Le mode de fusion incrustation appliqué au pinceau augmente localement le contraste. Il permet de peindre les zones sombres sans déborder sur les zones claires et inversement. C’est une propriété très utile pour dessiner ou corriger un masque.
Sur cette photo du château de Chantilly, le ciel est triste et je voudrais le modifier. Comme il y a un reflet, il faut également modifier celui-ci.
Dans lightroom, la sélection de ciel est très imparfaite, elle déborde sur les toits du château, et ce n’est guère meilleur dans photoshop. Le reflet n’est pas sélectionné.
La sélection de sujet est un peu meilleure mais elle ne sélectionne que le château et son reflet dans lightroom, pas les arbres autour, et dans photoshop elle ne sélectionne que le chateau, sans son reflet. On va donc créer un masque à partir d’une des trois couches RVB.

Créer un masque à partir d’une des couches R V B
Si je veux créer un masque pour appliquer un réglage seulement sur le château, il faudra que dans ce masque le château soit blanc et le reste noir. Mais le ciel est presque blanc, le château plus sombre que lui. Il est bien plus simple de créer un masque avec le château en noir et le reste en blanc puis de l’inverser. Il faut donc commencer par repérer dans quel sens on va travailler.
Pour faire un masque qui sélectionne proprement le ciel et le reflet, je vais créer un masque à partir d’une des couches RVB dans photoshop.La première étape c’est de choisir la couche qui offre le plus de contraste entre les éléments à sélectionner et le reste.
Sur cette photo, les différences ne sont pas considérables entre les 3 couches, mais la verte est celle qui donne le meilleur contraste au bord des toits et sur le reflet.
Dans le panneau des couches, je tire la couche verte sur le signe + en bas, ce qui duplique cette couche. Il ne faut surtout pas travailler sur une des couches directement. Par défaut cette nouvelle couche s’appelle vert-copie.



On commence par augmenter le contraste de cette couche « vert-copie » à l’aide d’un réglage de niveaux. Attention, on ne peut pas appliquer un calque de réglage sur une couche, il faut modifier directement cette couche, et ce traitement est destructif : on ne peut pas revenir en arrière autrement qu’avec des annulations répétées. On peut bien entendu jeter cette couche et recommencer le traitement si on s’est trompé.
On augmente les noirs et les blancs en tirant les curseurs vers le centre de l’histogramme. Mieux vaut faire cela en zoomant sut une partie délicate de l’image comme ci-contre : il faut augmenter le contraste mais sans faire disparaitre les détails. La lumière éclaircit le bord du toit, qui est donc d’un gris plus clair que le reste du toit. Il faut conserver une différence entre lui et le ciel.
Pour que sur cette couche vert-copie, le château soit entièrement noir et le ciel blanc pur et en faire un masque, je pourrais peindre en noir et blanc. Mais il ne faudrait pas déborder du tout, avoir la main sûre et une grande patience ! Le mode incrustation appliqué au pinceau permet d’aller bien plus vite et plus proprement surtout.

Modes de fusion incrustation et lumière tamisée
Les modes de fusion modifient la façon dont deux calques interagissent en comparant les valeurs RVB des deux calques pixel par pixel et en effectuant un calcul.
Les deux modes de fusion incrustation et lumière tamisée appartiennent à la catégorie des modes de fusion qui contrastent une image : les tons clairs sont éclaircis, les tons sombres assombris. Tons clairs et tons sombres sont définis par rapport au gris moyen, qui est neutre. La valeur RVB du gris moyen est de 128,128,128, ou encore de luminosité 50% avec une saturation de 0 (peu importe la teinte). On peut aussi l’écrire #808080 en bas du panneau des couleurs pour le sélectionner.
Les formules sont un peu différentes pour ces deux modes de fusion mais ce qu’il faut retenir en pratique, c’est que le mode lumière tamisée est plus doux que le mode incrustation. Avec le mode lumière tamisée on n’arrive jamais au noir ou au blanc pur.
Ces deux modes sont parmi les plus utiles pour le photographe. On peut les utiliser pour modifier les couleurs, la luminosité. Sur une image en noir et blanc, et comme ici sur un masque, on les utilise en peignant en noir pur ou en blanc pur.
Ci-contre, sur un fond de dégradé, j’ai peint 3 fois 3 bandes. Les 3 premières avec un pinceau noir, les 3 suivantes avec un pinceau gris moyen, les 3 dernières avec du blanc. Et dans chaque groupe, le mode de fusion du pinceau est sur normal (bandes 1, 3, 7), ou incrustation (2, 5, 8), ou lumière tamisée (3, 6, 9).
Quand je peins avec un pinceau noir en mode incrustation ou lumière tamisée, tout pixel du gradient du dessous plus sombre que 50% est assombri. Mais plus le fond est clair, moins le pinceau dépose dépose de peinture (noire). Dans les zones les plus claires un pinceau noir pur, ne change pas du tout les pixels du dessous. Et inversement si on peint avec un pinceau blanc. Si on peint avec un pinceau gris 50% en mode lumière tamisée ou incrustation, il ne se passe strictement rien.

Un mode de fusion peut s’appliquer à un calque, mais aussi à des outils comme le pinceau ou le tampon. Mais attention, il y a quelques subtilités dans le mode de fonctionnement : le résultat de la fusion est calculé en fonction des pixels présents sur le calque sur lequel on peint. C’est important à retenir car si on ajoute un calque vide et qu’on peint dessus, quelque soit le mode de fusion du pinceau choisi, il peint toujours en mode normal ! De même, si on peint sur un calque de pixels comportant des zones transparentes, le pinceau sera toujours en mode normal sur ces zones. Par conséquent, on ne peut peindre avec un mode de fusion que sur une image pixellisée non vide.
Pour sélectionner automatiquement noir et blanc dans le sélecteur de couleur, il suffit d’appuyer sur la touche D (couleurs par Défaut) du clavier, et pour inverser les couleurs de premier et second plans, donc passer du noir au blanc et inversement, il suffit d’appuyer sur la touche X. Et on s’en sert beaucoup beaucoup !
Comme on est également souvent amené à modifier la dureté et le diamètre du pinceau, les raccourci alt + clic droit tiré horizontalement ou verticalement sont indispensables. (alt= option sur mac).
Pinceau en mode incrustation
Pour contraster la couche vert-copie, on va utiliser les propriétés du pinceau en mode incrustation pour peindre en noir sur les tons sombres sans affecter les tons clairs.
Je zoome assez fortement pour vérifier que je conserve les détails. Ci-dessous notamment, je veux garder la transparence de ce clocheton.
En plus du mode de fusion, on peut bien entendu choisir également la forme, la taille du pinceau. Cependant, pour pouvoir peindre du noir pur ou du blanc pur, si on utilise un stylet et une tablette, je conseille de décocher les options qui font dépendre l’opacité et la taille du pinceau de l’appui sur le stylet.



Le pinceau est donc réglé en mode incrustation, son opacité est à 100% et le flux est assez élevé, de l’ordre de 60-70%. Dans l’exemple ci-dessus, je donne un unique coup de pinceau au centre du clocheton. On voit que les parties sombres ont été assombries mais que le ciel a été protégé.
Les zones les plus délicates sont bien entendu celles ou le contraste est faible. Quand la zone autour du sujet n’est pas complètement blanche, ce qui est souvent le cas, le pinceau dans ce cas assombrit le sujet mais assombrit également légèrement la zone autour. Plus cette zone est proche du gris moyen, plus elle sera affectée. Dans ce cas, il faut inverser les couleurs du pinceau (touche X) et peindre en blanc. En pratique, on alterne entre la peinture blanche et la noire pour contraster de plus en plus une zone jusqu’à obtenir du noir pur et du blanc pur.
Dans l’exemple ci-dessous, pour obtenir un noir bien noir sur le château, y compris sur les détails en bordure des toits, j’ai donné plusieurs coups de pinceau noir. Les pixels autour qui n’étaient pas parfaitement blancs ont été légèrement assombris à chaque coup de pinceau. En inversant la couleur du pinceau, on rétablit facilement la situation.




Dans certaines zones, il vaut mieux travailler plus doucement. C’est le cas par exemple sur le reflet dans l’eau : la transition est moins nette et il n’est pas souhaitable d’obtenir un contraste maximum qui créerait des cassures ensuite, par exemple si on modifie la couleur ou la luminosité du ciel et donc du reflet. De même sur le haut des arbres.
Dans cette situation, le mode de fusion lumière tamisée est préférable. On peut l’utiliser avec un pinceau large avec une dureté minimum, un flux plus faible et utiliser le bord du pinceau plutot que le centre pour peindre.
Il est parfois plus facile de peindre en réactivant la couche RVB. On est alors en mode masque et cela permet de mieux visualiser les zones oubliées.

Transformer la couche en masque

De proche en proche on peut ainsi créer un masque bien plus propre que ce qu’on pourrait obtenir avec les sélections automatiques.
Pour utiliser cette couche comme un masque, par exemple sur une courbe, il faut créer la courbe avec un masque blanc, sélectionner le masque et aller dans le menu image > appliquer une image. Dans la fenêtre qui s’ouvre, on sélectionne la couche vert-copie (on peut la renommer !). Par défaut, l’opération est en mode produit : photoshop multiplie les valeursdes pixels de la couche vert copie avec ceux du masque blanc. Comme blanc = 1, cela ne modifie pas les valeurs de la couche vert-copie. On pourrait tout aussi bien choisir le mode normal.
On peut à ce stade inverser le masque si nécessaire en cochant la case inverser. On peut aussi le faire par la suite en sélectionnant le masque puis ctrl I.

Conclusion
Cet article illustre une façon de créer un masque à partir d’une couche et avec un pinceau en mode incrustation ou lumière tamisée.
Mais il est rare que dans photoshop on utilise une seule technique. Pour simplifier le travail, on peut aussi parfaitement partir d’une sélection faite par l’IA (ciel, sujet, objet), la convertir en masque et travailler ensuite ce masque pour l’améliorer. En effet un masque se trouve sous forme de couche dans le panneau de couche et on peut tout à fait l’améliorer avec la méthode décrite dans cet article si la sélection initiale est plus pertinente qu’une sélection basée sur une des 3 couches R, V ou B.