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Aurores boréales

Comment photographier le spectacle magique des aurores boréales ? Quel matériel, photo, quel temps de pose, quelles précautions faut-il prendre ?Comment photographier le spectacle magique des aurores boréales ? Quel matériel, photo, quel temps de pose, quelles précautions faut-il prendre ?

Quand photographier les aurores boréales ?

Formation des aurores boréales

Les aurores boréales (northern lights ou southern lights en anglais suivant qu’on les regarde dans l’hémisphère nord ou sud) se produisent en réalité toute l’année, de jour comme de nuit. Leur activité ne dépend que de celle du soleil et de l’interaction des particules et rayonnements qu’il émet avec la magnétosphère terrestre. La « forme » de cette magnétosphère fait que la probabilité de voir des aurores augmente lorsque l’on se rapproche des pôles, comme c’est expliqué plus en détail dans cet article. Pour avoir la chance de voir des aurores boréales en France, il faut que l’activité du soleil soit très intense, comme cela a été le cas en mars et en octobre 2024, et au premier janvier 2025.
Cependant, la lumière des aurores boréales étant malgré tout assez faible, même aux pôles, on ne peut pas les voir
– lorsqu’il fait jour.
– s’il y a des nuages
– si la lune est très lumineuse et que les aurores sont faibles

En règle générale, pour voir des aurores boréales, on va donc très au nord (il y a moins de régions favorables à l’observation dans l’hémisphère sud), de nuit, c’est à dire de l’autone au printemps mais pas en été quand la durée de la nuit est courte voire nulle, et avec un ciel dégagé. Et donc… il fait froid ! Voire très froid, surtout que les aurores étant des fées fantasques, parfois elles se font attendre.
Ces conditions imposent de prendre des précautions pour le matériel et pour le photographe.

Equipement du photographe

En fonction de la latitude et de la saison, il faut prévoir des vêtements chauds, et même très chauds. Surtout, pour les pieds et les mains et la tête. Mieux vaut empiler plusieurs épaisseurs. Il existe des chaufferettes, à usage unique ou bien sous forme de « galets » rechargeables en usb, qui diffusent une chaleur douce pendant plusieurs heures. Très pratique pour se réchauffer les mains ou les pieds en les glissant dans les bottes. Elles permettent également de garder les batteries au chaud. Une boisson chaude dans un thermos c’est aussi une bonne idée.

Différentes marques proposent des gants pour photographes : ce sont des mitaines avec une partie mouffle qui se rabat. Cela permet de garder les doigts au chaud mais de pouvoir les découvrir facilement pour faire un réglage sur le boitier par exemple. On peut mettre des gants de soie ou autre dessous en plus et de grosses mouffles bien chaudes au dessus quand il fait très froid.

Quand on « chasse » les aurores, on est souvent appelé à se déplacer dans un véhicule pour chercher une région moins nuageuse ou un meilleur point de vue. Il faut éviter de trop chauffer la voiture. En effet, les changements brutaux de température occasionnent de la condensation sur les objectifs, mais aussi potentiellement sur le capteur. En voiture, quand on sort prendre des photos, c’est une bonne idée de mettre aussi le sac photo dehors, ouvert, pour qu’il se refroidisse comme le boitier. De retour dans la voiture, mettre le boitier dans le sac fermé. Cette précaution ralentit considérablement la formation de buée. Au retour dans le logement, laisser également le boitier dans le sac fermé jusqu’au lendemain pour qu’il remonte lentement en température sans condensation.

Matériel photo

Boitier

On a rarement le choix de son boitier, à moins d’être très riche ! Les photos d’aurores se prennent (en gros) avec la vitesse la plus rapide possible. Même si les logiciels de dématriçage (lightroom, camera raw, DXO) ou de débruitage (denoise ou photo AI de Topaze) permettent de traiter le bruit en post traitement, mieux vaut avoir un boitier récent, qui permet de monter dans les iso en limitant le bruit du capteur.
En revanche l’autofocus et la stabilisation ne sont pas des fonctions importantes ici.

Objectifs

Idéalement il faut un ultra grand angle (UGA) très lumineux. Le plus important à mon avis c’est en réalité la focale : les aurores boréales sont visibles dans le ciel mais photographier une aurore sans premier plan, c’est vite lassant. Un UGA permet d’inclure un premier plan sans avoir à faire de panoramas ou de vertoramas (panos verticaux). On peut faire des panos avec des aurores mais c’est compliqué car elles bougent et les assemblages automatiques ne fonctionnent généralement pas. Mieux vaut l’éviter, et si on en fait, autant limiter le nombre de clichés à assembler.

Entre un 12mm APS-C (équivalent full frame = 18mm) ouvrant à f/2 et un 8mm (equivalent 12mm FF) ouvrant à f/3.5, je préfère le 8mm. Certes on perd en luminosité mais avec un boitier permettant la montée en iso on peut le compenser et le gain en angle de champ de prise en vue est important.
Si vous n’avez pas d’UGA, essayez d’en emprunter, d’en louer si c’est pour un voyage centré autour des aurores boréales, et dans tous les cas, prenez l’objectif avec la plus petite focale dont vous disposez.
Maintenant si vous avez un UGA qui ouvre à 1.2, vous êtes dans les conditions idéales !

Rappel : dans la suite f/1.2, f/1.7, f/2.5, f/3.5, f/5, chaque pas correspond à un doublement du temps de pose nécessaire pour avoir la même quantité de lumière sur le capteur. Donc entre f/1.2 et f/3.5, il y a une énorme différence : 8 fois !
Si vous faites une photo de 8 secondes à f/3.5 et 3200 iso, avec un objectif ouvrant à f/1.2 vous pouvez rester à 3200 iso et faire une pose d’une seconde seulement, ou bien choisir une pose de 2 secondes à 1600 isos, ou encore 4 secondes à 800 isos.

Accessoires

Pied photo

Ruban fluorescent

Indispensable. On ne fait pas des photos d’aurores boréales à main levée car le temps pose ne le permet pas. Comme on n’utilise pas de longues focales, il n’est pas nécessaire d’avoir un pied très lourd, les UGA étant généralement courts et pas très lourds. Cependant si il y a du vent, un pied photo bien stable est nécessaire. C’est comme toujours une histoire de compromis poids/stabilité.
J’ai ajouté sur le mien sur chaque pied un morceau d’adhésif phosphorescent. C’est tout simple mais la nuit, ça permet de voir où est le pied et d’éviter de se cogner dedans. Ca s’achète pour quelques euros sur des sites de vente en ligne. J’ai également mis un bout de ce scotch sur mes objectifs et sur mon boitier pour repérer les positions utilisées pour changer d’objectif dans le noir. Très pratique.

Batteries

Dans le froid, les batteries tiennent moins longtemps. Ce serait vraiment dommage d’interrompre une superbe nuit avec des aurores boréales faute de batterie.
Première précaution : en avoir plusieurs et les garder au chaud contre soi. Deuxième solution : se munir d’une powerbank puissante. Bien vérifier avant d’acheter et tester avant de partir que la puissance est suffisante pour alimenter le boitier et que le cable (important !) est adapté. Certains cables ne le sont pas, j’en ai fait l’expérience. J’utilise aussi cette solution chaque fois que je prévois de laisser le boitier en fonction longtemps (timelapse, et astrophoto en particulier).

Télécommande

Pour éviter de toucher le boitier (et d’enlever les gants) une télécommande c’est bien pratique. Il y en a à partir d’une vingtaine d’euros chez de nombreux fournisseurs. Vous pouvez aussi utiliser l’écran tactile si vous en avez un, c’est une solution que j’utilise beaucoup, et bien entendu, vous servir du mode de prise de vue en timelapse pour prendre des séries de photos. En tous cas, on ne touche pas au déclencheur, sauf à mettre un retardateur pour éviter de faire bouger le boitier.

Autres accessoires

Cartes mémoires. Prévoyez de la place ! A moins d’habiter dans une région où les aurores sont fréquentes (et dans ce cas il y a fort à parier que vous n’êtes pas en train de lire cette page), des aurores boréales vous n’en verrez pas tous les jours. Prenez toujours au moins deux cartes et vérifiez avant qu’elles sont en bon état. Et si vous faites des vidéos ou des timelapses prévoyez encore plus large, les cartes se remplissent vite avec ce sujet.

housse protection autoadhésive pour objectifs et boitiers

Pour protéger le boitier du froid et de la condensation, mais aussi pour le protéger des chocs dans un sac, j’utilise une housse de protection pliable autoadhésive. C’est en fait un carré d’un « tissu mousse » autoadhésif, super pratique. On en trouve autour de 20 € dans plusieurs marques (Neewer sur Amazon, K&F, Tarion …). C’est aussi très utile pour protéger le boitier quand on se balade et qu’il bruine légèrement (pas en cas de forte pluie bien entendu). J’en ai plusieurs, pour protéger objectifs et boitier. Ca sert aussi de chiffon pour essuyer le boitier en cas d’urgence.

Lampe frontale avec lumière blanche/rouge. C’est indispensable, surtout si vous vous déplacez à pied pendant la séance. Il faut environ 20 minutes à nos yeux pour s’adapter à l’obscurité. Contrairement à la lumière rouge, la lumière blanche d’une torche, ou pire de phares de voiture peut remettre ce compteur à 0. Pensez à vos voisins qui prennent des photos aussi et ne les éblouissez pas. Une lumière rouge est utile pour vérifier les réglages sur son boitier quand il fait nuit, chercher une chaufferette dans le sac à dos…

Gaffer. Le gaffer, c’est une sorte de scotch très utile en photo car on peut le coller et le décoller facilement, il ne laisse pas de trace sur le matériel. J’en ai toujours dans ma trousse d’accessoires et j’en ai même collé des morceaux sur le pied photo pour en avoir toujours sous la main. Ca me sert par exemple à bloquer la bague de mise au point ou de zoom pour m’éviter de dérégler l’objectif accidentellement.

Préparer sa sortie

Oval boréal et probabilité de voir des aurores
Oval boréal et probabilité de voir des aurores

Sur cette page, j’ai indiqué comment utiliser l’application Sun Surveyor pour préparer une sortie photo. Cela reste valable pour préparer une soirée aurores boréales car le choix d’un point de vue assez dégagé, sans fils électriques, avec un premier plan intéressant, ça reste indispensable pour profiter au mieux de ce spectacle et revenir avec une belle photo.
Dans l’hémisphère nord, les aurores boréales sont généralement en direction du nord. Mais attention, dans les régions les plus septentrionales, comme l’ovale boréal n’est pas juste au dessus du pôle et qu’il est incliné, elles peuvent être plutot d’est en ouest. Un bon conseil : demander aux locaux dans quelle direction ils les voient le plus souvent. En tous cas c’est rarement vers le sud, sauf si l’activité du soleil est particulièrement forte.
Ce n’est pas au pôles que la probabilité de voir des aurores boréales est maximale mais en dessous. La largeur de cet ovale varie en fonction de l’activité solaire et il se déplace avec la nuit.

Aurore boréale en Occitanie, octobre 2024

Le spot idéal a une vue dégagée vers le nord l’est et l’ouest avec un joli premier plan (montagnes, lac ou mer pour les reflets, moulin, arbre …). Facile à dire ! Prévoyez plusieurs spots pour pouvoir vous adapter en fonction de la direction des aurores, ainsi qu’en fonction de la couverture nuageuse.
Etre proche d’une route, c’est confortable mais c’est une source de pollution lumineuse très gênante. Quand pile au bon moment, il y a une voiture qui arrive plein phares face à vous, c’est rageant. Et dans les pays nordiques, les phares sont puissants !
Attention aussi à prévoir un endroit où vous pouvez garer la voiture et poser votre trépied sans danger. Les routes sont parfois étroites et les gens roulent vite.

Si les aurores sont prises depuis des latitudes basses, en cas de tempête solaire, elles sont généralement roses et pas ou peu vertes. Elles sont en réalité très haut dans le ciel (même si on les voit à l’horizon !) et vers le nord. Ces aurores sont peu mobiles, donc avec peu de drapés. Un ciel tout rose avec aucun autre sujet c’est pas très intéressant. Si des aurores sont annoncées comme possible, cherchez à l’avance un premier plan orienté vers le nord pour ne pas être pris au dépourvu.

Il faut également essayer de prévoir la météo, quitte à se déplacer de quelques kilomètres pour avoir moins de nuages. En bord de mer en particulier, cela peut faire toute la différence. Utilisez des applications pour évaluer la chance d’en voir. Tout ceci est déjà détaillé sur cette page. Si la météo est bonne et que vous êtes dans une région où les aurores sont fréquentes, comme du côté de Tromso qui s’est auto baptisée « capitale des aurores boréales », même si les prévisions d’aurores avec le Kp, ne sont pas top, si la météo est bonne, sortez ! parfois avec un Kp voisin de 0, il y a quand même des aurores magnifiques. Et s’il n’y a pas d’aurores mais pas de nuages, profitez des étoiles, elles sont superbes dans ces régions sans pollution lumineuse.
Attention pour les prévisions de phases de la lune. Avec sun surveyor ou photopills, pensez à ajuster le lieu. La visibilité de la lune (hauteur, durée) n’est pas du tout la même très au nord que sous nos latitudes. Et plus on se rapproche des pôles, plus cela change.

Maitriser les réglages de son boitier, même de nuit

Préparer sa sortie, c’est aussi savoir bien utiliser le mode manuel de son boitier. Mieux vaut s’entrainer de jour, car de nuit, si on doit se perdre dans les boutons et les menus on risque de rater le bon moment et de ne même pas en profiter avec ses yeux, trop occupé à se battre avec des réglages. Donc il faut savoir comment régler les isos, la vitesse en pose longue ou semi longue, l’ouverture de l’objectif et la mise au point manuelle. Sur certains boitiers, sur les molettes de réglage de la vitesse, on ne peut pas aller au-delà d’une seconde sans passer par les menus ou un réglage sur B ou T. Une fois qu’on sait le faire c’est très facile mais encore faut-il avoir pris le temps de le regarder avant.

Il faut également bien connaître la « résistance aux iso » de son boitier. Je veux dire par là qu’il est important de savoir jusqu’ou on peut monter les iso tout en gardant, après traitement de la photo (dématriçage et débruitage) un bruit acceptable.
Et pour cela, la meilleure façon de le savoir, c’est de faire des photos de nuit d’un ciel étoilé en faisant varier les isos et le temps de pose pour déterminer cette limite, ainsi que le temps de pose à ne pas dépasser avec la focale utilisée pour garder des étoiles nettes.
Il faut en effet avoir un temps de pose court. Le déplacement apparent des étoiles du à la rotation de la terre est d’autant plus sensible que la focale est longue. mais même avec un UGA, une pose longue se traduit par un trait au lieu d’un point sur la photo.
Entrainez-vous aussi par la même occasion à faire une mise au point manuelle sur les étoiles (voir ci-dessous) et à manipuler votre boitier de nuit.
Quand on voit des aurores boréales, surtout la première fois, mais en fait je pense pendant longtemps, c’est TRES excitant ! C’est beau, c’est inattendu, cela bouge, cela semble presque vivant, bref c’est merveilleux. Ce spectacle a donné naissance à quantité de légendes. Dans l’excitation, on prend le risque soit de rater les photos parce qu’on ne fait pas assez attention à ses réglages, soit de rater le spectacle parce qu’on passe son temps à chercher comment régler son boitier. C’est pour cela qu’il faut s’être entrainé autant que possible avant.

Aurore es-tu là ?

Surtout si vous les attendez au chaud chez vous, dans une pièce éclairée, il n’est pas toujours facile de savoir si les aurores sont là ou pas. En sortant dehors, les yeux ne sont pas encore habitués à l’obscurité. Prenez une photo ! A main levée, en mettant les isos assez hauts (sans surexposer quand même). La photo sera floue mais si il y a des couleurs, vous les verrez. Regardez dans différentes directions aussi.
Ce conseil reste valable même si vous êtes déjà dehors positionné sur le bon spot à les attendre. On peut aussi utiliser son smartphone pour faire ces tests.

Préréglage du boitier

Raw ou Jpeg, balance des blancs

Ca y est, vous êtes sur place, vous avez trouvé le bon spot et il fait presque nuit. Installez votre trépied, votre boitier.

Il va sans dire qu’il faut shooter en mode raw. Vous pouvez shooter en plus en jpeg si vous y tenez mais pour moi cela ne sert à rien, à moins de vouloir partager très très vite ses photos avec ses proches.
Petit rappel : en mode raw, la balance des blancs n’a aucune incidence. Du reste dans un fichier raw, il n’y a aucune indication de la valeur de la balance des blancs. Cela se corrige sans problème en post traitement.
La balance des blancs que vous choisissez va en revanche affecter la façon dont votre image est vue sur le live view. Vous pouvez laisser une bdb automatique ou bien la mettre sur une valeur de lumière du jour (5200 K) ou plus froide. Au choix ! Vous pouvez aussi la régler en cours de prise de vue pour que l’image sur le boitier soit la plus proche possible de ce que voyez à l’oeil, c’est pratique pour retrouver les couleurs lors du post traitement car la vignette enregistrée par le boitier correspond à ce réglage.

Mise au point manuelle

Faites la mise au point avant que les aurores ne soient là. Et si elles sont déjà là prenez quand même le temps de le faire soigneusement. C’est important car une mise au point ratée ça ne se rattrape pas.
– si votre objectif est un zoom, mettez le à la plus petite focale. Et si vous en avez, mettez un bout de gaffer dessus pour éviter que la focale ne change.
– ouvrez votre objectif au maximum (sauf si il est vraiment très mauvais à pleine ouverture). Les aurores sont à l’infini et on n’a donc pas besoin d’une grande profondeur de champ. Si vous voulez inclure un premier plan très proche (rochers, personnage…) pensez à faire un focus stacking plutôt que de fermer le diaphragme.

Il serait tentant de laisser le mode de mise au point du boitier en automatique. Mais les aurores bougent tout le temps, leurs « bords » ne sont pas nets, cela manque de contraste local, toutes bonnes raisons pour planter l’autofocus. Il faut donc absolument faire une mise au point manuelle sur un objet situé à l’infini, idéalement les étoiles. A défaut un lampadaire, une montagne, en tous cas quelque chose de très éloigné.

Les aurores sont toujours à l’infini, comme les étoiles. Mais attention, la position infini, en butée sur les objectifs, n’est jamais la bonne position pour la mise au point. C’est toujours légèrement avant.
– faites un préréglage de la mise au point en mode automatique sur un élément situé très loin.
– activez ensuite le mode de mise au point manuel,
– mettez vous en live view (la vue sur écran), zoomez au maximum sur l’écran et visez si possible une étoile ou une planète bien brillante (Jupiter ou Vénus sont top pour ça) et faites en sorte que le point lumineux soit le plus petit possible sur l’écran. Prenez une photo et regardez le résultat sur l’écran en zoomant. Refaites la mise au point jusqu’à obtenir l’image la plus nette possible.
Une fois cette mise au point faite, un bout de gaffer permet de la bloquer. Mais même avec cette précaution, pensez à vérifier votre mise au point en cours de séance.

Pour faire ces tests de mise au point, montez les isos à 1600, 3200, 6400 en fonction de la luminosité ambiante et de ce vos tests précédents vous auront indiqué comme limite supérieure des isos acceptables pour votre boitier et ouvrez le diaph au maximum.
Faites une premiere photo en mode priorité à l’ouverture (mode A sur la majorité des boitiers) et notez la vitesse proposée par le boitier.
Regardez le résultat, passez en mode manuel pour la vitesse, ajustez si necessaire le temps de pose.

Désactiver la stabilisation

Sauf exception (sur certains boitiers très récents), il faut désactiver la stabilisation quand on fait des photos en pose longue.

Les systèmes de stabilisation (boîtier ou objectif) fonctionnent en détectant et en compensant les mouvements du photographe.
Sur un trépied stable, ils peuvent détecter à tort de légers mouvements inexistants (dus aux microvibrations de l’appareil ou au vent) et essayer de les « corriger », introduisant ainsi des flous ou des oscillations.
Ce problème est particulièrement visible pour les poses longues. C’est ce qu’on appelle l’effet de chasse.
De plus, cette fonction de stabilisation consomme de la batterie pour rien et quand il fait froid, c’est bien d’économiser les batteries.

C’est particulièrement indispensable de désactiver la stabilisation quand on fait des timelapses (même avec des temps de pose courts !), sinon on a des petits décalages de mise au point entre les photos qui donnent un effet de scintillement, de flou très désagréable et impossible à récupérer en post traitement.

Certains boîtiers récents (par exemple, Olympus ou Nikon Z) détectent automatiquement qu’un trépied est utilisé et ajustent le comportement de la stabilisation pour éviter l’effet de chasse.
D’autres boîtiers Sony ou Olympus proposent des stabilisations optimisées pour des prises de vue spécifiques (astrophoto, etc.).
Dans ce cas, on peut laisser la stabilisation activée, en vérifiant bien son effet. Dans le doute, désactivez la, elle n’apporte rien pour les photos d’aurores boréales.

Photographier les aurores boréales

Réglages du boitier

Disons le de suite : il n’y a pas de recette miracle pour les aurores du genre « ouvrir à f/2 et exposer 10 secondes à 3200 iso » (même si en pratique c’est un bon point de départ pour la première photo !). Parce que les aurores varient, en étendue, en intensité, en couleur, en rapidité.
Alors il faut tester, regarder le résultat et ajuster.
Le graal : avoir avec les isos les plus bas possibles + une photo ni sous exposée ni surexposée + des étoiles nettes (pas de traits) + évidemment des aurores bien visibles. Idéalement, l’histogramme de votre boitier ne doit être collé ni à droite, ni à gauche.

Réglez les isos de votre boitier un cran sous la limite supérieure des isos que vous avez identifée au préalable comme acceptable, par exemple 3200 si vous savez que votre boitier peut encaisser 6400 isos.
Mettez un temps de pose d’environ 8 secondes à l’ouverture maximale de votre objectif grand angle et regardez le résultat.

Si c’est trop clair mais que les étoiles sont nettes alors vous pouvez baisser les isos. Si les étoiles sont à la limite du trait, alors diminuez le temps de pose.
Inversement, si c’est trop sombre, Augmentez le temps de pose et/ou les isos. Parfois on ne peut pas atteindre le graal, c’est comme ça…
Quand les aurores sont très fortes, qu’elles couvrent tout le ciel ou presque, elles peuvent carrément éclipser les étoiles. Dans ce cas, on règle le temps de pose de façon à avoir le plus joli drapé.
N’hésitez pas à faire plusieurs de photos en variant le temps de pose et les isos et prenez le temps de regarder le résultat sur l’écran du boitier pour vérifier la netteté et les zones de surexposition.

Quand les aurores sont lentes, on peut augmenter le temps de pose (surtout si on ne voit pas les étoiles). Mais quand elles sont rapides un temps de pose trop long donne un rendu flou, la photo est barbouillée de vert et c’est moche.

En résumé, pendant cette première phase, on cherche les réglages qui permettent de faire une photo nette avec la vitesse la plus rapide possible compatible avec des isos acceptables pour votre boitier.
Cette vitesse « rapide » sera cependant rarement en dessous de la seconde, bien plus souvent de l’ordre de 5 à 20 secondes. Bien sur, plus votre objectif est lumineux, plus il est facile d’assurer une vitesse rapide et donc de beaux drapés.

Exifs : 6400 iso, 40 secondes, f/3.5 8mm APS-C
Exifs : 6400 iso, 40 secondes, f/3.5 8mm APS-C
Exifs : 1600 iso, 4 secondes, f/3.5 8mm APS-C
Exifs : 1600 iso, 4 secondes, f/3.5 8mm APS-C

Les deux photos ci-dessus sont prises avec le même boitier le même objectif à 2 jours d’écart. La différence de luminosité et donc les conditions de prise de vue sont considérablement différentes !

Photos des aurores

Les aurores sont changeantes. Elles peuvent être faibles puis, au cours de la même soirée, se renforcer, devenir timides, changer de direction, de couleur. Il faut donc aussi adapter les réglages du boitier et vérifier à intervalle régulier que tout va bien.
Vérifiez que rien n’a bougé : focale, ouverture, mise au point

Si les aurores sont plus ou moins stables, une fois que votre boitier est bien réglé, surtout prenez le temps de regarder directement aussi les aurores ! Vous pouvez pendant ce temps mettre votre boitier en mode timelapse, avec le temps minimum entre deux photos. Cela permet de choisir ensuite la vue la meilleure. Parfois il y a même assez de photos pour faire un vrai timelapse. Il sera toujours temps de jeter les photos excédentaires par la suite si vous le souhaitez !

Sur et sous exposition

En général, plus les aurores sont fortes plus elles bougent. Même avec des temps de pose assez courts (de l’ordre de la seconde), on ne peut donc pas faire un bracketing d’exposition pour le ciel car les images successives ne se recouvrent pas assez. Et quand c’est cramé, c’est cramé. Il faut exposer à droite le plus possible mais sans y aller trop fort quand même. Exercice délicat quand la luminosité change !
On peut du coup être tenté de sous exposer. Mais là aussi c’est un problème : augmenter l’exposition en post traitement c’est toujours possible mais quand c’est bouché, c’est bouché ! et même quand ça ne l’est pas, quand on prend des photos à 3200 isos et qu’on augmente l’exposition ensuite, le bruit devint horrible, très difficile, voire impossible à récupérer en post traitement. L’IA c’est bien pour créer de faux détails là où le boitier n’en n’a pas capturé, mais bon, on prend des photos ou on fait des dessins ?

Si vous avez un premier plan, pensez à faire une photo qui expose correctement ce premier plan. En post traitement vous pourrez ensuite faire (dans photoshop) une fusion d’exposition pour la partie « sol » de votre photo. Dans l’excitation, j’ai oublié parfois de le faire et c’est bien dommage. Notamment lorsqu’il y a des lumières de villages qui sont forcément cramées quand on fait des poses de plusieurs secondes à 3200 iso !

Traitement pour un affichage HDR

Le mode d’affichage HDR, (High Dynamic Range, même terme mais pourtant différent de la fusion HDR), permet d’afficher des tons très lumineux. Il faut pour cela avoir un écran qui ait une dynamique supérieure à celle des écrans standards (dits SDR). C’est le cas de beaucoup de smartphones, de téléviseurs et bien entendu des écrans photo.
Il faut également avoir un navigateur internet compatible avec cet affichage. C’est le cas de chrome, Edge, brave, sur mac et PC. Safari (en janvier 2025) est compatible avec certains formats mais pas avec tous, en particulier pas avec le format AVIF.

Pour les photos d’aurores boréales, surtout quand elles sont fortes, avec des zones brulées quand la photo est développée de façon classique, le développement en mode HDR garde des détails dans ces zones et fait ressortir les étoiles qui sont souvent peu visibles autrement (et dans les ciels non pollués du nord de la Norvège, c’est un spectacle en soi !)

Mefjordvaer, Senja, Aurores boréales, HDR

La photo ci-contre a été développée pour un affichage HDR en utilisant l’excellent plugin Web Sharp Pro de Greg Benz pour l’exportation. Cette image est un jpeg dans lequel est inclus une « carte de gain » : cette carte indique pour chaque pixel de l’image comment ce pixel doit être affiché si le moniteur autorise un affichage HDR. Schématiquement cette carte indique « multiplie la luminosité par un facteur x ».

Si dans le coin en bas à gauche vous voyez écrit « HDR », c’est que votre écran et votre navigateur permettent l’affichage HDR. Plus l’écriture est blanche, lumineuse, plus les capacités de votre moniteur à afficher les hautes lumières sont élevées.
Si vous ne voyez qu’un rectangle gris, c’est que votre moniteur et/ou votre navigateur ne permettent pas l’affichage HDR. Dans ce cas vous voyez le jpeg « de base »

xifs : 6400 iso, 40 secondes, f/3.5 8mm APS-C
Aurore forte

Voici les deux mêmes photos que précédemment mais traitées pour un affichage HDR. Si vous ne voyez pas de différence, c’est que votre mode d’affichage est de type SDR (sandard dynamic range).

Panoramas

Lorsque les aurores remplissent tout le ciel, c’est vraiment tentant de faire des panoramas ! La difficulté c’est qu’avec un temps d’exposition de plusieurs secondes, si les aurores sont très mobiles, les raccords sont difficiles à faire. Dans la majorité des cas, il faut oublier la fusion panorama automatique de lightroom ou de photoshop. J’ai fait celui ci, qui correspond à un 360 degrés, en alignant manuellement les images et en masquant partiellement les zones de superposition. Oui, les aurores remplissaient 100% de la voute céleste, effet wahou garanti quand on est devant ce spectacle, même sans appareil photo !

Aurores boréales à 360° sur la plage de Kirkegard près de Gryllefjord, Senja, Norvège. Panoramique de 12 photos au 8mm.
Aurores boréales à 360° sur la plage de Kirkegard près de Gryllefjord, Senja, Norvège. Panoramique de 12 photos au 8mm.

Vraies couleurs ?

Question quasi rituelle sur les aurores : est-ce que la photo montre ce que vous avez vraimnt vu ? La réponse est : pas tout à fait.
Mais attention, les aurores se voient parfaitement avec les yeux ! Du reste si ce n’était pas le cas, on n’en aurait jamais parlé avant l’invention de la photographie couleur…

La nuit nous voyons très mal les couleurs car nous utilisons essentiellement les batonnets de la rétine qui sont sensibles à la luminosité mais pas aux couleurs. C’est pour cela que la nuit tous les chats sont gris.

Quand l’intensité des aurores augmente, jusqu’à parfois y voir presque comme en plein jour, cette lumière active notre vision des couleurs portée par les cônes verts rouge et bleus. La superposition partielle des spectres lumineux qui excitent ces cônes fait que nous sommes particulièrement sensibles au vert. A intensité lumineuse égale, on voit donc beaucoup mieux des aurores vertes que les roses, les violettes ou les bleues. Pour rappel il n’y a PAS d’aurores boréales blanches, même si des photos complètement fakes sont régulièrement reprises ici ou là.

Quand les aurores sont faibles, On a du mal à les voir à l’oeil nu. Prendre une photo, même avec le smartphone, permet de savoir si elles sont déjà là. En effet, nos boitiers voient bien mieux que nous les aurores boréales, ils ne sont pas affectés par ce changement entre des cônes et des bâtonnets. Les capteurs reproduisent notre vision diurne en étant composés de 2 photosites verts pour un seul rouge et un seul bleu. Comme nous donc ils voient mieux les aurores vertes que les roses ou les bleues. Mais ils les voient mieux que nos yeux quand elles sont faibles. Et de plus, avec nos boitiers nous faisons des poses longues qui accumulent le signal lumineux ce que nos yeux ne font pas.

Quand les aurores deviennent multicolores, comme j’ai eu la chance d’en voir sur l’île de Senja, OUI on voit les belles couleurs ! Mais il est vrai que la photo rend toujours mieux que ce qu’on voit à l’oeil nu, en particulier pour les roses et les bleus .
Mais toutes les aurores ne sont pas multicolores ! Certaines sont complètement vertes, d’autres, comme celles que l’on voit parfois sous nos latitudes, sont majoritairement roses.

Une galerie de photos sur les aurores boréales

Elle est à retrouver, avec d’autres photos de ce magnifique voyage en Norvège sur mon site de photo : fotoflo.net/europe/norway
Le format des photos de cette galerie est le format AVIF. C’est un format qui compresse beaucoup mieux les photos que le jpeg tout en conservant les paramètres HDR. En mode AVIF, quand le moniteur ou le navigateur ne peuventafficher l’HDR, une photo « SDR » est affichée.

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