Le capteur des appareils photo numériques doit être nettoyé quand il est sale. Cette opération peut se faire à la maison, moyennant quelques précautions.
Le capteur se salit
Dans les boitiers argentiques, le capteur, c’était le film. Il arrivait qu’on le raye, si un grain de sable se mettait dans la languette, mais cela ne touchait qu’une seule pellicule.
Avec les appareils photo numériques, le problème est différent. Le capteur reste en place et quand il est sale, les tâches se retrouvent sur toutes les photos.
Les appareils réflex ont un miroir (qu’il faut aussi nettoyer !) mais celui-ci protège assez bien le capteur qui est derrière.
Certains boitiers hybrides ont un cache qui se met automatiquement devant le capteur quand on change un objectif. Cette protection a été mise en place parce que sur les boitiers qui n’ont pas ce cache, chaque fois que l’on change d’objectif, le capteur est directement exposé à l’extérieur !
Le capteur est sali par les poussières, embruns, gouttes d’eau qui viennent de l’extérieur, mais également par des micro-gouttes de graisse provenant du boitier lui-même.
Détecter les tâches de capteur
Avec Lightroom
Dans le module développement de lightroom, l’outil supprimer a une coche « afficher les défauts » qui est bien pratique. Elle passe l’image en mode « contours » qui permet de repérer les tâches de capteur de façon très efficace. Un curseur permet de faire varier la luminosité, certains défauts apparaissant mieux en la changeant.
L’aspect en « beignet troué » ou donut, est caractéristique des tâches de capteur. L’outil corriger, celui qui est entouré ci-contre et qui ne fait pas appel à l’IA, est redoutable pour les supprimer.
Cet outil est également disponible dans Camera raw.


Avec Photoshop
Photoshop n’a pas d’outil dédié. Pour bien visualiser les tâches de capteur, une courbe de solarisation est un outil efficace.
Il n’y a pas de courbe de solarisation toute prête dans photoshop, il faut la créer soi même et l’enregistrer dans les paramètres prédéfinis pour pouvoir s’en resservir.
Pour la créer il suffit d’ajouter une nouvelle courbe puis de tirer des points placés sur celle-ci alternativement vers le haut et vers le bas pour créer ces sinusoides. On peut créer plusieurs sortes de courbes à 6, 8, 12 points.
Pour les mémoriser, il faut cliquer sur le « menu burger » en haut et à droite du panneau propriétés > « enregistrer le paramètre prédéfini de courbe ». Par la suite, on retrouve cette courbe avec le menu déroulant du panneau propriétés après avoir ajouté un calque de réglage de type courbe.
Ces courbes de solarisation créent de fausses couleurs assez psychédéliques qui mettent bien en évidence les cassures, les ruptures de colorimétrie et donc les défauts dans une photo, dont les tâches de capteur.
On peut ajouter une deuxième courbe « normale » en dessous de la courbe de solarisation, de façon à faire varier la luminosité ce qui permet de faire ressortir mieux certaines tâches.
Les différents outils de suppression de photoshop feront ensuite le job pour corriger ces tâches.
Mais c’est encore mieux de ne pas en avoir ! car c’est assez vite fastidieux…
Eviter les tâches de capteur
Avant de parler de nettoyer le capteur, rappelons quelques règles pour éviter de le salir !
La première règle c’est de maintenir ses objectifs propres, en particulier à l’arrière de l’objectif. Quand on change d’objectif rapidement, si on met l’objectif dans un sac sans mettre le bouchon arrière, il peut se charger de poussières qui peuvent ensuite se transférer sur le capteur.
La seconde règle c’est de ne jamais changer d’objectif face au vent, de protéger le boitier au maximum pendant ce changement, et de laisser le boitier sans objectif pendant le temps le plus court possible.
Enfin la troisième règle c’est de nettoyer le boitier et les objectifs régulièrement, de vérifier ses photos, et de faire des photos de test pour vérifier la propreté du capteur.
La plupart des boitiers hybrides ont une fonction nettoyage de capteur. Les technologies varient suivant les fabricants mais en le faisant vibrer, cela permet d’éliminer (en fait de repousser…) des poussières du capteur. Il ne faut pas s’en priver. Cette fonction peut souvent être programmée pour se déclencher automatiquement lorsqu’on éteint l’appareil. C’est un bon paramétrage. Mais ça ne fait malheureusement pas tout.
Le matériel à acheter pour nettoyer son capteur
On peut faire nettoyer le capteur de son boitier chez un professionnel. Mais cela a un coût non négligeable, dans la mesure où il faut le faire régulièrement, et cela immobilise le boîtier le temps du nettoyage.
C’est une opération qui demande à être faite soigneusement mais qui est tout à fait faisable chez soi. Il y a un peu de matériel à acheter mais il est vite rentabilisé.
On trouve le matériel nécessaire dans tous les commerces en ligne, spécialisés photo ou généralistes.
En plus du matériel dédié ci-dessous, il faut prévoir une bonne lampe de bureau articulée, ou une lampe frontale pour bien voir le capteur en gardant les mains libres.
Il y a plusieurs types de kits de nettoyage de capteur. On peut faire un nettoyage « à sec », pour enlever les poussières, surtout les grosses, ou avec un liquide pour enlever les petites tâches et les tâches de gras. Voici ceux que j’utilise :

Ce kit comprend un bâton qui se termine par une sorte de gomme adhésive et un carnet de feuilles adhésives nécessaires pour nettoyer la gomme.
On trouve ce kit chez les revendeurs sous le nom indiqué en légende.

Pour démarrer, je conseille d’acheter un kit comme celui de K&F qui contient des gants anti statiques.
Porter des gants évite d’apporter de nouvelles saletés, et du gras.
il y a plusieurs kits suivant la taille de votre capteur : full frame ou APS-C. Vérifiez avant d’acheter !
Certains kits contiennent également une poire soufflante, ainsi que des cotons tiges pointus et un pinceau nettoyeur, accessoires qui sont pratiques.
Poire soufflante ou bombe à air sec ?
Certains préconisent d’utiliser une bombe à air sec pour commencer le nettoyage, d’autres préfèrent une poire soufflante.
Pour ma part je n’aime pas les bombes à air sec, je trouve que le jet est facilement trop fort, il peut y avoir de la condensation.
Les « anti poires » disent à juste titre qu’on envoie de l’air pris dans la pièce. Mais si celle-ci est à l’abri des courants d’air et propre, je n’ai jamais constaté que la poire envoyait des saletés.
J’utilise une poire qui ne me sert qu’à cet usage.
Tous les outils de nettoyage de capteur que j’utilise sont dans une petite trousse fermée et je n’en manipule les éléments qu’avec des gants et dans un environnement propre. J’emporte toujours cette petite trousse en voyage avec moi pour pouvoir nettoyer le capteur si j’ai du changer d’objectif dans des conditions périlleuses.
Avant de commencer
Le nettoyage du capteur est une opération qu’il faut faire tranquillement, fenêtres et portes fermées pour éviter les courants d’air et les poussières, dans un environnement propre.
Dégager une surface place et la nettoyer avec un chiffon en microfibres par exemple.
Rassembler tout le matériel nécessaire avant de commencer.
La prise de vue « avant »
Pour bien voir les zones à nettoyer et les tâches de capteur, plutot que de regarder une photo existante, il est préférable d’en prendre une dédiée à cela.
Plus le diaphragme est fermé et plus les tâches de capteur sont visibles.
Le mieux c’est de prendre une photo d’un ciel uniforme blanc ou bleu, ou à défaut d’un mur blanc, en ne faisant pas la mise au point.
Les tâches de capteur ne viennent pas de l’objectif et on les voit mieux sur une photo qui n’est pas nette. On peut même bouger pendant la prise de vue, les tâches de capteur resteront nette (si on est en mode manuel et que le capteur ne bouge pas pour essayer de rectifier la mise au point !).
Donc on se met en mode de mise au point manuel, on ferme le diaph au maximum, on prend une photo du ciel et on importe la photo dans lightroom ou camera raw en mode de visualisation des défauts comme expliqué plus haut.
On ferme rarement le diaph au maximum sur un objectif et la prise de vue à f/22, voire plus, met en évidence des tâches qui ne sont pas détectables à des ouvertures plus grandes. Je conseille de faire une seconde prise de vue, par exemple à f/11 pour être dans des conditions plus proches de la vie réelle.
Il faut faire cette photo test avec des objectifs propres, à l’avant comme à l’arrière… cela va sans dire.
Nettoyage du boitier
Avant de nettoyer le capteur, on nettoie le boitier, histoire de ne pas remettre de saletés dedans ! On insiste en particulier sur la zone autour de l’objectif dans un premier temps.
Accéder au capteur
Sur les réflex, il faut relever le miroir pour accéder au capteur, sur certains hybrides il faut nettoyer le capteur avec le boitier allumé pour qu’il soit accessible. Référez vous au mode d’emploi de votre boîtier sur ce point avant d »aller plus loin ! Faites toujours en sorte d’avoir une batterie chargée si vous devez nettoyer le capteur avec le boitier allumé.
Sur d’autres boitiers hybrides, le capteur est directement accessible (hélas !) en enlevant l’objectif.
Nettoyage par soufflage
Avant de toucher au capteur, on commence par souffler autour.
Pour cela, on tient le boitier au dessus de soi, ouverture vers le bas (d’où l’intérêt d’une lampe frontale) et avec la poire on souffle autour puis sur le capteur pour déloger les poussières qui ne collent pas beaucoup.
Nettoyage à sec
Je n’utilise en pratique cette méthode que lorsqu’avec la lampe je vois des poussières, ou des fils assez « gros » (tout est relatif !).
Le kit pentax est très efficace pour ça.
Avec une feuille neuve du carnet, on enlève la protection et on tamponne l’embout orange dans tous les sens pour qu’il soit bien propre. On vient ensuite délicatement effleurer le capteur. Les poussières collent sur le tampon. On le nettoie à nouveau sur la feuille adhésive et on recommence si nécessaire. Il ne faut pas appuyer le tampon sur le capteur. Juste l’effleurer, le toucher légèrement (mais le toucher quand même). Rien de difficile, il faut juste être calme et soigneux !
photo de contrôle
Avant de refaire une photo de contrôle, on nettoie soigneusement l’arrière de l’objectif, y compris les contacts. On nettoie également les parties du boitier qui sont en contact avec l’objectif et qu’on ne peut pas nettoyer quand il est monté.
Après cette étape on peut refaire une photo de contrôle comme indiqué pour la prise de vue avant. Cela permet de comparer et de vérifier si il y a encore besoin de nettoyer.
Nettoyage avec un liquide
C’est le nettoyage le plus efficace mais aussi celui qui stresse le plus le débutant. Mais il n’est en réalité pas difficile si on suit les étapes suivantes.
Il faut toujours prendre une spatule NEUVE ! Les spatules usagées ne servent qu’à une seule chose : à nettoyer le viseur et l’écran une fois qu’on en a terminé avec le nettoyage du capteur. Après : poubelle.
Les spatules de nettoyage ne coûtent que quelques euros, votre capteur beaucoup plus que cela. Il ne faut donc pas économiser sur ce point.
Certains préconisent d’acheter de l’isopropanol en pharmacie. Franchement, vu le coût des kits de nettoyage, je trouve que ce sont des économies superflues… Le petit flacon des kits est bien pratique.
Il faut imbiber l’extrémité de la spatule sans pour autant la noyer. Le liquide s’évapore très vite. Si on en met trop, il laisse des traces. Si on n’en met pas assez on ne nettoie rien. 2-3 gouttes sur une spatule pour capteur APS-C, 3 ou peut être 4 (je n’ai pas testé) pour un capteur full frame car les spatules sont plus larges.
Prévoir sur la surface de travail un petit support qui permette de reposer la spatule sans qu’elle ne touche le bureau.
Avec la spatule, on balaie assez lentement et régulièrement le capteur dans sa plus grande largeur d’un bout à l’autre. Il faut toucher le capteur, sans frotter mais il faut tout de même faire un peu plus qu’effleurer si on veut que les tâches s’en aillent. En général, 1 ou 2 passages suffisent.
Comme précédemment, on fait une photo de contrôle.
Quand arrêter le nettoyage ?
Le mieux est l’ennemi du bien ! Si il ne reste que quelques tâches visibles sur la photo à f/22, ou encore plus fermé, mais qu’on ne voit plus rien à f/11, tout dépend de la position de ces tâches.
– Si les tâches restantes sont dans le ciel, (ce qui sera le ciel sur une photo normale 😉), cela peut valoir la peine de continuer le nettoyage.
– Si c’est dans le bas de l’image, ce n’est pas forcément nécessaire.
Le risque c’est de laisser des traces de liquide qui n’étaientpas là au passage précédent. Mais il ne faut pas non plus avoir peur de recommencer.
l’image est le capteur sont inversés : le haut du capteur correspond au bas de l’image… en tenir compte quand on essaie de nettoyer une tâche qui est dans le ciel !
A la fin du nettoyage du capteur, je fais un grand nettoyage du reste du boitier, la spatule usagée, réimbibée avec du liquide de nettoyage me sert à nettoyer l’écran, le viseur. Je nettoie tous les contacts des objectifs, et … le sac photo !