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Raw et affichage du boitier

Quand on photographie en raw, qu’est-ce qui s’affiche sur le boitier ? L’histogramme correspond-il à celui de l’image enregistrée ?

Ce qu’affiche le boitier

Affichage avant le déclenchement

Avec un boitier réflex, ce qu’on voit à travers le viseur du boitier c’est le vrai paysage. Mais sur l’écran arrière, et dans le viseur et sur l’écran arrière des boitiers hybrides, en « live view », ce que l’on voit c’est une vidéo en continu de ce paysage qui permet de cadrer et de composer la photo. Et c’est le cas que l’on photographie en raw ou en jpeg.

Les écrans LCD intégrés aux appareils photo affichent des images en 8 bits par canal. Cela permet d’afficher environ 16,7 millions de couleurs, et on est déjà au delà du nombre de couleurs que l’oeil humain peut pas distinguer, surtout sur un petit écran.
Cet affichage en 8 bits est plus économe en énergie et permet un traitement plus rapide, ce qui est important pour la réactivité de l’appareil photo.

Techniquement, l’image Live View n’est pas enregistrée en tant que jpeg mais les données du capteur sont traitées par l’appareil pour ressembler à ce qu’on verrait sur une image jpeg. On verra que cela fait une différence.

Affichage après le déclenchement

Quand on déclenche et qu’on visualise ensuite la photo prise sur le boitier, ce qui s’affiche c’est un jpeg généré par le boitier.
Le profil appliqué par le boitier aux données du capteur contient des paramètres qui modifient la balance des blancs, le contraste, la colorimétrie…, afin de fournir un aperçu approximatif du résultat final.
Sur certains boitiers, notamment les fuji, on peut choisir un rendu entre différents profils jpeg, comme des films argentiques couleur.

Ce qu’enregistre le capteur dans un fichier raw

Les capteurs des boîtiers modernes enregistrent les raw en 14 ou 16 bits par canal et non en 8 bits comme affiché sur l’écran. Si vous vous demandez quel est l’avantage lisez cet article 😉.

Le capteur enregistre photosite par photosite des valeurs de luminosité derrière le filtre vert rouge ou bleu de la matrice de bayer ou Xtrans. La valeur enregistrée est strictement proportionnelle à la quantité de lumière captée. Ce sont donc des données linéaires, on dit que le gamma est de 1. Ce n’est pas de cette manière que nos yeux fonctionnent. Nos yeux ont plutôt un gamma de 2.2 : les valeurs sombres sont amplifiées.

Un fichier raw n’est pas une image. c’est un fichier numérique. On peut du reste l’ouvrir avec un programme comme word ou notepad. On n’y voit pas une image mais uniquement du texte et des nombres.
Pour voir une image, il faut traduire les données numériques, c’est ce qu’on appelle le dématriçage ou derawtisation. Cette opération applique un profil (que l’on choisit) comme expliqué dans cet article.
Suivant le profil choisi, par exemple adobe color ou adobe neutre dans lightroom, ou bien encore le profil linéaire de son boitier, avec le même fichier raw, l’image affichée est très différente comme illustré en fin d’article.

Le raw n’enregistre aucune donnée de balance des blancs. Il n’augmente pas le contraste de l’image ni ne change la colorimétrie.
Le raw n’a pas non plus de profil colorimétrique RVB ou sRVB. Ces profils ne servent que lorsqu’on shoote en jpeg.

Quand le boitier enregistre l’image raw, il enregistre en même temps une vignette en jpeg qui est incluse dans le fichier. Cette vignette sert à l’affichage dans l’explorateur de fichier ou le finder. Elle est déjà travaillée par le boitier pour être assez proche de la vision humaine. C’est également celle que l’on voit brièvement quand on importe ses photos dans lightroom et qui disparaît pour laisser place à un aperçu créé par lightroom. Cet aperçu, ce n’est pas la vignette, et il peut sembler terne en comparaison car il n’est pas encore développé. Or un fchier raw DOIT être développé !

Attention ! Si vous choisissez d’enregistrer les prises de vue en raw + Jpeg, il y a en fait deux jpeg qui sont enregistrés : le « vrai », de taille complète et celui qui est embarqué comme vignette avec le raw.

Les histogrammes

L’histogramme qui s’affiche sur le boitier pendant la prise de vue ce n’est pas celui du raw, c’est celui de la vidéo affichée qui simule le jpeg.
Celui qui s’affiche quand on visualise sur le boitier la photo qu’on vient de prendre n’est pas non plus celui du raw, c’est celui du jpeg généré par le boitier pour faire cette visualisation.
La différence peut être très importante car la dynamique de l’image affichée, est de 8 bits par canal, celle du raw de 12, 14 ou 16. La dynamique du capteur est donc très supérieure à celle de l’écran et du jpeg. Un jpeg est toujours en 8bits.

C’est un inconvénient quand on veut exposer à droite comme cela est conseillé et expliqué en détail dans cet article ou quand on veut contrôler les expositions quand on fait un bracketing d’expositions.

L’histogramme du boitier reste cependant une indication très utile mais dont il faut connaître les limites.

Une image valant 1000 mots, une petite comparaison pour mieux comprendre :
Ici j’ai réglé le boitier pour qu’il prenne une photo en raw+Jpeg et j’ai pris deux photos, la première à l’exposition nominale (+0) du boitier (les 4 premières photos ci-dessous), et la seconde en surexposant de +2.3 stops (les 4 photos suivantes).
De gauche à droite sur chaque série de 4 photos, nous avons :
– une photo au smartphone de l’écran arrière de mon boitier (Fuji XT4) avant la prise de vue (mode live view).
– une photo au smartphone de l’écran arrière de mon boitier quand j’affiche la photo prise à l’instant
– le jpeg enregistré et importé dans lightroom (aucun développement)
– le raw importé dans lightroom (aucun développement)

Sur l'écran pendant la prise de vue expo nominale
Sur l’écran pendant la prise de vue expo nominale
Visualisation sur le boitier de l'image enregistrée (expo nominale)
Visualisation sur le boitier de l’image enregistrée (expo nominale)
Dans lightroom, Jpeg expo nominale
Dans lightroom, Jpeg expo nominale
Dans lightroom, raw expo nominale profil calibré du boitier XT4
Dans lightroom, raw expo nominale profil calibré du boitier XT4
Sur l'écran pendant la prise de vue expo +2.3
Sur l’écran pendant la prise de vue expo +2.3
Visualisation sur le boitier de l'image enregistrée (expo +2.3)
Visualisation sur le boitier de l’image enregistrée (expo +2.3)
Dans lightroom, Jpeg expo +2.3
Dans lightroom, Jpeg expo +2.3
Dans lightroom, raw expo +2.3 profil calibré du boitier XT4
Dans lightroom, raw expo +2.3 profil calibré du boitier XT4

Première constatation : les histogrammes pendant/après la prise de vue sur le boitier sont différents ! Et cela aux deux expositions.
Celui enregistré dans le boitier est équivalent à celui du jpeg enregistré par le boitier et visualisé dans lightroom. Mais celui de la vidéo (live view) est sensiblement différent et cela peut générer des erreurs d’exposition. Dans la deuxième série, l’histogramme ne m’indique pas de surexposition, alors que sur le jpeg généré par le boitier il y en a bien une.
L’histogramme du live view n’est donc pas vraiment celui du jpeg… Mieux vaut le savoir et tester son propre boitier.

A l’exposition nominale, il y a une assez bonne correspondance entre les histogrammes du jpeg et du raw. Cependant, même si il n’y a aucune zone sous exposée (l’expo a été faite sur le ciel), le premier plan est très sombre et en développant la photo, il va falloir déboucher les tons sombres ce qui peut augmenter le bruit. Pour cette raison, il est préférable d’exposer à droite, c’est à dire d’exposer plus sans toutefois créer de surexposition (zones de luminosité maximum sans aucun détail).

En augmentant l’exposition de 2.3 stops, sur le jpeg visualisé juste après la prise de vue comme sur celui enregistré en plus du raw et visualisé dans lightroom, on constate une nette surexposition dans le ciel.La droite de l’histogramme touche largement le bord droit et en activant les petits traingles en haut de l’histogramme dans lightroom, on voit bien en rouge sur la photo les zones qui sont brulées. Si je baisse les hautes lumières, je récupérerai un peu de signal et de détail mais il restera des zones sans aucun détail.
Mais on voit ici l’intérêt de faire ses prises de vue en raw et pas en jpeg : en raw l’histogramme n’est pas collé au bord droit et il n’y a aucune zone de surexposition. Le premier plan est bien mieux exposé. Il est toujours mieux de baisser l’exposition d’une image trop claire (mais non cramée !) que de remonter celle d’une photo trop sombre.

Pour terminer cet article une comparaison de ce que l’on obtient à partir du même raw juste en changeant le profil au développement : à gauche c’est le profil calibré du boitier. A droite c’est le profil linéaire du boitier qui a été appliqué. Le profil linéaire donne une image plus terne, plus sombre dans les tons sombres mais donne plus de détails dans les tons clairs, comme le ciel.

Dans lightroom, raw expo +2.3 profil calibré du boitier XT4
Dans lightroom, raw expo +2.3 profil calibré du boitier XT4
Dans lightroom, raw expo nominale profil linéaire du boitier XT4
Dans lightroom, raw expo nominale profil linéaire du boitier XT4

Une technique que j’affectionne avec des ciels comme ceux-ci c’est d’assembler dans photoshop deux versions de la même photo :
J’ouvre en tant qu’objet dynamique la photo de gauche dans photoshop, clic droit à côté de la vignette du calque > nouvel objet dynamique par copier (important, il ne faut pas juste dupliquer le calque !).
Su la première copie, j’applique le profil du boitier, sur la seconde son profil linéaire et j’applique un masque de ciel pour masquer le reste. Le meilleur des deux profils ! Cela ne peut pas se faire dans lightroom.

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