Qu’est-ce qu’une couleur, comment la définir ?
Définitions
Les premières définitions du dictionnaire Larousse du mot couleur sont les suivantes :
1- Sensation résultant de l’impression produite sur l’œil par une lumière émise par une source et reçue directement (couleur d’une source : flammes, etc.) ou après avoir interagi avec un corps non lumineux (couleur d’un corps).
Synonymes : coloration – coloris – teinte – ton ; Contraires : blanc – noir
2- Dans le langage courant, ce qui s’oppose au noir, au gris et au blanc : Le linge blanc et le linge de couleur.
3- Substance, matière colorante : Boîte de couleurs. Synonymes : colorant – gouache – peinture – teinture
Et le larousse donne encore de nombreuses autres défintions ! On voit donc que suivant le contexte, le mot couleur s’interprète de différentes façons.
Si on me dit d’un objet qu’il est de couleur bleue, cela ne me dit pas s’il est bleu clair, bleu de Prusse, bleu lavande ou bleu pastel mais je comprends qu’il n’est pas rouge.
En physique, une couleur se définit par une longueur d’onde exprimée en nanomètres. Précis mais pas très parlant…
Certains définissent un ton (ou teinte) comme une couleur pure, sans aucun ajout de blanc, de noir ou de gris. C’est la couleur de base, comme le rouge, le bleu ou le jaune. Pour d’autres c’est au contraire un mélange de couleurs primaires.
La nuance désigne chacun des degrés différents d’une même couleur ou les degrés intermédiaires entre deux couleurs.
La luminance est une mesure objective de la quantité de lumière émise ou réfléchie par une surface dans une direction donnée. Elle est mesurée en candelas par mètre carré (cd/m²)
La luminosité est une perception subjective de la clarté ou de la brillance d’une couleur ou d’une source lumineuse. Elle est interprétée par l’œil et le cerveau. Elle est influencée par l’éclairage environnant, sa couleur, et par l’adaptation de l’œil à l’intensité lumineuse.
La luminosité d’un écran est perçue différemment quand on est à l’extérieur en plein soleil ou dans une pièce sombre, même si la luminance de l’écran n’a pas changé.
Synthèse additive et synthèse soustractive
Difficile de parler de couleur sans parler de ces deux termes un peu barbares.
En photo on capte la lumière et la couleur est obtenue par une synthèse additive : la superposition des couleurs primaires (rouge, vert bleu) produit du blanc. Le noir est une absence de lumière.
Rouge vert et bleu sont dites des couleurs primaires car on ne peut pas les obtenir en mélangeant d’autres couleurs. Le cyan (vert+bleu), le magenta (rouge+bleu) et le jaune (vert+rouge) sont des couleurs dites secondaires.
A l’école, comme M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, nous avons tous appris à peindre sans savoir que nous faisions de la synthèse soustractive. Plus on ajoute de pigments sur la toile, plus on absorbe (soustrait) de la lumière jusqu’à obtenir du noir. Le blanc est obtenu par l’absence de pigments (sur une feuille blanche !). En peinture les couleurs dites primaires sont le bleu, le rouge et le jaune. Le vert est obtenu en mélangeant bleu+jaune, l’orange = rouge + jaune, violet = rouge + bleu.
Dans le monde de l’impression, ce ne sont cependant pas ces couleurs primaires qui sont utilisées dans les cartouches d’encre. Celles qu’on utilise, en plus du noir, sont en réalité les couleurs secondaires des la synthèse additive : cyan, magenta et jaune.
La couleur en photo
Une couleur est identifiée en photo numérique selon au moins 5 méthodes.
– Dans le mode L*a*b*, la clarté L* dérive de la luminance de la surface ; les deux paramètres a* et b* expriment l’écart de la couleur par rapport à celle d’une surface grise de même clarté, a sur un axe vert-magenta, b sur un axe bleu-jaune.
– Dans le mode RVB, chaque couleur est décrite par le mélange des trois couleurs primaires, chacune exprimée sur une échelle de 256 niveaux, de 0 à 255. Le rouge pur a comme coordonnées dans ce mode (255, 0, 0), le vert (0, 255,0) et le bleu (0, 0, 255).
– en mode TSL, T désigne la teinte (rouge, orange, jaune ou leur mélange), S la saturation, c’est à dire la quantité, la densité de la couleur, et L la luminosité.
– Par un code couleur de 6 chiffres précédés d’un signe dièse : #808080 par exemple représente le gris moyen
– En mode CMJN : ce système est utilisé en référence aux imprimantes qui utilisent le plus souvent 4 cartouches : cyan, magenta, jaune et noir
Ces 5 modes sont tous indiqués dans le sélecteur de couleur photoshop.

La roue des couleurs RVB
La couleur est parfois définie comme la combinaison des deux composantes teinte et saturation, en excluant la luminosité. Cependant ces trois composantes sont en réalité étroitement imbriquées dans la façon dont elles sont interprétées par notre cerveau qui n’est ni un luminomètre ni un spectrophotomètre.
Les capteurs de nos boitiers et nos écrans utilisent une combinaison de trois couleurs dites primaires : Rouge, Vert, Bleu soit RVB (RGB en anglais), reliées par un triangle noir sur la roue des couleurs RVB ci-contre.
Leur combinaison deux à deux donne les couleurs dites secondaires, Cyan, magenta et jaune, reliées par le triangle blanc.
Sur cette roue des couleurs à gauche, exprimé en mode TSL, chaque secteur correspond à une même teinte T et à une même luminosité L de 100%.
Le cercle extérieur a une saturation S de 100%
Le cercle intermédiaire de 50%
Le cercle intérieur de 25%
Bien que la luminosité soit toujours de 100%, on voit que la saturation en influence notre perception. Notre oeil considère le blanc comme la couleur la plus lumineuse, alors qu’en fait c’est souvent seulement la moins saturée.
Dans la roue RVB, chaque couleur primaire est en face d’une couleur secondaire, le bleu en face du jaune par exemple.
Connaître cette roue est indispensable pour savoir comment corriger une couleur, supprimer une dominante, réchauffer ou refroidir une ambiance…

La roue des peintres RJB

La roue des couleurs RVB est différente de la roue dite des peintres. Les peintres ont travaillé sur les harmonies de couleur bien avant l’invention de la photo numérique et des écrans. Comme les couleurs primaires en peinture sont le rouge, le bleu et le jaune, la roue des peintres est décalée par rapport à celle des photographes. Le jaune est en face du violet et non plus du bleu.
En musique comme en peinture, certains « mélanges » sont harmonieux à nos yeux ou à nos oreilles. Ces harmonies sont évidemment très dépendantes de notre culture et tout le monde n’a pas les mêmes références.
Cette roue a servi de base pour définir des harmonies de couleur. Le bleu et le orange, qui sont en face l’un de lautre sur cette roue des peintres sont des couleurs dites complémentaires.
Il y a de nombreux ouvrages qui traitent de la théorie des couleurs, de la façon dont certaines sont associées à des sentiments (douceur, agressivité, dynamisme, tranquilité…) et le monde du marketing par exemple les utilise beaucoup.
On peut acheter pour quelques euros une roue des couleurs des peintres qui est utile pour chercher des harmonies. Mais la roue RVB reste celle qui permettra d’obtenir les couleurs choisies dans nos logiciels de photo.
En guise de conclusion, ce qu’il faut retenir c’est qu’en photo, on ne travaille pas avec des longueurs d’onde ou des mesures de luminance exactes. Nos yeux, notre cerveau interprètent en permanence. Réchauffer une ambiance en déplaçant la balance des blancs du bleu vers le jaune nous donne le sentiment que la luminosité augmente, quand bien même on n’a pas touché aux curseurs de luminosité ou d’exposition. Mais il est important de comprendre comment on peut modifier une couleur en augmentant ou en diminuant sa saturation, luminosité ou celle de sa complémentaire.