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Exposition à droite

L’exposition à droite, ou ETTR en anglais pour exposure to the right, se réfère au fait de surexposer volontairement une photo à la prise de vue, de sorte que l’histogramme ne soit pas centré mais décalé vers la droite

Quel est l’intérêt de faire ça ?

Voyons d’abord les inconvénients : il y en a essentiellement 3

– A la prise de vue, même lorsque l’on prend ses clichés en raw, l’histogramme affiché par le boitier est celui du jpeg qui sert à la visualisation (ne pas oublier que le raw est un fichier composé de 0 et de 1, illisible tel quel et le boitier fait une traduction temporaire permettant de voir ce que l’on prend). Cet histogramme n’est pas exact, notamment dans les plus hautes et basses lumières, le raw enregistrant plus de valeurs que le jpeg ne peut en restituer.
– En surexposant à la prise de vue, l’image affichée sur l’écran est.. surexposée et il est moins aisé de vérifier la photo (cadrage, netteté…).
– Exposer à droite signifie que l’histogramme est décalé vers la droite (le pic n’est donc pas au centre) MAIS il ne doit PAS être collé au bord droit ! Quand c’est le cas, cela signifie qu’il y a des zones cramées dans la photo, c’est à dire des zones dans lesquelles il n’y a plus aucun détail récupérable au développement. La difficulté de l’exposition à droite vient donc du fait qu’il faut surexposer sans exagérer et le dosage n’est pas toujours évident.

Quels sont les avantages ?

– Pour un capteur en 12 bits, il y a 4096 niveaux d’exposition enregistrables par couche. Le principe de base c’est que plus on expose, plus on capte de photons et plus le raw contient d’informations.
– Si on divise l’histogramme en 10 zones, contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas 50 % des informations contenues dans la moitié droite de l’histogramme et 50 % dans la moitié gauche. Les 10% les plus à droite, la zone des très hautes lumières, contient 50% des informations. Inversement, dans les 10% les plus à gauche, il n’y a que 0.1% de l’info qui est enregistrée.
Il est donc essentiel d’exposer jusqu’à la zone la plus à droite pour ne pas perdre 50% des informations que l’on peut enregistrer.
– Plus on capture d’informations dans les très basses lumières, plus on a de détails et moins on a besoin au développement de remonter l’exposition dans cette zone. Quand on augmente l’exposition dans les tons sombres, cela génère du bruit.

Le débat…

Dans les premières années de la photo numérique, dès 400 iso il y avait un bruit numérique très gênant. Les choses ont beaucoup évolué depuis. Rappelons que la sensibilité ISO n’a rien à voir avec l’exposition. Augmenter la sensibilité ISO n’augmente pas la quantité de photons capturés. C’est un traitement du boitier qui amplifie le signal reçu. Dans les mêmes conditions de lumière, avec la même ouverture du diaph, si on expose au 1/125° de secondes à 100 iso, on expose au 1/250° à 200 iso pour avoir la même expo. En quelque sorte, augmenter les iso c’est forcer le boitier à sous exposer pour qu’il puisse ensuite rétablir la situation en amplifiant le signal ! Avec les capteurs modernes, on peut monter les iso tout en gardant un bruit tout à fait acceptable. Cela montre la capacité des capteurs actuels à gérer une très forte sous exposition. Cet argument est retenu par ceux qui disent qu’aujourd’hui il ne sert à rien d’exposer à droite, au risque de couper les hautes lumières, et qu’il vaut mieux exposer « normalement » (c’est-à-dire avec un histogramme centré) et augmenter le signal au développement.

Faisons le test !

Cette orchidée a été photographiée avec un fuji XT4 à 160 iso (iso natif), f8.
La photo de gauche a été prise à l’exposition nominale (histogramme centré).
Celle du milieu a été surexposée de 2IL à la prise de vue et une correction de -2IL a été appliquée au développement. Inversement, celle de droite a été sous exposée de 2IL à la prise de vue puis une correction de +2IL a été appliquée au développement.
Un profil linéaire a été utilisé pour les 3 photos et aucune correction autre que l’exposition a été appliquée.
Les photos sont ici à un grossissement de 300%. Normalement on évalue le bruit à 100%
Ce n’est pas très évident de voir le résultat après compression jpeg mais il y a nettement plus de bruit dans la photo de droite. L’exposition à droite est un peu meilleure mais la différence avec l’exposition nominale sans correction au développement n’est pas majeure.

Conclusion (de l’auteur !)

En studio, dans des conditions de lumière stables, contrôlées, mesurables et mesurées, pour obtenir la meilleure qualité possible, il faut privilégier de travailler aux iso natifs du boitier (64, 100, 160 suivant la marque) et d’exposer le plus à droite possible, sans cramer les blancs bien entendu. C’est dans ces conditions qu’on obtiendra la meilleure qualité. De même si on est sur le terrain sur pied pour photographier un paysage et qu’on peut allonger le temps de pose en restant à l’iso natif du boitier.

Mais sur le terrain, et plus encore dans des situations où il faut agir rapidement, ou bien lorsque la lumière est changeante ou faible, il peut être difficile de trouver les bons paramètres pour exposer à droite sans cramer les hautes lumières et sans augmenter le temps de pose et le risque de flou de bougé. Dans ces conditions, je privilégie pour ma part le fait de ne PAS cramer les hautes lumières, quitte à devoir remonter les tons sombres au développement et à utiliser un outil de débruitage (lightroom, DXO, Topaze denoise…). J’aime bien les nuages avec des détails !

Chacun se fera son opinion… en fonction des circonstances !