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Raw, pixels et objet dynamique

photoshop niveau débutant Les notions de fichier raw et d’objet dynamique sont parfois confondues à tort. Confusion aussi entre le module et le filtre camera raw. Essayons de clarifier tout ça !

Différence entre un fichier Raw et une image pixellisée

Un fichier raw, c’est un fichier numérique, ce n’est pas une image. Ce que l’on voit dans l’écran du boitier ou sur l’ordinateur, c’est un aperçu, une traduction temporaire de ce fichier, une interprétation parmi de nombreuses autres possibles qui convertit ces données numériques enregistrées par le capteur vers une image visible. Cette traduction se fait en appliquant un profil qui convertit des valeurs de luminosité des photosites rouges verts ou bleu en une image matricielle composée de pixels. Chaque profil est comme une recette qui donne une image plus ou moins saturée, lumineuse, contrastée.
Tant que l’on reste sur le fichier raw, si on change de profil, on ne fait que changer l’interprétation des mêmes données numériques, qui elles ne sont JAMAIS modifiées. Ni lightroom ni camera raw ne modifient directement le fichier raw. Ils écrivent dans un fichier séparé des instructions comme « applique le profil adobe couleur, ajoute 3 points de blanc, enlève 5 points de noir… »

Si j’ouvre la photo depuis camera raw en choisissant « ouvrir » en bas à droite, ou si depuis lightroom classic, je fais un « clic droit > modifier dans > modifier dans photoshop » (raccourci, ctrl E), ce qui est envoyé dans photoshop dans les deux cas c’est une image pixellisée. C’est à dire que la traduction dont je parle ci-dessus est appliquée, non pas sur le fichier raw, qui lui reste toujours inchangé, mais dans un nouveau fichier qui s’ouvre dans photoshop avec un calque intitulé « Arrière plan« . Ce mot est écrit en italique, et ce calque est verrouillé par défaut.
Pour la suite j’appelle ce calque un calque de pixels ou une image pixellisée.
Si je double clique sur ce calque, photoshop propose de le renommer, par défaut en calque 0, mais je n’ai plus du tout accès aux paramètres du fichier raw qui a servi à le créer. Si dans LRC ou CR j’ai créé un masque de ciel et baissé les hautes lumières du ciel par exemple, je n’ai plus accès à ce masque ni à son réglage.
Cette « traduction » du fichier raw en image pixellisée est irréversible. On pourra bien entendu ensuite dans photoshop appliquer des corrections sur cette image en ajoutant par exemple une courbe pour baisser les hautes lumières, et mettre un masque sur cette courbe pour que cette modification ne se fasse que dans le ciel, mais on ne peut plus agir directement sur le raw.

Maintenant si dans camera raw, je choisis « ouvrir un objet » ou si dans lightroom je fais un « clic droit > modifier dans > ouvrir en tant qu’objet dynamique dans photoshop », ce qui s’ouvre dans photoshop c’est un nouveau fichier qui contient un calque particulier, un objet dynamique, qui lui-même contient le fichier raw. On fait souvent des raccourcis de langage qui font penser que l’objet dynamique c’est le fichier raw. Mais c’est faux. L’objet dynamique c’est un container, une boîte, qui contient ici un fichier raw. Mais un objet dynamique peut contenir beaucoup d’autres choses qu’un fichier raw comme c’est expliqué en détail sur cette page.
Si je double clique sur ce calque, photoshop ouvre camera raw et ceci même si le raw vient de lightroom car le module développement de lightroom et camera raw utilisent le même « moteur », les mêmes fonctions. Et c’est vraiment le fichier raw qui s’ouvre dans camera raw, pas la traduction de celui-ci que j’ai faite initialement dans CR ou LRC en appliquant un profil et des corrections d’exposition par exemple. Ce profil et ces corrections sont conservées, je n’ai pas besoin de refaire ce que j’ai déjà fait avant d’envoyer le raw dans photoshop (heureusement !) mais je peux les modifier, et je peux même réinitialiser ce traitement si j’ai changé d’avis et repartir à 0. Je peux changer de profil par exemple, ou bien ajouter, modifier ou supprimer des masques que j’aurais déjà fait avant.

Est-ce que cela fait une différence de traiter le fichier raw ou de traiter une image pixellisée ? Une image vaut mille mots…
Sur l’image ci-dessous, quand j’importe le raw dans lighroom, je vois que l’histogramme touche tout le bord droit, montrant que les hautes lumières sont surexposées.
A gauche j’ai ouvert le fichier raw dans photoshop comme un calque de pixel (ctrl E), j’ai appliqué une courbe pour baisser les hautes lumières et mettre le blanc qui est dans le cercle rouge à 97% de luminosité.
A droite, j’ai baissé les hautes lumières dans le fichier raw dans lightroom pour mettre également la valeur de luminosité à 97% dans le cercle rouge.
On voit de suite qu’on a beaucoup plus de détails dans le ciel, les nuages et le phare quand on a baissé les hautes lumières sur le raw.

Diminution des hautes lumières à gauche avec une courbe dans photoshop, à droite sur le fichier raw.

Convertir un calque de pixels en objet dynamique

On peut tout à fait convertir un calque de pixels en objet dynamique. On devrait plutot dire qu’on met une image pixellisée dans un objet dynamique. Pour cela on fait un clic droit dans l’espace vide à droite de la vignette du calque et > convertir en objet dynamique.
Cette conversion ne permet JAMAIS de revenir vers le fichier raw. Du reste, si maintenant on double clique sur cet objet dynamique, ce n’est pas camera raw qui s’ouvre. C’est un nouvel onglet de photoshop avec notre image dedans.
Alors à quoi ça sert de convertir un calque de pixels en objet dynamique ?

L’intérêt de travailler avec un objet dynamique contenant un calque de pixels c’est de rendre réversible certaines opérations qu’on va faire sur ce calque (mais encore une fois pas le retour vers le fichier raw). Bien entendu, si l’objet dynamique contient un fichier raw (donc qu’il ne provient pas d’une conversion d’une image pixellisée), ce qui suit est parfaitement valable également !
Ces opérations sont essentiellement de deux ordres : les transformations (redimensionnement, rotation, déformation…) et les filtres.

On ne travaille en réalité plus directement sur les pixels de l’image mais sur la boite (l’objet dynamique) qui les contient. Si je fais tourner cette boite ou que je la déforme, ce sont des instructions qui sont enregistrées par photoshop, du genre « fais une rotation de 12 degrés ». Mais cette rotation s’applique à la boîte et n’affecte pas directement les pixels. Si j’applique un filtre, de même le filtre ne modifie pas directement les pixels.
Cet usage des objets dynamique est illustré en détail sur cette page.

Différence entre le module Adobe Camera raw et le filtre camera raw

Autre source de confusion, il y a dans photoshop deux choses qui portent presque le même nom, qui ont presque la même interface et qui pourtant sont bien différentes : le module et le filtre camera raw.

Le module Adobe Camera Raw

Adobe Camera raw (ACR ou CR) c’est le module intégré à photoshop qui traite les fichiers raw.
Si on ouvre directement dans photoshop un fichier raw sans passer auparavant par lightroom, c’est ce module qui s’ouvre. En effet, photoshop ne SAIT PAS lire un fichier numérique venant du capteur. Il a besoin d’un outil de dématriçage qui traduise cette suite de chiffres et de lettres en une image visible. C’est soit lightroom soit camera raw dans le monde d’Adobe qui ont ce rôle. C’est celui que nous avons vu jusqu’à présent dans cet article.
Si on envoie un fichier raw dans photoshop en tant qu’objet dynamique et qu’on double clique sur ce calque d’objet dynamique, c’est le module adobe camera raw qui ‘ouvre et on peut revenir sur les réglages du raw.

Le filtre Camera raw

Dans le menu filtre, on trouve le filtre camera raw.
Quand on ouvre ce filtre, on peut penser qu’on est dans le module camera raw et que donc on travaille sur le fichier raw tant les interfaces sont similaires. Les différences sont subtiles mais traduisent le fait que dans le cas du module camera raw on travaille sur le fichier numérique raw, alors qu’avec le filtre on travaille sur des pixels :
Si je reprends la photo ci-dessus envoyée comme image pixellisée dans photoshop et que j’applique le filtre camera raw, je peux modifier les hautes lumières par exemple. Mais là encore, je n’agis plus sur le fichier raw mais sur la « traduction » que j’ai envoyée à photoshop et j’ai bien moins de latitude pour les récupérer.
La balance des blancs dans lightroom ou dans le module camera raw est exprimée en température sur l’axe bleu-jaune avec des valeurs exprimées en degrés kelvin (température de couleur). Dans le filtre camera raw, ces valeurs vont de -100 à +100. On ne peut en effet que modifier à la marge la balance des couleurs qui a été établie au moment de la traduction du fichier en image. Mëme chose pour l’axe vert-magenta (teinte).
Mais ce filtre est tout de même bien pratique et on peut comme vu précédemment l’appliquer sur une image pixellisée, qu’on a transformée en objet dynamique pour pour pouvoir ensuite revenir sur les réglages de ce filtre.

Les différences entre le module et le filtre camera raw sont également expliquées dans cette vidéo d’Olivier Rocq

Affichage et enregistrement

Que voit-on à l’écran quand on prend une photo ou qu’on la développe ?

Quand on prend une photo, le capteur enregistre des valeurs RVB sur des photosites. Ca ne ressemble pas à une photo ! Pour l’afficher sur l’écran, le boitier applique un profil intégré, profil qui lui sert également à générer des jpeg si on choisit d’enregistrer en raw+jpeg. Ce profil convertit donc les données numériques en image matricielle composée de pixels.
C’est également ce qui se passe quand on regarde le fichier raw dans lightroom ou dans le module camera raw.

Quand on développe une photo dans photoshop en empilant un ou plusieurs calques d’image, sous forme d’objet dynamique contenant un raw ou bien sous forme pixellisée, et des calques de réglage, avec ou sans masque, ce que photoshop nous montre c’est à chaque instant une copie fusionnée virtuelle de tous les calques présents.

Dans la photo ci-dessous traitée en fine art du pont Erasme de Rotterdam, il y a une multitude de calques (plus de 30), regroupés dans des dossiers. Ce que l’on voit c’est ce que verrait un oeil positionné en haut de la pile de calques, la regardant de haut en bas en tenant compte de tous les calques, l’image initiale étant tout en bas.


Quand on enregistre ce fichier, on enregistre tous les calques, sans les aplatir ! Les sélections à la plume de chacun des éléments de cette photo (les haubans du pont…) prennent beaucoup de temps et il n’est pas question de les refaire si demain je veux travailler cette photo différemment.

Une fois enregistré, ce fichier se retrouve dans lightroom à côté du raw en couleur de départ (en fait ici déjà un panoramique). J’ai donc en fait deux fois le raw : celui de départ et celui qui est inclus dans le fichier photoshop.

Si je veux retravailler cette photo, depuis lightroom je fais un clic droit sur le fichier psd (ou psb ou tif) et je choisis cette fois « modifier dans photoshop », SURTOUT PAS ouvrir en tant qu’objet dynamique. Cela crérait un nouveau fichier photoshop avec … un objet dynamique contenant une copie fusionnée de tous les calques. En choisissant « modifier dans photoshop » c’est le fichier avec tous ses calques qui est ouvert à nouveau.


La photo ne devient une photo au sens traditionnel du terme que quand on l’imprime ou qu’on la publie sur le web. Pour la mettre en ligne ici j’ai donc exporté le fichier psb en jpeg, beaucoup plus léger. Mais jusqu’à cette étape, tous les calques sont conservés.

Pile de calques
Pile de calques
Image fine art du pont Erasme de Rotterdam
Image fine art du pont Erasme de Rotterdam

Flux de travail et conclusion

Quand on développe une photo, on a parfois une idée très précise de l’image finale que l’on veut obtenir, mais ce n’est pas toujours vrai et surtout on peut changer d’avis en cours de développement, avoir envie d’un traitement plus contrasté, ou en noir et blanc ou …
Travailler de façon non destructive c’est se donner la possibilité de revenir en arrière, de tester différentes options, sans devoir à chaque fois repartir de zéro. Pour cela garder l’accès au fichier raw c’est une assurance ! Je fais donc toujours en sorte de pouvoir le faire et j’ouvre systématiquement mes photos en tant qu’objet dynamique dans photoshop. Parfois je ne reviens pas sur le raw, c’est vrai. Mais ça ne coûte vraiment pas grand chose, il y a même un raccourci clavier pour le faire depuis lightroom (ctrl alt x), c’est un tout petit peu plus lourd dans le fichier final mais quand on investit des sommes importantes dans son matériel photo et ses voyages, c’est dommage d’être radin sur la place de stockage de ses photos, le prix du Go a beaucoup baissé ces dernières années :).

Il y a cependant des opérations que l’on ne PEUT pas faire sur un objet dynamique. En particulier on ne peut pas directement peindre dessus, utiliser les outils de type tampon ou suppression. En effet ces différents outils ajoutent des pixels à l’image. Même la suppression est en fait un ajout de pixels qui viennent masquer l’objet à supprimer. Mais on peut cependant ajouter un calque vide au dessus de l’objet dynamique et faire ces modifications dessus, en cochant les bonnes options pour les outils, par exemple « échantillonner tous les calques » ou « échantillonner calque actif et inférieurs ».
La limite c’est qu’une fois qu’on a supprimé un élément par exemple, si on modifie le raw, les pixels ajoutés pour faire la suppression peuvent ne plus correspondre (luminosité, couleur…) et la correction est à refaire.
Ci dessous, j’ai supprimé un personnage et des traces sur le sol en utilisant un calque vide au dessus de l’objet dynamique contenant le fichier raw, puis j’ai modifié les réglages sur ce fichier raw en double cliquant dessus. Le calque sur lequel j’ai fait les suppression n’ayant pas été modifié, on voit la trace de ces suppressions. C’est la raison pour laquelle il est conseillé de ne faire les suppressions (quel que soit l’outil) qu’une fois qu’on n’a plus besoin de modifier le raw. On peut toujours le faire bien entendu mais il faudra alors refaire les suppressions !

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