Le bracketing d’exposition est une technique de prise de vue qui permet d’enregistrer toute la plage de lumière d’une scène, de la zone à plus sombre à la plus claire.
Pourquoi faire un bracketing d’exposition ?
Même si les capteurs de nos boitiers ont beaucoup progressé ces dernières années, ils sont limités dans leur capacité à enregistrer sur un même cliché des zones très lumineuses et des zones très sombres. la différence de luminosité entre ces deux zones, c’est ce qu’on appelle la dynamique du capteur. Face à un lever ou un coucher de soleil, ou pour prendre une photo d’intérieur avec des fenêtres très lumineuses, pour ne pas bruler les zones lumineuses (le soleil, le paysage à travers les fenêtres) et avoir des détails dans les ombres, il faut prendre plusieurs photos avec des expositions différentes, c’est à dire faire du bracketing d’expositions, et les fusionner ensuite.
Sur les boitiers modernes il y a une fonction dédiée à ce mode de prise de vue. Suivant les boitiers, on peut régler le nombre de prises de vues et l’écart d’exposition entre chacune.
Les photos sont prises en rafale sur les boitiers modernes, et si on fait attention et que les temps de pause ne sont pas trop longs on peut le faire sans pied. En basse lumière il est impératif de le faire avec un pied pour que les photos soient nettes d’une part et que le cadrage ne change pas d’une photo à l’autre. Mais si le boitier ne dispose pas de cette fonction, il suffit de faire varier le temps d’exposition pour obtenir le même résultat.
Pour une photo d’intérieur avec des fenêtres par exemple, on prend souvent 3 photos : une photo avec l’exposition « normale » plus une avec 1 stop de plus (1 stop en plus = le double du temps d’exposition ou bien ouvrir de 1 diaph ou bien doubler les iso) pour avoir des détails dans les zones sombres et une avec 1 stop de moins pour voir le paysage derrière la fenêtre.



Pour des levers ou couchers de soleil ou des scènes très contrastées, on préfère en général partir de l’exposition correcte pour les zones sombres (pas de noirs complètement bouchés) et diminuer de 1 puis de 2 voire 3, 4, 5… stops, de façon à ce que les zones autour du soleil (ou des éclairages des villes pour les photos à l’heure bleue) ne soient pas brulées. Il faut prendre en fait autant de clichés que nécessaire pour que chaque zone de la photo soit correctement exposée sur au moins un des clichés. Si on n’utilise pas tous les clichés au développement, avec des photos numériques, ce n’est pas grave, on les jette :). Il faut toujours vérifier sur l’histogramme qu’on a bien couvert toute la dynamique de la scène.
On voit parfois des photos qui ont une dynamique tout à fait standard, pour lesquelles un seul cliché suffit mais dont l’auteur dit avoir fait un bracketing de 7 expositions. C’est non seulement inutile mais en général cela dégrade le résultat final. Bracketer c’est bien, mais seulement quand c’est nécessaire 😉.
Comment faire un bracketing d’exposition ?
La plupart des boitiers modernes ont une fonction dédiée à cette fonction. Lorsque ce n’est pas le cas, on peut tout à faire le faire manuellement.
Bracketing manuel
Il est vivement conseillé dans ce cas de mettre l’appareil sur pied (ou au minimum de s’appuyer contre un mur, une table…) pour éviter les décalages de cadrage.
Après avoir défini une exposition pour les zones moyennes et pris la photo, le plus simple c’est d’utiliser la bague ou la fonction de correction d’exposition pour faire des clichés avec +1, et -1 stops voire bien plus suivant les besoins.
Dans une situation de coucher de soleil, on expose correctement pour le premier plan et on fait des expositions complémentaires avec -1, -2, -3…
Si on ne dispose pas de bague de correction d’exposition, on peut le faire complètement manuellement en multipliant le temps d’exposition par deux (= +1 stop) ou en le divisant par 2 (-1 stop)
On en touche pas aux Iso ou au diaph ! La dynamique d’une image est très dépendante de la valeur des iso. Et la zone de netteté est très dépendante de l’ouverture de l’objectif.
Bracketing automatique
Les boitiers modernes Ont en général une fonction qui permet de faire du bracketing automatiquement, en enchaînant les prises de vues rapidement. Si les temps de pose ne sont pas trop longs, on peut en général se passer d’un pied photo (sauf pour des photos de nuit bien sur !). Impossible de donner un mode d’emploi précis car chaque marque a sa manière particulière d’implémenter cette fonction. Le plus souvent, de base, un réglage 0, -1, +1 stops par rapport à l’exposition est proposé. Si pas d’autres options ne sont disponibles, on peut comme en mode manuel modifier l’exposition de base à l’aide du correcteur d’exposition. Une correction de -1 donnera donc à la fin 3 photos exposées à -2, -1 et 0, ce qui sera utile pour un coucher de soleil. A l’inverse afficher +1 sur le correcteur donnera 0, +1 et +2, ce qui est utile si vous prenez des photos dans un environnement très sombre avec quelques zones éclairées (grotte par exemple).
Sur certains boitiers, comme le fuji XT4 que j’utilise, on dispose de nombreuses options pour le bracketing. On peut choisir le nombre de vues (jusqu’à 9 !), choisir si on ne veut que des expos plus courtes (0, -1, -2), ou au contraire plus longues (0, +1, +2), choisir si on veut faire varier la vitesse, les iso, ou l’ouverture, et choisir quelle variation d’exposition (en stops) on souhaite.
Pour ma part, j’utilise une variation de 1+1/3 plutôt que de 1 stop.
Je ne règle en pratique que le nombre de photos que je souhaite. Je n’utilise jamais le bracketing d’iso ou d’ouverture.
Et je trouve bien plus facile de régler l’exposition de base par la méthode indiquée plus haut, c’est à dire en la modifiant avec le correcteur d’exposition, accessible avec une molette dédiée bien pratique, plutot qu’en allant farfouiller dans les menus du boitier.
Comment assembler des photos prises avec un bracketing d’exposition ?
Dans des situations assez simples, Lightroom ou photoshop peuvent créer automatiquement une photo HDR (High Dynamic Range) à partir de plusieurs expositions. Les deux méthodes à partir des mêmes clichés sont comparées dans cet article
Dans Lightroom : sélectionner les photos (les deux extrêmes suffisent dans la plus part des cas comme ci dessous, tous les tons moyens étant contenus soit dans la photo sur exposée soit dans la sous exposée) puis clic droit, fusion de photos, HDR (ou ctrl H). Lightroom aligne automatiquement les photos. Si vous n’avez pas trop bougé pendant la prise de vue, et si il n’y a pas trop d’éléments mobiles, le résultat est en général très bon pour ce qui est de l’alignement. C’est à cause de cette nécessité d’aligner les photos qu’il est recommandé de limiter le nombre de vues fusionnées. Ce n’est pas parce que vous avez pris 5 photos qu’il faut toutes les utiliser, bien au contraire ! L’alignement effectué par lightroom (ou photoshop d’ailleurs) n’est pas une simple superposition. L’image peut être légèrement tournée, déformée pour faire correspondre au mieux toutes les zones de l’image. Plus il y a de photos à aligner, plus il est difficile d’obtenir un résultat parfait.
On peut alors développer cette photo en récupérant les ombres et les hautes lumières, et ne plus avoir aucune zone bouchée ou brulée

Avec photoshop :
Lorsqu’il y a des éléments en mouvement dans une photo (arbres, vagues, voitures, passants…) la fusion automatique donne souvent des résultats un peu décevants. On voit des « fantômes », des images doubles à certains endroits.
Dans ces cas là mais également lorsqu’on souhaite un résultat plus contrôler, il est préférable de travailler dans photoshop pour empiler les différents clichés dans un seul fichier et à l’aide de masques de luminosité, sélectionner les zones à conserver sur chacun. Cette technique est décrite notamment dans cette excellente vidéo d’Olivier Rocq (c’est par cette vidéo que je l’ai découvert !).