La comparaison sur gris, ou blend if en anglais, fusionne deux calques en sélectionnant sur chacun les zones de luminosités à garder dans l’image finale.
Comparaison sur gris, un nom pas très explicite pour une fonction puissante
Le nom de cette fonction n’est pas très parlant, elle n’est pas accessible par les menus et elle est peu documentée ! Et pourtant… c’est une fonction extrêmement pratique et puissante de photoshop.
En anglais elle s’appelle blend if, c’est à dire « fusionner si ». Elle sert à fusionner deux calques (deux photos) en sélectionnant sur chacun les zones de luminosités à garder.
Dans de nombreuses situations, on peut utiliser la comparaison sur gris à la place des masques de luminosité, avec plusieurs avantages que nous verrons plus loin.
La comparaison sur gris peut s’appliquer sur le calque du dessus ou sur celui du dessous. Commençons par voir ce qui se passe quand on l’applique au calque du dessus.
Et pour rentrer dans le vif du sujet et comprendre à quoi ça sert, voyons tout de suite un exemple d’utilisation.
Intégrer un élément dans un autre : le calque actif
J’ai pris la photo ci-contre lors du championnat de France de montgolfières à Marmande mais je trouve le ciel un peu vide et j’aimerais y ajouter la lune de droite.
Je peux bien sur détourer la lune et la coller dans ce ciel mais ce n’est pas toujours très réussi et surtout on peut faire beaucoup plus simple !
Dans photoshop je duplique le calque contenant la lune au-dessus de celui des montgolfières.
Dans le cas présent, je vais utiliser la comparaison sur gris sur le calque de la lune (qu’on appelle le calque actif), pour faire disparaitre son ciel.



La comparaison sur gris se trouve dans le panneau des styles de calques, auquel on accède en double cliquant sur une zone vide à droite de la vignette d’un calque (pas sur le nom !)
Dans le bas de ce panneau, on trouve deux dégradés du noir vers le blanc, celui du calque actif (ici celui de la lune) et celui du calque du dessous (ou d’une copie virtuelle de l’ensemble des calques du dessous visibles)
A noter : quand un style est appliqué à un calque, y compris la comparaison sur gris, un petit symbole (deux carrés imbriqués) apparait au bout de la ligne de la vignette de ce calque pour le signaler.

A chaque extrémité des deux dégradés, il y a des curseurs (cliquez sur l’image pour l’agrandir).
Si je tire vers la droite le curseur des noirs du dégradé du calque actif, les tons sombres de ce calque sont rendus transparents. Le ciel de la lune s’efface et on voit réapparaitre en dessous les montgolfières qu’il masquait.
Les valeurs au-dessus du dégradé qui au départ allaient de 0 à 255, vont maintenant de 101 à 255. Tous les pixels du calque de la lune dont la luminosité est inférieure à 101 ont été rendus transparents.
Mais la transition n’est pas très jolie sur la lune…

Pour améliorer l’aspect de la lune et éviter des cassures, on va rendre la transition progressive.
Les 4 curseurs aux extrémités des dégradés sont en fait chacun composé de deux triangles ou demi-curseurs. Et franchement, ce n’est pas facile à voir.
Pour cela il faut cliquer sur la touche alt, la maintenir enfoncée et mettre le curseur de la souris ou du stylet sur la partie gauche (ou droite suivant les cas) de ce curseur pour en attraper seulement la moitié et la déplacer.
Dans le cas présent, j’attrape à la souris la partie gauche du curseur des tons sombres du gradient du calque actif et je le ramène vers la gauche.
Je récupère ainsi une transition plus douce sur la lune.
Les valeurs au-dessus du gradient affichent maintenant 49/101 255.
Cela se lit de la façon suivante :
Toutes les valeurs en dessous de 49 sont rendues transparentes. De 49 à 101 elles sont partiellement transparentes. Au-dessus de 101 et jusqu’à 255 (les tons clairs), les pixels sont conservés.
Fonctionnement des deux gradients de la comparaison sur gris
Il y a deux gradients dans le panneau des styles : celui du haut qui s’applique au calque actif et dont nous avons vu un exemple d’utilisation ci-dessus, et celui qui s’applique au calque du dessous. Pourquoi ces deux gradients ?
Dans certains cas on peut utiliser l’un ou l’autre, mais il y a des différences.
Comparaison sur gris avec le gradient du calque actif
La comparaison sur gris compare (😃) les valeurs de luminosité de chaque pixel du calque actif à la gamme de luminosité sélectionnée avec les curseurs sur le gradient. Si la valeur est en dehors de cette gamme, elle devient transparente, si elle est dedans elle est conservée, si elle est entre deux « demi-curseurs » elle est semi transparente. La règle est simple !
C’est le fonctionnement que l’on trouve également dans les masques de luminance de lightroom ou de camera raw.
Comparaison sur gris avec le gradient du calque du dessous
il ne s’agit pas ici de faire la comparaison sur gris à partir du calque du dessous (celui des montgolfières dans l’exemple).
Après avoir double cliqué sur une zone vide à droite de la vignette du calque de la lune (calque actif) pour ouvrir le panneau des styles de calques, on règle les curseurs du gradient du « calque du dessous ».
Ce gradient contrôle la visibilité du calque actif en fonction des valeurs de gris du calque du dessous.
Les zones du calque du dessous qui se situent en dehors de la plage de luminosité définie par le curseur font apparaître le calque actif.
Celles qui sont à l’intérieur de cette plage masquent le calque actif et donc font réapparaitre le calque du dessous.
Pas très clair ? Reprenons l’exemple des montgolfières.
Les curseurs du gradient du calque actif sont ici aux extrémités. Donc tous les pixels du calque de la lune sont visibles.
Sur le gradient du calque du dessous, je tire vers la gauche le curseur des blancs et avec la touche alt enfoncée, je sépare ce curseur en deux pour obtenir une transition douce. Le gradient affiche 0 25/131.
Cela signifie :
– Fais réapparaitre tous les pixels du calque du dessous (les montgolfières) dont la luminosité est supérieure à 131.
– Masque les pixels inférieurs à 25. On verra donc dans la fusion les pixels du calque de la lune et donc la nuit très noire autour de la lune.
– Pour les pixels du calque des montgolfières, compris entre 131 et 25, fais les réapparaitre progressivement dans le calque du dessus.
Ici le calque de la lune est plus petit que celui des montgolfières et cette méthode laisse un bout de ciel des montgolfières qui ne peut pas être masqué par le ciel de la lune par cette méthode. En revanche, l’arrière plan des montgolfières peut ainsi être assombri.

En résumé
– le gradient « calque actif » définit les valeurs du calque du dessus qui seront effacées dans la fusion
– le gradient « calque du dessous » définit les valeurs du calque du dessous qui prennent le pas sur le calque actif, qui réapparaissent dans la fusion.
Il est évidemment possible d’agir sur les deux types de réglages.
Avantages de la comparaison sur gris par rapport à d’autres méthodes
Un des grands avantages de cette méthode par rapport à d’autres, c’est que l’on voit en direct la gamme de luminosité qu’on sélectionne. Dans l’exemple ci-dessus, en déplaçant les curseurs, je vois les montgolfières apparaitre mais si je vais trop loin, je peux faire disparaitre la lune. Je dose ainsi exactement ce que je souhaite et je peux à tout moment revenir sur ce réglage pour le modifier.
Si je décide de déplacer ou d’agrandir la lune à postériori, je peux le faire sans difficulté, cela ne change pas les réglages de la comparaison sur gris et donc l’intégration de l’image dans l’autre.
Un autre avantage, c’est que la comparaison sur gris est un processus dynamique.
Quand on crée un masque de luminosité, on crée une image, composée de pixels en nuances de gris. Cette image est créée à un instant t. Si par la suite on modifie par exemple la luminosité du calque associé à ce masque, ce dernier ne se met pas à jour et donc ne correspond plus aux valeurs de luminosité sélectionnées au départ.
Si j’ouvre une photo en tant qu’objet dynamique dans Photoshop, je peux y appliquer une comparaison sur gris et par la suite revenir sur le raw pour le modifier (exposition, couleurs, masques …). La comparaison sur gris va s’adapter à ces modifications et si je souhaite en changer les paramètres, je le peux.
Rien n’empêche d’ajouter un masque à un calque sur lequel on a appliqué une comparaison sur gris. On peut ainsi encore plus finement ajuster les réglages.
Gris … mais aussi couleur !
En anglais, le nom de la fonction, blend if, ne fait pas référence à la couleur, et c’est bien plus logique car on peut faire une comparaison sur gris, c’est à dire en réalité sur la fusion des couches RVB), mais également sur chaque couche séparément.
Et rien n’empêche de faire une comparaison sur gris + sur bleu + sur rouge si on veut des effets de fusion particuliers.
Une remarque importante : le « gris » de la comparaison sur gris correspond à la fusion des 3 couches RVB. Mais pour tenir compte de la perception humaine, plus sensible au vert qu’au rouge ou au bleu (on a une proportion de deux cônes verts pour 1 seul bleu et un seul rouge dans nos yeux), photoshop fait en réalité une moyenne pondérée des 3 couches, le vert ayant un poids de 59% du total, le rouge un poids de 30 % et le bleu de 11 % seulement.
Quand on fait une comparaison sur bleu par exemple, on peut donc avoir des résultats sensiblement différents de ce qu’on obtient avec la comparaison sur gris dans laquelle le bleu a moins de poids.
Les autres options de la comparaison sur gris
Le panneau style de calque contient des options qui concernent la comparaison du gris et d’autres qui concernent des effets de calque comme des ombres portées ou des incrustations.
Parmi les options qui concernent la comparaison sur gris, il y a les modes de fusion (N°1). On peut en effet choisir d’ajouter un mode de fusion qui va renforcer ou atténuer l’effet. Par exemple un mode lumière vive pour renforcer l’éclat de la lune dans l’exemple.
On peut aussi régler l’opacité globale (N°2)
Si un des 8 modes de fusion pour lesquels le curseur fond agit différemment du curseur opacité est sélectionné, on peut le régler ici (N°3)
Ces trois options peuvent être réglées ici ou directement depuis le panneau des calques.
Les cases à cocher couches (N°4) permettent de n’afficher qu’une ou deux couches du calque
Les options en regard du N°5 concernent les effets de calque comme les ombres portées, les lueyrs, biseautage et sont plutot destinées aux graphistes. Elle règlent la manière dont les effets appliqués à un calque interagissent avec les masques de ce calque. Elles ne seront pas développées ici.

Exemples d’utilisation de la comparaison sur gris
Remplacement de ciel
Le ciel est un peu vide sur cette image de montgolfière et les techniques classiques de changement de ciel sont peu adaptées pour conserver toutes les petites mongolfières qu’on voit au loin et que je voudrais garder.
J’ajoute un ciel de ma collection au dessus, et je fais la fusion en mettant ce calque en mode lumière vive et en réglant son opacité. Aucun détourage à faire ! Temps de traitement : 30 secondes.


Effet de double exposition
Cette technique est églament utile pour superposer deux photos et créer un effet de double exposition.


Fondre un texte dans l’arrière plan
La comparaison sur gris appliquée à un calque contenant du texte permet de faire réapparaitre par dessus, avec un effet progressif, l’arrière plan, ici les nuages.

Créer un masque

Quand il s’agit de sélectionner le ciel, les outils dédiés de photoshop ne sont pas toujours parfaits. Le cas fréquent c’est quand il y a des arbres. La sélection de ciel oublie souvent des petits bouts de ciel entre les branches.
On peut tout à faire faire une comparaison sur gris sur un seul calque. Il peut être intéressant avant d’opérer de renforcer le contraste de l’image en augmentant les noirs et les blancs dans lightroom ou camera raw, de préférence sur le fichier raw. Dans ce cas, je rends transparents les pixels du ciel. Si je veux transformer cette image en masque; la technique la plus simple est la suivante :
Après avoir appliqué la comparaison sur gris, je transforme le calque en objet dynamique, et je fais un ctrl clic gauche sur l’image (cmd clic sur mac) , ce qui sélectionne les 50% de pixels les plus clairs de l’image, autrement dit les pixels transparents dans ce cas. Avec la sélection active, il me suffit d’ajouter par exemple une courbe et le masque sera automatiquement ajouté à cette courbe.
Une autre façon de faire, par Olivier Rocq est décrite sur cette page : transformer une comparaison sur gris en un masque de fusion
Autres applications
La comparaison sur gris peut aussi être utilisée par exemple aussi pour :
– Ajouter une texture aux parties claires d’une image, comme un mur, sans affecter les zones sombres
– Ajouter des effets de brillance localisés : dupliquez le calque, appliquez un effet de flou (comme un flou gaussien), puis utilisez la comparaison sur gris pour n’appliquer cet effet qu’aux hautes lumières. Cela crée un effet de brillance uniquement sur les zones déjà lumineuses. On peut aussi avec cette méthode ajouter des reflets dans les cheveux en appliquant une couleur plus claire.
Liste non limitative !
En résumé, chaque fois que l’on veut restreindre un effet à des zones en fonction de leur luminosité, que ce soit de la réduction de bruit, de l’ajout de netteté ou de flou, une modification de couleur … il faut penser à la comparaison sur gris.