Comment passer de Lightroom à Photoshop ? Quelles sont les erreurs à éviter ? Comment reprendre un ancien développement ?
Si vous lisez ces pages c’est que vous êtes un photographe qui exploite au mieux son matériel et donc que vous photographiez en raw, pas en jpeg.
On cherche toujours à avoir un flux dit « non destructif » le plus longtemps possible quand on développe ses photos. Non destructif, c’est à dire qu’on peut revenir en arrière sans avoir besoin de tout refaire de zéro. Dès que l’on fige la traduction des données numériques du raw en pixels, on ne peut plus revenir en arrière.
Résumé en image

Et reprenons étape par étape les points clé.
Importer le raw dans lightroom
Au moment de l’importation, lightroom me montre une vignette. Celle-ci est générée par le boitier au moment de l’enregistrement du raw sur la carte. Un raw, c’est un fichier numérique, un raw (= brut en anglais). C’est une image latente. Elle n’est pas plus visible que ne l’était une photo sur une pellicule argentique non développée.
Lightroom écrit dans son catalogue toutes les informations sur la photo : les exifs, mais également où elle est stockée sur l’ordinateur. La photo n’est PAS dans le catalogue lightroom qui est une base de données, qui ne fait que stocker des informations sous forme de texte.

Quand j’ouvre la photo dans le module développement, lightroom utilise un profil de développement pour faire une traduction temporaire, réversible, de ce fichier numérique en une image visible. Cette étape c’est le dématriçage (derawtisation en anglais).
le même fichier raw peut être « traduit » de différentes façons suivant le profil qu’on utilise. Un profil linéaire et un profil Adobe couleur par exemple ne donneront pas le même rendu. On peut depuis la version 14.2 de lightroom utiliser un profil « adaptatif » qui faitappel à l’IA. Ici je choisis le profil de mon boitier, profil que j’ai moi même établi.
TOUT ce que je vais faire dans lightroom ensuite s’écrira sous forme de texte dans le catalogue. Le raw n’est jamais modifié.
Développer dans Lightroom
Certaines étapes de développement doivent absolument être faites dans lightroom. Ce sont les étapes qui travaillent sur les données brutes de la photo.
Il s’agit essentiellement des étapes suivantes :
– Débruitage quand et seulement quand il est nécessaire. Attention, débruiter une photo qui n’en n’a pas besoin (iso assez bas) c’est dégrader la photo.
– Réglage de la balance des blancs si nécessaire
– Réglage de la luminosité, en particulier pour les très hautes et très basses lumières. Il y a beaucoup d’informations dans les hautes lumières qu’on ne voit pas, et comme illustré dans cet article, cette récupération ne peut se faire que sur un fichier raw.
On peut parfaitement faire tout le développement dans lightroom. Ce logiciel s’est considérablement amélioré ces dernières années. Mais certaines fonctions de photoshop sont irremplaçables.
Passer de lightroom à photoshop
Il y a deux manières d’envoyer une photo de LRC vers PS :

Modifier dans photoshop
Ce qui est envoyé c’est la « traduction » figée, autrement dit c’est un calque de pixels correspondant au fichier raw traduit par un profil donné (Adobe couleur, paysage, portrait, linéaire, monochrome….) et avec les corrections déjà faites dans LR (luminosité, couleurs, masques… ). Le fichier raw n’est plus présent dans le fichier photoshop et si on peut passer d’un raw à un calque de pixels, on ne peut jamais faire l’inverse. C’est irréversible. Si on choisit cette option, il faut être certain de ne pas avoir besoin de revenir sur le raw par la suite. Personnellement je n’utilise jamais cette option.
Ouvrir en tant qu’objet dynamique
C’est l’option « ouvrir en tant qu’objet dynamique dans photoshop ». Ce qui est envoyé dans PS c’est le raw lui même, encapsulé dans un objet dynamique. Il est envoyé avec toutes les modifications déjà faites dans LR. Mais dans PS, on peut encore modifier le raw en double cliquant sur le calque d’objet dynamique, ce qui ouvre Camera raw et redonne la main sur toutes les données du fichier raw de départ.
NB : si on ouvre directement un raw avec PS, c’est Camera raw qui s’ouvre. Quand on a fini les modifications souhaitées, dans le menu déroulant en bas « ouvrir un objet » envoie le raw dans photoshop en l’encapsulant dans un objet dynamique. Si on choisit « ouvrir », c’est un calque de pixels qui est ouvert dans PS.

Quand on ouvre la photo en tant qu’objet dynamique (OD), que ce soit depuis LRC ou depuis CR, PS l’indique en ajoutant une petite icone en bas à droite de la vignette du calque.
Je peux ajouter des filtres sur cet objet dynamique. Dans l’exemple ci-contre c’est un filtre qui ajoute de la netteté (Topaze sharpen). Le filtre ne modifie pas directement le calque : il s’applique de façon dynamique, c’est à dire modifiable. À tout moment, je peux revenir sur les paramètres du filtre et les changer.
Un objet dynamique, c’est une boîte qui peut contenir différentes choses. Ici elle ne contient que le raw. Les modifications faites sur un OD ne modifient que la boite, pas son contenu. Ici le filtre place une instruction numérique sur la boite, quelque chose du genre « tu assombris le pixel à la position A, tu éclaircis le pixel B » mais cette instruction n’est appliquée que pour visualiser le contenu de la boite, le raw lui-même n’est pas modifié. De même les calques ajoutés dans ce fichier ne modifient pas le raw qui reste accessible et modifiable.
Enregistrer le travail fait dans Photoshop et revenir dans Lightroom
Une fois le travail terminé dans photoshop il suffit de l’enregistrer (ctrl S), sous format TIFF, PSD ou PSD pour qu’il se retrouve automatiquement dans LRC, à côté du fichier d’origine.
Dans la bibliothèque de LRC, on trouve donc deux fichiers : 1234.NEF par exemple, qui est le raw d’origine provenant d’un boitier Nikon, et 1234-modifier.psd qui est le fichier modifié dans photoshop.
Si toutefois le fichier modifié ne revient pas juste à côté du raw de départ, mais se met par exemple à la fin de la grille, repassez en mode bibliothèque et sélectionnez « heure de capture » comme mode de tri en bas.
Retravailler le fichier modifié
On peut avoir envie ou besoin de reprendre un fichier qu’on a déjà développé dans LRC puis dans PS et qui est revenu dans LRC comme ci-dessus. Il y a plusieurs façons de faire :
Poursuite dans lightroom
Ce qui est souvent énoncé comme une règle absolue c’est qu’il ne faut jamais retravailler le fichier dans LRC.
Pourquoi ne faut-il pas retravailler dans LRC le fichier 1234-modifier.psd ?
Si je trouve que le fond est finalement trop sombre sur cette photo, je peux être tentée de l’éclaircir dans lightroom en faisant un masque pour sélectionner l’arrière plan.
Le fichier 1234-modifier.psd a beau contenir le fichier raw de départ (si j’avais envoyé le raw en tant qu’OD dans photoshop au départ !), celui-ci est encapsulé et il n’est plus accessible à LRC.
L’image que je vois dans LRC, c’est l’équivalent d’une copie fusionnée de tous les calques contenus dans le fichier psd, autrement dit une image aplatie et pixellisée.
Si malgré tout je modifie ce fichier en ajoutant un masque d’arrière plan, je vais éclaircir une zone que j’avais auparavant assombrie ce qui entraine une perte de qualité.
Mais surtout, si je veux revenir sur le fichier photoshop pour modifier le réglage d’un filtre ou d’un calque de réglage, supprimer un autre élément gênant que je n’avais pas vu, je ne pourrai pas garder à la fois le contenu du fichier psd (les calques, filtres, masques…) et les modifications que je viens de faire dans LRC.
On peut cependant nuancer cette règle : On peut le faire quand on veut publier la photo ou l’imprimer. Mais dans ce cas, il faut dans lightroom créer une copie virtuelle du fichier psd (ou tif ou psb), (raccourci : ctrl ‘). Une copie virtuelle ça ne pèse presque rien car c’est en fait un fichier texte qui ne contient que des instructions, pas l’image elle même.

Si je veux publier une photo sur le web ou l’imprimer, la bonne démarche c’est de créer une copie d’épreuve (la petite coche en bas dans le module développement). Ceci permet de choisir le profil adapté au média de destination : sRVB pour le web, profil du couple imprimante/papier pour l’impression.
Reprise dans photoshop
Si dans lightroom, je fais un clic droit sur un fichier psd, tif ou psb, j’ai plusieurs possibilités pour le réouvrir dans photoshop.
Comme précédemment, je peux « ouvrir en tant qu’objet dynamique » ou « modifier dans photoshop ».
Il ne faut surtout pas à cette étape « ouvrir en tant qu’objet dynamique ».
Faites l’essai pour comprendre pourquoi : ce qui s’ouvre dans photoshop c’est bien un objet dynamique, comme l’indique la vignette du calque. Mais il n’y a plus qu’un seul calque dedans et il n’y a plus le raw initial. Si je double clique dessus c’est bien camera raw qui s’ouvre mais… Ce n’est plus un raw. Si par exemple vous avez traité votre photo en noir et blanc dans photoshop à la deuxième étape, et que maintenant vous voulez revenir à la couleur, ce n’est plus possible car les informations de couleur ont été perdues.
Modifier dans photoshop : les 3 choix possibles
Pour ouvrir de nouveau le fichier 1234-modifier.psd dans phtoshop et le retrouver exactement tel qu’on l’avait fermé, avec tous ses calques, y compris l’objet dynamique contenant le raw, il suffit de faire un clic droit dessus et choisir cette fois « modifier dans adobe photoshop ».
Une fenêtre de dialogue s’ouvre avec 3 choix :

Modifier une copie avec les corrections Lightroom
Si on a quand même choisi (voir paragraphe précédent) de modifier dans LRC le fichier psd, cette option ouvre une copie de ce psd. Mais dans cette copie, on n’a plus le raw de départ, on a perdu tous les calques masques et réglages faits dans photoshop. En pratique, il n’y a aucun intérêt à utiliser cette option à mon avis.
Modifier l’original.
C’est celui qui permet de reprendre le développement dans photoshop là où on s’était arrêté. Quand on enregistre et on a toujours 2 fichiers côte à côte dans LRC : 1234.nef et 1234-modifier.psd.
Modifier une copie
Ce qui s’ouvre dans photoshop c’est une copie du psd, avec tous les calques. On reprend également le développement là où on s’était arrêté mais à l’enregistrement un nouveau fichier est généré et dans LR on a alors 3 fichiers côte à côte : 1234.nef, 1234-modifier.psd et 1234-modifier2.psd. C’est intéressant si on veut faire deux versions différentes de la même photo.
Conclusion
Il y a plusieurs flux de travail possible. Celui que je privilégie car il me permet de revenir en arrière sans devoir reprendre le développement à la base c’est celui qui est indiqué en vert dans le résumé en image.
C’est une bonne idée de laisser reposer un développement et de le reprendre un peu plus tard avec un peil neuf. Ce flux est idéal pour ça.
Une question qui revient souvent c’est celle des fichiers à garder ou pas une fois qu’on a fini un développement.
Pour moi un développement n’est jamais vraiment figé. J’ai acquis des compétences qui me permettent de récupérer des photos que je pensais ratées. J’ai changé de goût aussi. Par conséquent je garde TOUJOURS le raw de départ. Et je garde aussi les fichiers psd ou tif, surtout si j’ai fait beaucoup de sélections, de traitements localisés. C’est plus rapide d’effacer une sélection que la faire !
Bonjour et merci pour ce tutoriel.
Depuis quelques mois je travaille mes photos a partir de Bridge, Camera Raw et PS.
Ce auto s’applique également à Camera Raw, ce que je pense?
Cordialement
FK
Bonjour Fadi,
La question ne se pose pas de la même façon car dans Bridge on ne peut pas modifier le développement de la photo contrairement à lightroom.
Pour garder le raw dans le fichier photoshop, il faut suivre la démarche suivante : depuis bridge ouvrir le raw. Il s’ouvre forcément dans camera raw puisque c’est ce module de photoshop qui va effectuer l’étape de dématriçage. A la fin de cette étape, en bas de camera raw il y a deux façons d’ouvrir dans photoshop : (à choisir en bas à droite de la fenêtre) : ouvrir ou ouvrir en tant qu’objet dynamique (ouvrir un objet). En choisissant ouvrir, c’est une version pixellisée qui est envoyée dans photoshop, on perd l’accès au fichier raw. En choisissant ouvrir un objet, on retrouve le raw encpasulé dans un objet dynamique et en double cliquant sur ce calque on se retrouve dans camera raw. Quand on enregistre le fichier photoshop et qu’on le rouvre ensuite, on le retrouve toujours dans l’état où il a été enregistré.
Tutos très intéressant merci Flo
Avec plaisir 🙂
Merci Flo pour ce rappel très clair qui m’évitera à l’avenir de retravailler dans LR une image déjà corrigée dans PS.