu’on est bien en 32 bits et cela apparait aussi dans le nom de l’onglet : xxx (RVB/32)

Conséquences du codage en 32 bits dans photoshop

La profondeur de codage (ici 32 bits) définit la quantité d’informations chromatiques disponibles pour chaque pixel dans une image. Plus le nombre de bits d’informations par pixel est élevé, plus il y a de couleurs et plus la représentation de ces couleurs est précise sur l’image.

Initialement photoshop ne travaillait qu’avec des images en 8 bits (jpeg notamment). Certains filtres de photoshop, ne fonctionnent encore qu’avec des images 8 bits.
Les niveaux de chaque canal R, V et B pour les images en 8 bits sont exprimés de 0 à 255 du plus sombre au plus lumineux.

Lorsque photoshop a pris en charge les images 16 bits, ce qui correspond à 65536 niveaux pour chaque canal, la numérotation de 0 à 256 a été conservée pour plus de lisibilité au lieu d’indiquer les niveaux de 0 à 65536.

Que ce soit en 8 ou en 16 bits, le noir pur (0,0,0) et le blanc pur (255, 255, 255) sont définis. Dans ces deux cas, en mode L*a*b*, la composante de luminance (L) est comprise entre 0 et 100.

Mais dans le mode HDR, il n’y a pas de « plafond » à 100% de luminosité. Le qualicatif HDR s’applique à des écrans qui sont certes toujours plus lumineux que les écrans standards mais qui le sont plus ou moins. La luminosité d’un écran HDR peut aller de 600 à 1000 nits, voire jusqu’à 4000 nits pour des modèles haut de gamme.

En 32 bits, le 0 correspond au noir pur du 8 ou du 16 bits, la valeur 1000 au blanc pur du 8 ou 16 bits mais on peut aller bien au dela. En 32 bits on peut ainsi avoir des valeurs 2000, 4000, 8000, chaque doublement de valeur correspondant à un stop et il n’y a théoriquement pas de plafond.

Développement dans photoshop en 32 bits

Du fait de ce codage en 32 bits, plusieurs outils de photoshop ne sont pas disponibles. Cependant Adobe s’étant nettement engagé dans l’affichage HDR d’anciens outils sont adaptés régulièrement et d’autres sont développés nativement pour ce codage.

Certaines fonctionnalités qui n’étaient pas accessible en 32 bits ont été récemment mises à jour, notamment  l’histogramme qui affiche maintenant les zones HDR, ainsi que :

Outils : Densité +, Densité -, Pinceau d’historique, Pot de peinture, Éponge, Baguette magique, Lasso magnétique, Pinceau de correction, Correcteur localisé, Pinceau, Outil de suppression, déplacement basé sur le contenu, pièce, yeux rouges

Calques de réglage : Noir et blanc, Balance des couleurs.

Cependant de nombreux filtres ne sont pas disponibles et beaucoup de plugins ne prennent pas non plus en charge les images 32 bits. Si vous utilisez des plugins externes (DXO, Topaze, Nik collection…) je vous propose de vérifier leur compatibilité avec les images 32 bits régulièrement car ces programmes évoluent fréquemment et avec le développement de l’affichage HDR, il est probable qu’ils évoluent également pour les prendre en charge.

Si la photo est dans lightroom classic (LRC) je conseille fortement de l’ouvrir en tant qu’objet dynamique dans photoshop.
On peut alors la réouvrir dans Camera raw pour y faire le débruitage ou l’amélioration des détails.

Il n’est pas possible de détailler outil par outil, fonction par fonction tout ce qui est accessible ou non en mode 32 bits, mais voici un résumé des points essentiels.

Outils de nettoyage

Une des premières raisons de passer dans photoshop, c’est le nettoyage des défauts et suppression d’éléments.
Tous les outils fonctionnent sur des images 32 bits, y compris des très anciens comme l’outil pièce. Mais parfois le résultat est mauvais, en particulier dans les régions qui sont au-dessus du blanc 100% du 16 bits. Dans ce cas, le tampon de duplication reste parfaitement efficace.

Le remplissage génératif, basé sur l’IA et consommateur de crédits IA, n’est pas disponible actuellement pour les images en 32 bits


Lorsque j’ai terminé les réglages sur le fichier raw, dans lightroom et/ou dans camera raw, je commence en général par cette étape, avant d’ajouter des calques de réglage. De la sorte ceux-ci s’appliquent sur l’image corrigée.

Calques de réglage

Certains calques de réglage (cadre rouge ci-contre) ne sont pas accessibles en mode 32 bits. C’est en particulier ceux qui modifient les couleurs, comme le calque de correction sélective, la courbe de transfert de dégradé ou la vibrance. En revanche le calque de teinte saturation, dont l’action est plus limitée, est disponible.

D’autres, encadrés en orange ci-contre sont accessibles mais ne fonctionnent qu’en SDR. Dès que l’on ajoute ce type de calque, on voit sur l’histogramme que l’on repasse en mode SDR. C’est le cas des calques de dégradé, de motif, mais aussi de luminosité contraste. Il faut donc les éviter. Tous les autres sont disponibles, avec parfois une apparence et des réglages particuliers.

Le calque de niveaux conserve bien la zone HDR mais l’échelle est graduée en valeurs SDR, de 0 à 255, tout comme le calque de courbes, ce qui est assez curieux sachant que dans une image en 32 bits, les valeurs de luminance peuvent dépasser ces valeurs.

Courbe en mode 32 bits HDR

Photoshop convertit temporairement les valeurs HDR pour les adapter à un affichage SDR (pourquoi alors qu’il ne le fait pas dans le sélecteur de couleur, c’est un mystère).

La courbe

Le calque de réglage « courbes » affiche une nouvelle zone, séparée en 4 sous-zones correspondant aux différents « crans » HDR.

Dans l’exemple ci-contre, il n’y a dans l’image aucune valeur de luminosité dans les 3 crans HDR de droite. Si je tire le curseur des blancs (en bas à droite) vers la gauche, on pourrait croire qu’on écrête les blancs comme semble le montrer le plateau en haut de la courbe (le cadre bleu). Mais quand on regarde bien, ce « plateau » est dessiné en pointillés (pas très visibles il est vrai). Ces pointillés indiquent qu’au contraire, les valeurs mopntent au dessus de l’échelle de gauche, donc avec une valeur de sortie supérieure au 255 indiqués. Ce n’est pas très parlant il faut bien le dire !

Le sélecteur de couleur

Sélecteur de couleur HDR

L’image ci-contre est une copie d’écran (SDR) mais quand vous ouvrez le sélecteur de couleur en mode HDR, on peut être ébloui !
On note des différences importantes par rapport à son aspect en 8 ou 16 bits :
– En haut, l’échelle est graduée en stops. La couleur sélectionnée est dans la zone « nouveau » et celle précédemment sélectionnée dans la zone « actif ».

Le curseur « intensité/sélecteur de couleurs » permet d’ajuster la luminosité au-delà des limites SDR (0-255). La valeur affichée (ici +2,07) représente l’exposition relative en stops photographiques
– En mode HDR 32 bits, les valeurs RVB sont exprimées en nombres à virgule flottante. Des valeurs peuvent être supérieures à 1, permettant de représenter des couleurs plus lumineuses que le blanc standard. La valeur RVB en mode 8/16 bits est et ses paramètres TSL sont rappelés en bas à droite.

– Lorsque la case « relatif au document » est cochée, les valeurs sont interprétées dans le contexte de l’exposition et du gamma du document actif.
– Lorsque la fréquence d’aperçu est à 1, l’aperçu est mis à jour en temps réel. Cette valeur peut être modifiée pour des systèmes moins puissants.

Les masques

Un masque est composé de pixels dont l’opacité varie de 0 à 100%. Le blanc pur en mode 8 ou 16 bits correspond à une opacité de 0%. Comme on ne peut pas être moins opaque que 0%, on ne peut pas avoir un masque 32 bits dont la luminosité serait supérieure à 100%. On peut donc toujours ajouter un masque sur un calque mais celui-ci sera toujours en 8 ou 16 bits.

Avec le pinceau et le sélecteur de couleur, on peut choisir un blanc de valeur 3.5 en 32 bits. Mais sur le masque il peindra toujours avec la valeur 1.0 au maximum (soit 2.55, 255, 255).

Les couches – masques de luminosité

Les couches sont également toujours en mode 16 bits maximum.
L’inconvénient c’est que sur les couches cela produit un écrêtage qui se traduit par des zones avec des aplats sans détails. Utiliser une couche pour produire un masque de luminosité est par conséquent assez problématique.
A noter que le plugin Lumenzia développé par Greg Benz permet de contourner cet écueil comme expliqué dans cette vidéo (en anglais mais sous titres français disponibles). C’est également le cas du plugin TK9 de Tony Kuyper dans sa version V3 présentée en français par Rafael Coutinho dans cette vidéo. A noter que ces deux plugins offrent bien d’autres outils que les masques de luminosité, et bien entendu pas seulement pour les photos en 32 bits !

Les modes de fusion

Modes de fusion en 32 bits

Du fait des calculs effectué pour comparer les pixels du calque du dessus et du dessous, tous les modes de fusion ne sont pas disponibles en mode 32 bits.

Aucun mode de fusion de contraste n’est accessible, notamment incrustation, lumière tamisée et lumière linéaire, ce qui bloque par exemple la possibilité d’utiliser les outils de color dodge ou de séparation de fréquence.

Le mode de fusion produit est disponible mais pas son inverse, le mode superposition.

Exportation

Pour qu’une photo développée en mode HDR soit visible dans ce mode il faut respecter certaines conditions (écran, navigateur) qui sont détaillées sur cette page. Mais il faut aussi qu’après avoir été développée, elle soit exportée dans un format qui conserve la dynamique pour la montrer sur un écran HDR et qui présente une version agréable sur les écrans SDR. On peut enregistrer la photo développée dans photoshop, la récupérer dans lightroom et l’exporter depuis lightroom en format jpeg ou avif avec dans les deux cas une carte de gain comme expliqué dans cet autre article.

Mais on peut également faire l’exportation directement depuis photoshop.
Dans la plupart des cas il faut exporter la photo dans sa taille d’exploitation finale. Par exemple 1080 px pour instagram. Si vous soumettez une photo plus grande, au moment de la mise en ligne elle sera redimensionnée et cela fait perdre la carte de gain.

Le plugin de Greg Benz Web Sharp Pro est extrêmement puissant de ce point de vue.
Il permet de garder le mode HDR en exportant dans différents formats prédéfinis, dont ceux pour les réseaux sociaux, mais également de définir ses propres formats d’exportation. Mais surtout il donne la main sur l’image qui sera affichée sur les écrans SDR, ce qui permet d’optimiser cet affichage bien mieux que dans lightroom ou camera raw avec le simple bouton « affichage HDR ».

Détailler les différentes options de ce plugin serait trop long dans le cadre de cet article mais Greg a fait de nombreuses vidéos et tutos sur son site et sur sa chaine youtube (en anglais mais sous titres disponibles en français).

Conclusion (temporaire !)

Certes, on est encore limité sur certains outils de développement avec photoshop pour les images en 32 bits mais ceux disponibles permettent tout de même beaucoup de choses. Il faut surveiller les mises à jour qui seront faites par Adobe dans le mois qui viennent.

2 commentaires sur “Photoshop et affichage HDR”

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