Préparer une sortie astrophoto, de voie lactée, de comète, ou même de ciel profond, ça nécessite quelques outils pour mettre le plus de chances de son côté.
Cet article n’aborde pas la prise de vue en astrophoto, et encore moins le traitement de ces photos, sujets bien trop complexes pour être traités dans un seul article, mais il présente les outils (sites web, applications) utiles pour préparer une sortie astro.
Pollution lumineuse
Pas de miracle : pour bien voir les étoiles, il faut être éloigné de la pollution lumineuse. Car c’est une vraie pollution pour les animaux et les insectes. D’année en année cette pollution augmente, même si heureusement, coût croissant de l’énergie aidant, des villes et surtout des villages adoptent l’extinction des éclairages publics au cœur de la nuit. Mais cela reste très difficile de voir beaucoup d’étoiles depuis un centre-ville.
Il y a des cartes de pollution lumineuses qui ont été établies pour cela. Certaines sont vraiment périmées.
La plus à jour, complète et précise que j’ai repérée est celle établie par Frédéric Tapissier que l’on trouve sur cette page.
Celle qui est en téléchargement pour l’astrophoto a été mise à jour en 2023.
Elle ne concerne que la France métropolitaine et la corse, plus certaines zones frontalières de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse, et une toute petite partie de l’Espagne. Elle est très détaillée (1 pixel = 10m !) et pèse 722 Mo et on peut zoomer très fortement sur une zone d’intérêt et avoir les vues en 3D, ce qui est très pratique.
Pour l’utiliser, il faut la télécharger et l’ouvrir dans la version google earth pour ordinateur, la version dite google earth pro.
Il y a bien entendu d’autres très bonnes cartes de pollution lumineuse, mondiales, comme light pollution map. En déplacement, on n’a pas toujours son ordinateur avec soi. J’utilise l’application light pollution map sur Android et elle également disponible pour les Iphones.
Plus c’est sombre, mieux c’est ! Les Belges et les habitants du nord de la France sont certes moins bien lotis que ceux des Cévennes ou des alpes. Mais il n’est cependant pas obligatoire d’aller dans une zone bleue ou noire sur la carte pour réussir de belles photos de nuit.
Comme le précise l’auteur, cette carte considère la pollution lumineuse perçue à un angle de 50° au dessus de l’horizon. Plus on est haut, moins celle qui est au ras de l’horizon sera sensible.
Pour les photos de ciel profond, plus l’objet est à la verticale, moins la pollution lumineuse des villes aura d’importance.
Les cartes de pollution lumineuses ne prennent pas en compte celle due à la lune. Et elle peut être très gênante. Une application comme Sun Surveyor, décrite en détail dans cet article, permet de choisir les bonnes heures pour prendre ses photos sans forcément devoir attendre la nouvelle lune. Voici une vue de la pollution lumineuse autour du Chateau de Lavardens dont je parle dans ce même article, avec la carte de 2023 dans google earth. Le Gers est assez bien épargné !


Météo pour l’astrophoto
S’il y avait UNE seule application ou un seul site web qui donne des prévisions météo sure à 100%, cela se saurait 😂. Il suffit de comparer quelques pages météo pour voir que les interprétations (les modèles météo utilisés surtout) des mêmes données enregistrées donnent des prévisions parfois très différentes. J’aime bien pour ma part les applis qui montrent des cartes, pas seulement des icones de soleil ou de pluie. Cela permet de voir si les nuages prévus à 23h au dessus de chez soi font partie d’une large bande qui se déplace, auquel cas la prévision a toutes les chances d’être exacte, ou si ce sont des bancs de nuages dont la localisation peut varier.
Le site webastro, qui par ailleurs contient quantité d’informations pour les passionnés d’astrophoto, et un forum très actif, a une page dédiée à la météo pour les astrophotographes avec des informations qu’on a plus difficilement ailleurs sur la transparence, le « seeing » et l’humidité notamment. On peut voir aussi toutes ces informations sur des cartes animées et des prévisions jusqu’à 180h.

La voie lactée
On peut facilement voir l’emplacement de la voie lactée dans Stellarium ou dans Sun Surveyor.
Le coeur de la voie lactée n’est pas visible toute l’année en France métropolitaine. Il disparait sous l’horizon en hiver. Plus il est bas sur l’horizon et plus la pollution lumineuse est gênante.

Dans Stellarium, on peut régler la luminosité et la saturation de la voie lactée, modifier également l’intensité de la pollution lumineuse du lieu. La visibilité de la voie lactée dans l’application tiendra compte de ces paramètres et de la présence et de la phase de la lune à l’heure choisie.
Si vous souhaitez des tutos sur la prise de vue de voie lactée et le traitement des photos, Olivier Rocq a fait un long tuto en 3 parties accessibles gratuitement sur Youtube (partie 1, partie 2, partie 3).
Harry Collis est un excellent spécialiste des astrophotos. Son site est plein de conseils et d’articles passionnants sur ce sujet et il propose d’excellentes formations (payantes mais très raisonnables) sur plusieurs sujets en astro photo. Beaucoup de vidéos intéressantes sur sa chaîne, en particulier : Comment photographier la voie lactée et supprimer la pollution lumineuse.
Applications pour identifier les objets célestes
Il y a de nombreuses applications ou sites web sur smartphone ou ordinateur pour identifier la voie lactée, les constellations, les nébuleuses, galaxies, amas d’étoiles et autres objets du ciel profond. Celle que j’utilise le plus souvent c’est Stellarium, gratuite et que l’on peut utiliser sur smartphone ou sur ordinateur. Il y a une version stellarium + que j’ai prise pour quelques euros car elle ajoute des objets célestes et d’autres fonctions. J’utilise également Starwalk 2 qui propose des informations intéressantes sur les « actualités » de l’astronomie.
Attention, sur ordinateur, il y a deux versions de stellarium : une par le site web, qui est pratique mais qui n’est pas aussi complète que l’application qu’on installe sur l’ordinateur, que celui-ci soit sur Linux, Windows ou MacOS.
C’est celle-ci que j’utilise pour préparer une sortie astro, ainsi que la version sur smartphone (indispensable !). La version sur ordi permet de simuler la vue sur un appreil photo ou dans un téléscope. Le logiciel est TRES complet, développé depuis de nombreuses années et il y a de multiples tutos sous forme écrite ou vidéo qui sont disponibles. Attention : ces tutos sont généralement faits pour les applications, pas pour le site web et l’interface n’est pas la même.
Avec l’application pour smartphone, après avoir calibré la boussole en faisant de grands 8 avec l’appareil, on peut avoir une vision sur l’appli en live view qui se superpose à celle du vrai ciel et des constellations et facilite la localisation des objets du ciel profond.
Magnitude des étoiles
La magnitude d’une étoile, notée M c’est sa luminosité. La magnitude apparente c’est la magnitude perçue depuis la terre.
la luminosité des objets céleste a fait l’objet d’un classement dès la Grèce antique. Les étoiles étaient classées de 1 à 6 en fonction de leur ordre d’apparition dans le ciel nocture. C’et une notation dite inversée : plus la valeur est faible plus l’étoile est lumineuse. Cette notation a bien entendu évolué mais le principe est resté le même. La notation actuelle est une notation logarithmique. Une augmentation d’un point de la magnitude correspond à une diminution d’un facteur environ 2.5 de la luminosité.
La magnitude apparente de Vega est de 0.

Les comètes
Si le trajet de certaines comètes est prévisible, parce qu’elles suivent un cycle régulier, comme la célèbre comète de Halley, d’autres traversent notre système solaire sans s’y arrêter.
Et la luminosité des comètes est variable. Certaines sont très faibles, d’autres bien plus brillantes mais quoi qu’il en soit, à l’approche du soleil, elles peuvent, de façon assez imprévisible, perdre ou au contraire gagner en luminosité.
Certains sites se sont spécialisés dans le suivi des comètes. C’est notamment celui de Gideon van Buitenen.
En octobre 2024, la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-Atlas sera au plus proche de la terre et devrait être très lumineuse, visible à l’oeil nu dans le ciel nocture, avec une longue queue cométaire et avec une magnitude apparente d’environ 2. Pour l’instant (fin aout 2024), elle tient ses promesses et sa luminosité croit régulièrement. Mais rien ne dit qu’elle ne se désagrègera pas partiellement en approchant du soleil. Le site de Van Buitenen permet de suivre son trajet et sa luminosité au jour le jour.
Une autre comète est à suivre car elle devrait être encore plus lumineuse (magnitude apparente de 0), au plus proche de la terre le 13 janvier 2025 : C/2024 G3 (ATLAS) mais stellarium me montre qu’elle sera hélas très très basse sur l’horizon et donc quasiment impossible à voir.
Dans Stellarium, il faut ajouter les comètes pour pouvoir les suivre. Pour l’application sur ordi, il y a un bon tuto sur cette page.
Cela permet de prévoir où elle sera dans le ciel à une date donnée, de rechercher le meilleur compromis de date entre sa luminosité et sa hauteur sur l’horizon et de rechercher ensuite un premier plan en fonction de ces données
Dans Stellarium, on peut chercher un objet céleste, et on a beaucoup d’informations dessus. Pour la comète C/2023 A3, le 17 octobre 2024 peu après le coucher du oleil, Stellarium projète que la magnitude apparente sera de 1.57, ce qui est supérieur à la valeur prévue par d’autres observatoires/applications. Mais elle devrait donc être au moins aussi brillante dans son noyau que l’étoile polaire, sans compter sa queue qui devrait la rendre encore plus visible 🤞🤞🤞
En fonction de l’heure du coucher du soleil, de la présence et de la phase de la lune, et des paramètres de pollution lumineuse et de lumière zodiacale choisis, la comète (ou autre objet céleste) sera plus ou moins visible ce qui est pratique pour bien choisir son heure.

Premier plan pour une photo de voie lactée ou de comète
Une photo de voie lactée c’est très beau. Mais la voie lactée au dessus d’un champ vide c’est moins sympa qu’avec un chateau, une chapelle, une statue en premier plan.
les conseils donnés dans cet article pour identifier et tester un premier plan pour des photos de lever ou coucher de lune ou de soleil (ou même en plein jour !) restent complètement valables. Pour faire des panoramas avec la voie lactée, il faut prévoir une zone bien dégagée, au dessus d’un lac par exemple.
Et pour finir, quelques photos…
Les photos de voie lactée peuvent être prises sans équipement particulier. En revanche, pour photographier des objets du ciel profond, dès lors que l’on utilise un téléobjectif, et plus encore avec une lunette astronomique, il est indispensable de disposer d’une monture équatoriale qui suit la rotation de la terre, de façon à pouvoir faire des poses longues (>30 secondes et jusqu’à plusieurs minutes), sans qu’il n’y ait de filé d’étoile sur les clichés.
Les photos ci-dessous ont été prises avec un fuji XT4 normal (pas défiltré), une monture équatoriale « de base » (star aventurer mini wifi), et le 18-300mm de Tamron à 300mm (f/6.3) (sauf pour la voie lactée prise au 18mm), ce qui n’est vraiment pas le matériel le plus performant pour faire ce genre de photos. Mais on regarde le ciel différemment quand on fait ce genre de photos 😊.



