
Comment avec lightroom développer une photo pour exploiter toute la dynamique des écrans HDR ?
Pour « profiter » de cet article il est évidemment préférable d’avoir un écran HDR et un navigateur comme chrome ou ses dérivés (ni firefox, ni safari…). A défaut vous ne verrez que des images « standard », sans la dynamique des images HDR.
Affichage HDR
Un petit rappel pour commencer : on parle ici d’affichage et non de fusion HDR. Dans les deux cas, HDR est l’acronyme de High Dynamic Range qu’on peut traduire en dynamique étendue, la dynamique étant l’écart entre les hautes et les basses lumières.
Ce qu’est un affichage HDR et les conditions à réunir (contenu, écran, navigateur) pour en profiter sont détaillées sur cette page.
Dans cet article, j’utilise Lightroom classic (LRC) mais on peut faire exactement la même chose avec Adobe Camera Raw (ACR).
Pour activer la prise en charge du mode HDR dans Camera Raw, allez dans les préférences de photoshop, >gestion des fichiers>préférences de Camera raw>valeurs par défaut et cochez « activez la modification HDR par défaut pour les photos HDR et redémarrez Photoshop.
Activer l’affichage HDR dans Lightroom
Lorsque j’ouvre le raw ci-dessous dans LRC, il s’affiche comme à gauche ci-dessous. Son histogramme est bien centré, on ne voit pas de pic collé contre le bord droit de l’image.
En module développement, juste en cliquant sur le bouton « HDR » situé sous l’histogramme, sans avoir fait aucun réglage, la photo s’affiche comme on le voit à droite. Les reflets métalliques des ailes sautent aux yeux !
Dans l’histogramme, une nouvelle zone apparait à droite, correspondant à ce qu’un écran HDR peut afficher mais qui est écrêté lorsque l’image est affichée sur un écran SDR. On voit qu’il y a des pixels plus lumineux que le blanc 100% du mode SDR. Ces valeurs ont bien été enregistrées par le capteur de mon boitier, ce serait dommage de ne pas les exploiter !
Même si votre écran et/ou votre navigateur ne permet pas un affichage HDR, vous voyez quand même probablement que le bleu est plus saturé et plus lumineux lorsque le bouton HDR est sur on. Le mot HDR sous l’histogramme est affiché en rouge dans ce cas pour vous indiquer que vous êtes en SDR.




Développer l’image HDR dans lightroom
Cette image est un raw provenant de mon boitier Fuji XT4, avec le Laowa 65mm macro. Comme c’est une optique manuelle, l’ouverture réelle n’est pas affichée. Mais la photo est prise à 1000 iso. La première étape est donc de débruiter. J’utilise pour cela la fonction de réduction du bruit de lightroom. Cela crée un fichier dng sur lequel je poursuis le développement.
Remarque : si je sais que je vais poursuivre ce développement dans photoshop, je fais cette étape en ouvrant le fichier en tant qu’objet dynamique dans photoshop. En double cliquant sur le calque dynamique, cela ouvre camera raw et je poursuis dans ACR ce que je vais faire ici. Cela évite d’avoir 3 fichiers pour la même image : le raw de départ, le dng issu du débruitage et le psd ou le tiff de photoshop. Camera raw fait le débruitage dans le même fichier (nul doute que cela ne soit le cas un jour dans lightroom !)
Je poursuis donc le développement sur le dng avec réduction du bruit avec le bouton HDR on, en réglant les différents curseurs de luminosité, teinte, effets….

Pour donner plus de pérsence à la libellule, je sélectionne l’arrière plan pour l’assombrir et le désaturer légèrement à l’aide d’un masque.
Sur un masque de sujet j’ajoute un peu de texture pour renforcer la netteté discrètement.
Je fais une sélection de la tête en créant un nouveau masque de sélection du sujet. Sur ce masque, j’ajoute un dégradé radial autour de la tête. En maintenant la touche alt au moment d’ajouter ce masque dans le précédent, le bouton se transforme en « intersection », ce qui permet de ne sélectionner que la tête de l’insecte sans l’arrière plan. J’ajoute un peu de luminosité et de clarté sur la tête.
Rien de particulier ici : les masques fonctionnent de la même façon sur une image normale ou sur une image HDR.

On peut visualiser les zones de la photo qui sont dans la zone HDR en cliquant sur le bouton visualiser HDR dans le panneau de développement.
Parler d’un écran HDR c’est réducteur : il y a des écrans qui ont une luminosité meilleure que celle qu’un écran SDR mais qui reste malgré tout limitée, alors que certains écrans ont des capacités HDR très étendues. Pour rendre compte de ces différences, dans lightroom il y a 4 « crans » HDR. Cela permet de limiter le développement à certains types d’écrans si on le souhaite. Si on pousse beaucoup les curseurs en développement HDR, on peut même créer des pics à droite de la 4eme zone ! et sur des écrans limités au premier ou au deuxième cran, les blancs seront brulés. Chaque cran correspond à 1 stop.
Quand ce bouton est coché, on visualise sur la photo avec un code couleur (celui qui est dans l’histogramme) les zones impactées par le réglage HDR et jusqu’à quel cran.
Préparer la photo pour les écrans SDR


A ce stade, la photo est sympa avec le bouton HDR on. On pourrait être tenté de la laisser comme ça.Mais sur un écran SDR elle est nettement moins belle que ce qu’on aurait pu obtenir avec un développement standard. Et pour s’en apercevoir, dans LRC, il suffit de décocher le bouton HDR.
Attention : quand on développe en HDR et qu’on décoche cette option, on a TOUJOURS l’impression que l’image devient moche, terne, peu saturée ! (en vrai, c’est le cas 😁)
C’est le même décalage que quand on veut imprimer sur papier une image de feux d’artifice ou de fête foraine avec des tons très lumineux et saturés. Les encres ne peuvent pas rendre ce qu’on voit sur l’écran.
Cependant on peut quand même travailler la photo HDR pour que son rendu sur un écran HDR soit agréable.
Au lieu de décocher le bouton HDR, on coche le bouton SDR qui se trouve dans le panneau de développement.
A l’aide des différents curseurs, on ne travaille alors que sur la version qui sera présentée avec un affichage SDR.
Il n’y a pas de règle, chaque photo est différente. Il est parfois nécessaire par exemple de renforcer la saturation des hautes lumières ou au contraire de la diminuer. On peut décocher de temps en temps le bouton HDR pour voir l’image en mode « normal ». On a en général un rendu un peu différent entre le mode normal et le mode SDR de la photo HDR mais on peut tout à fait faire un développement aussi satisfaisant.
Voici le résultat de ce développement. Si votre écran est HDR, pour voir son apprence sur un écran SDR, vous pouvez utiliser un navigateur qui ne prend pas en charge les images HDR comme Firefox ou Safari (janvier 2025, cela changera surement !). L’image me plait également sur un écran SDR, mais franchement, je préfère la version HDR !

Exporter en conservant le format HDR

Lightroom classic et ACR proposent plusieurs formats d’exportation qui conservent les propriétés HDR. Tous ceux qui sont encadrés de vert ci-contre le proposent.
Cependant encore faut-il pouvoir utiliser la photo exportée. Les formats de publication sur le web permettant l’affichage HDR les plus fréquents à ce jour sont le Jpeg et l’AVIF, tous deux sont constitués de deux parties indissociables: une image et une « carte de gain ». Tous deux donc permettent avec un seul fichier de voir la photo sur tous types d’écrans.
L’image est par défaut au format SDR. C’est cette version qui est donc affichée, SAUF si les conditions sont réunies pour un affichage HDR. Dans ce cas, la carte de gain est utilisée. Schématiquement, c’est une série d’instructions mathématiques qui dit comment réétaler les pixels pour tirer partie de la dynamique étendue de l’écran.


Le format AVIF est actuellement moins répandu que le format Jpeg mais il est plus intéressant car il a une profondeur de bits supérieure (10 au lieu de 8), c’est à dire 1024 niveaux par couche RVB au lien de 256, ce qui permet une reproduction des couleurs plus précise et évite des artefacts de type banding dans les dégradés par exemple.
Le sRGB est basé sur les normes Rec 709, utilisées notamment pour la télévision HD et les écrans SDR classiques.
Son gamut est conçu pour correspondre à la capacité des écrans standards du début des années 2000.
Rec 2020 est une norme plus récente, conçue pour les contenus HDR et les écrans modernes. Son gamut est significativement plus large que celui de sRGB.
AVIF permet également une meilleure compression que JPEG, tout en préservant plus de détails dans les hautes lumières et les ombres. Mais actuellement il y a encore des limitations avec le format AVIF qui n’est pas supporté partout.
Par exemple, sur cette page web, je ne peux pas inclure d’image AVIF dans certaines galeries ou blocs.
Pour rappel : tous les sites web ne permettent pas d’afficher des images en HDR. Ce n’est en particulier pas le cas de Facebook, de Flickr… et d’autres. On peut le faire sur Instagram mais pas au format AVIF.
Attention, si vous prévoyez d’exporter pour publier sur instagram, d’après Greg Benz qui est un spécialiste de la question, il faut un encodage particulier pour les photos HDR et l’exportation depuis LRC ou ACR ne fonctionne pas. En revanche celle depuis son plugin Web Sharp Pro (depuis photoshop) est très rapide et parfaite.

La même photo HDR avec carte de gain, exportée au format Jpeg pèse 732 ko, contre seulement 445 au format AVIF en qualité maximum. Espérons que ce format se répande de plus en plus !
Et si je n’ai pas d’écran HDR ?
Et bien même sans écran HDR c’est très intéressant de développer ses photos en mode HDR comme c’est montré dans cet article.